Accord sur un stockage souterrain du CO2 en Wallonie

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La possibilité de stocker du CO2 dans des couches très profondes du sous-sol wallon a été approuvée à l’unanimité mardi en commission du parlement wallon, même si la perspective de recourir à ce procédé de gestion des gaz à effet de serre (GES) reste très hypothétique vu l’absence de nécessité immédiate et les contraintes en tous genres.

La question était posée par une directive européenne, qui laissait le choix aux Etats: souhaitez-vous autoriser la capture du CO2 émis par les grandes industries (centrales électriques, cimenterie, sidérurgie, etc) afin de le compresser, le transporter et l’injecter en profondeur dans les strates géologiques adéquates ? L’Union européenne estime en effet qu’il faudra recourir à cette technique pour atteindre les objectifs de réduction des GES à l’horizon 2050.

La Wallonie s’apprête à répondre positivement à la question, selon un projet de décret du ministre de l’Environnement Philippe Henry qui encadre strictement la technique. C’est la Région en effet qui gardera la main, en imposant un permis d’exploration et un permis de stockage. Des conditions de surveillance des sites en activité (risques de fuites), une procédure rigoureuse lors de la fermeture et une surveillance de trente ans “post-fermeture”, couverte par les finances de l’exploitant, n’encourageront pas le développement du procédé.

Si la Wallonie s’apprête toutefois à accepter l’hypothèse – tout comme la Flandre l’a déjà fait, mais pas Bruxelles pour des raisons urbaines évidentes -, c’est pour éviter de “se mettre hors jeu” si un jour lointain, le besoin de recourir à cette technique se faisait sentir.

Le ministre Henry (Ecolo) a toutefois énuméré les nombreuses raisons pour lesquelles la Wallonie “n’est certainement pas l’endroit privilégié” en Europe pour le stockage souterrain de CO2.

Cette option ne serait envisageable que si l’Europe souhaite aller jusqu’à 80% de réduction des GES d’ici 2050 ; elle n’est donc pas “la première mesure à prendre” par rapport notamment à une réduction des émissions à la source. Le frein économique serait réel aussi, puisque actuellement la tonne de CO2 évitée se négocie à 60 euros tandis que le cours du CO2 est de 5 euros la tonne.

Le stockage du dioxyde de carbone serait lui-même très énergivore, et ses capacités incertaines. Il entrerait en outre en concurrence avec la nécessité de préserver des réserves stratégiques de houille ou de grisou en cas de crise énergétique, mais aussi avec le développement de la géothermie profonde.

Enfin, la complexité géologique de la Wallonie et les contraintes d’aménagement du territoire finissent de rendre cette perspective fort improbable.

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