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Airbnb ou l’économie de la prédation

Airbnb, le site qui permet aux particuliers de mettre en location des chambres dont ils ne font pas usage, connait un grand succès à l’étranger et en Belgique. Cependant, les particuliers qui l’utilisent ne se rendent pas compte qu’ils créent du chômage et que le modèle économique d’Airbnb n’a rien à voir avec le libéralisme économique, mais plutôt avec une économie de la prédation.

La fin des vacances approche tout doucement et il est clair que de nombreux Belges sont partis à l’étranger en utilisant les services de la plateforme Airbnb pour se loger. Mais, il n’y a pas qu’à l’étranger qu’Airbnb a du succès, en Belgique, le site fonctionne pas mal non plus.

Une enquête de nos confrères du journal De Tijd démontre que la tempête Airbnb souffle également sur nos villes. Que ce soit à Bruxelles, Liège ou Bruges, nos compatriotes n’hésitent pas à louer une partie de leurs biens à des touristes ou hommes d’affaires de passage en Belgique.

Marginale au départ, cette tendance à utiliser les services d’Airbnb aurait rapporté 77 millions d’euros par an aux loueurs belges. La moitié de ce montant aurait été réalisée à Bruxelles. Inutile de vous dire que cette concurrence des particuliers n’enchante pas les hôteliers de la capitale. La raison : Airbnb ne crée aucun emploi en Belgique et souvent ne paie aucun ou quasi aucun impôt dans notre pays.

Les chiffres disponibles pour la France, qui est pourtant un marché nettement plus grand que la Belgique, démontrent qu’en 2016, Airbnb a royalement payé 92.000 euros d’impôts.

Comme le faisait remarquer Natacha Polony, chroniqueuse au Figaro : 92.000 euros d’impôts, c’est l’équivalent de ce que paient huit professeurs agrégés en fin de carrière ! Autrement dit, ces huit personnes contribuent autant par leurs impôts qu’une multinationale du web comme l’est Airbnb.

Si Airbnb a une image sympathique auprès des clients et des utilisateurs, c’est parce que le site propose une manière sympathique de se faire un peu d’argent de côté. Après tout, quel mal y-a-t-il à permettre à des propriétaires qui disposent d’une ou plusieurs chambres de libres de les louer contre un peu d’argent ? Le problème survient quand l’activité devient un véritable business récurrent.

Le modèle d’Airbnb s’apparente plutôt à une économie de la prédation, vu qu’il est totalement déloyal à l’égard des hôtels.

Dans l’enquête réalisée par De Tijd, on compte à Bruxelles un bien Airbnb pour six chambres d’hôtel. Visiblement, une bonne partie de ces chambres est le fait non pas de particuliers en recherche de revenus d’appoint, mais de vrais professionnels dont le métier principal est de louer plusieurs appartements via le site.

Le problème, c’est qu’Airbnb ne paie pas de charges, pas d’impôts ou presque, et qu’en réalité, il détruit de l’emploi dans l’hôtellerie. Les particuliers qui louent leurs biens pour arrondir leurs fins de mois ne se rendent donc pas compte qu’ils créent en réalité du chômage ! Ce manque à gagner se verra plus tard sur leur fiche de paie, sur le manque de financement des infrastructures publiques, car Airbnb gagne des millions d’euros, mais n’en reverse quasi pas à la collectivité.

Loin de l’image d’Epinal qui consiste à dire que nous sommes entrés dans une nouvelle économie de partage, le modèle Airbnb s’apparente plutôt à une économie de la prédation, vu qu’il est totalement déloyal à l’égard des hôtels. Sans compter qu’Airbnb encourage la spéculation immobilière comme on l’a également vu à Barcelone.

Voilà pourquoi certaines autorités communales en Belgique, mais aussi à l’étranger demandent aux loueurs de biens de s’enregistrer et de ne pas louer leurs biens plus que 30 ou 60 jours par exemple. A ceux qui n’écoutent pas, l’administration fiscale se chargera de les rappeler à l’ordre via des contrôles fiscaux. En tout cas, c’est ce qui se mijote selon le SPF Finances, autant le savoir et s’y préparer.

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