Accord sur le nucléaire iranien: “La plus grande ouverture depuis la chute de l’Union soviétique”

© Belga - Qian Yi

L’accord historique sur le nucléaire iranien devrait ouvrir un des derniers grands marchés encore verrouillés. Premiers candidats : les industries aéronautique et automobile.

L’accord iranien pourrait être au moins aussi important, si pas davantage, que le deal grec péniblement négocié lundi matin. L’Iran est la deuxième économie du Moyen Orient derrière l’Arabie Saoudite, le premier producteur de voitures de la région. Il compte presque autant d’habitants que l’Allemagne (presque 80 millions) et sa production pétrolière en fait un état potentiellement riche. Le pays est handicapé par l’embargo qui le frappe, notamment en raison de ses activités dans le nucléaire. Les sanctions votées à l’ONU en 2007 freinent les relations financières. L’accord conclu ce 14 juillet entre 6 pays, dont les USA, et l’Iran, au sujet du contrôle des développements des activités nucléaires, devrait mettre fin à cet embargo.

La plus grande ouverture depuis la chute de l’Union soviétique

La sortie de l’Iran de son isolement pourrait en faire l’ouverture la plus significative d’une économie depuis la chute de l’Union soviétique ou le rapprochement des Etats-Unis avec la Chine” a déclaré, au Financial Times, Shahin Shamsabadi, consultant du Risk Advisory Group, qui conseille les entreprises qui s’intéressent aux pays émergents.

Parmi les marchés les plus immédiats figure, en bonne place, l’aérien : les compagnies iraniennes pourraient acheter plus de 400 avions ces dix prochaines années. L’embargo interdit jusqu’à présent à Boeing ou Airbus de vendre de nouveaux modèles, les 15 compagnies que comptent le pays utilisent des avions plutôt âgés, de 20 ans en moyenne. Iran Air dispose encore des Boeing 747 SP livrés dans les années 70′.

L’appétit de Renault

La production automobile pourrait aussi connaître une renaissance. Le pays produit environ un million de véhicules par an, mais l’embargo limite la quantité assemblée et la modernisation du secteur. Renault, qui avait déjà négocié la production de modèles, avait dû réduire considérablement ses activités, en raison des freins occasionnés par l’embargo, notamment sur les relations bancaires. Le constructeur français attend la fin des sanctions pour relancer ses relations.

Le pays a les atouts et les ressources potentielles d’un état pétrolier qui détient une des premières réserves de pétrole et de gaz au monde. Il produit selon l’OPEP 3,1 millions de barils par jour, mais pourrait aisément augmenter le niveau qui est freiné par l’embargo. L’économie est toutefois plus diversifiée que celles des autres pays pétroliers de la région, comme l’Arabie Saoudite. Elle compte une industrie et une agriculture (notamment la culture des pistaches), et un marché boursier embryonnaire, mais actif, avec 316 entreprises cotées, qui pèseraient plus de 100 milliards de dollars de capitalisation. Les exportations de pétroles ne pèsent que 13% du PIB, contre 37% pour l’Arabie Saoudite. Le pays devrait aussi intéresser toutes les chaines internationales de magasins ou de restaurants.

Une économie encore très étatisée

Il reste toutefois plusieurs étapes à franchir. L’embargo doit être formellement levé. Le pays devrait aussi s’ouvrir davantage à l’économie de marché, ce qui commence à être le cas avec le plan de développement 2011-2015 en cours. Le pays connait une économie largement étatisée, avec des entreprises publiques dans l’industrie et la finance. Le PIB reste modeste : selon la Banque Mondiale, il dépasse à peine les 400 milliards de dollars (100 de moins que la Belgique !), mais il est inhibé par l’embargo.

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