Au Vietnam, “l’Amérique d’abord” de Trump contre la mondialisation “irréversible” de Xi

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“L’Amérique d’abord”: le président américain Donald Trump a martelé vendredi au Vietnam son slogan de campagne, assurant que les Etats-Unis “ne toléreraient plus” les échanges inéquitables.

Arrivé à la mi-journée dans la ville côtière de Danang pour le sommet annuel des pays du forum de l’Asie-Pacifique (Apec), M. Trump a assuré qu’il ne laisserait “plus les Etats-Unis se faire abuser”.

“Nous ne pouvons plus tolérer les abus commerciaux chroniques”, a-t-il affirmé dans un discours de dénonciation qui ne comportait cependant aucune proposition ou initiative nouvelle.

“Je mettrai toujours l’Amérique d’abord de la même manière que j’espère que vous tous dans cette pièce donnerez la priorité à vos pays respectifs”, a-t-il ajouté, reprenant un formule qu’il avait déjà utilisée à la tribune des Nations unies en septembre.

Le président américain était très attendu dans la région par des dirigeants encore sous le choc du retrait abrupt des Etats-Unis de l’accord de libre-échange Asie-Pacifique (TPP), décidé par Donald Trump trois jours seulement après son arrivée à la Maison Blanche.

Face à ces derniers, il a défendu bec et ongle sa décision, martelant que l’Amérique ne signerait plus de “grands accords qui lui lient les mains et l’obligent à renoncer à sa souveraineté”.

Xi monte au créneau

Vu comme un contrepoids à l’influence grandissante de la Chine, ce traité a été signé en 2015 après d’âpres négociations par 12 pays d’Asie-Pacifique représentant 40% de l’économie mondiale.

Emmenés par le Japon, les ministres de l’Economie des onze pays restants mènent depuis jeudi de grandes négociations, espérant conclure un nouveau TPP sans Washington.

Mais les négociations n’ont pour l’instant pas abouti, le retrait des Etats-Unis, poids considérable, obligeant les pays à rebattre toutes les cartes.

Quelques minutes après Donald Trump, c’est le président chinois Xi Jiping qui est monté sur l’estrade pour livrer une vision du monde très différente.

La mondialisation est une “tendance historique irréversible”, a-t-il lancé.

Les échanges doivent être repensés pour être “plus ouverts, plus équilibrés, plus équitables et bénéfiques pour tous”, a-t-il expliqué, se posant en nouveau champion du libre-échange.

“Nous devrions soutenir le libre-échange et pratiquer un régionalisme ouvert pour permettre aux pays en développement de tirer davantage profit du commerce et des investissements internationaux”, a poursuivi le président chinois.

Sorti renforcé du dernier congrès du Parti communiste, Xi Jinping est vu comme le dirigeant le plus fort depuis des décennies, à la tête d’un pays qui se voit en puissance montante à même d’ébranler la domination américaine.

La Chine a d’ailleurs annoncé vendredi élargir l’accès des entreprises étrangères à son secteur financier, mettant fin à des restrictions vivement critiquées par les partenaires de Pékin.

Pas de rencontre Trump-Poutine

Mais en dehors des dossiers économiques, le président américain a souhaité l’unité avec ses alliés jugeant que l’Asie ne pouvait être prise en otage par le régime nord-coréen.

“L’avenir de cette région et de ses merveilleux habitants ne peut être pris en otage par les fantasmes de conquête violente d’un dictateur et par le chantage nucléaire”, a-t-il déclaré.

Mais il n’y aura finalement pas de rencontre entre Vladimir Poutine et Donald Trump, contrairement à ce qui avait été évoqué par les deux pays.

“Aucune rencontre n’a jamais été confirmée, et il n’y en aura pas en raison de problèmes d’agenda des deux côtés”, a déclaré Sarah Sanders, porte-parole de la Maison Blanche, précisant cependant qu’il était probable que les deux dirigeants se croisent en marge du sommet.

A Pékin, au côté de son homologue chinois, Trump avait jeudi de nouveau appelé Moscou à augmenter la pression sur le régime de Pyongyang pour aider à résoudre “cette situation potentiellement dramatique”.

Le Premier ministre malaisien, Najib Razak, dont le pays fait partie des nations qui discutent d’un TPP à onze, a déploré le changement de “ton” sur la mondialisation.

“Je vois la montée de l’antimondialisation, je vois la montée de nations qui sont davantage tournées sur elles-mêmes… il y a beaucoup de remise en question pendant ce sommet”, a-t-il lancé.

Alors que les Etats-Unis se replient derrière le “nationalisme économique”, la Chine va faire un pas en avant, estime l’analyste Ian Bremmer du cabinet Eurasia Group.

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