30% des entreprises bruxelloises envisagent une délocalisation

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Trente pour cent des entreprises bruxelloises envisagent à terme une délocalisation vers la Wallonie, la Flandre ou l’étranger, s’inquiète Brussels Enterprises Commerce and Industry (Beci), qui a présenté vendredi son mémorandum à l’occasion des prochaines élections.

L’institution qui regroupe la Chambre de Commerce et d’Industrie et l’Union des Entreprises de Bruxelles est également préoccupée par le décrochage et l’inadéquation entre l’offre et la demande en matière d’emploi et d’enseignement. La croissance et les investissements sont en berne dans la Région de Bruxelles-Capitale, souligne Beci. La fiscalité locale à Bruxelles est 28 à 38% plus élevée que dans les communes des provinces voisines, et le coût du travail est 5 à 20% plus cher que dans les pays limitrophes, selon les secteurs.

Pour relancer l’économie bruxelloise, Beci a formulé trois recommandations: une politique de spécialisation économique et de ‘clustering’, une harmonisation de la fiscalité communale, notamment via un élargissement du fonds régional de compensation fiscale, et une réduction structurelle des charges patronales de 33 à 25%, en commençant par une réduction des charges sur les dix premiers emplois.

Beci a également constaté une grande vulnérabilité des PME, “le coeur économique de la région”, qui ont enregistré 2.666 faillites en 2013, soit 15% de plus qu’en 2012 et 80% de plus qu’en 2007. Plus d’un quart des PME présentent un risque élevé de faillite et un faible potentiel de croissance.

Les propositions en la matière sont l’introduction de “chèques d’accompagnement” pour aider les entrepreneurs à se développer et à faire face aux obligations liées au métier, l’encouragement de prêts “win-win” pour stimuler l’investissement et éviter la sous-capitalisation des entreprises, et de rassembler les différents subsides pour en simplifier la promotion.

Bruxelles est la ville la plus créatrice d’emplois, mais le taux de chômage y est toujours proche de 20% et fortement lié au niveau de qualification, constate Beci. Le taux de chômage atteint ainsi 9% chez les personnes hautement qualifiées, 21% chez les moyennement qualifiées et plus de 29% chez les peu ou non qualifiées. Dix-neuf pour cent des jeunes Bruxellois sont sans diplôme et ne suivent aucune formation, déplore-t-on. Au total, deux tiers des demandeurs d’emploi bruxellois n’ont pas de diplôme alors que seul 8% de l’emploi offert requiert du personnel peu qualifié.

Beci recommande en conséquence un plan de l’enseignement bruxellois pour plus de bilinguisme, davantage de lien entre l’enseignement technique et la filière générale, et une systématisation des stages d’immersion en entreprise et de la formation en alternance à tous les niveaux de l’enseignement secondaire et supérieur. Globalement, les étudiants et demandeurs d’emploi doivent être mieux orientés vers des métiers d’avenir, estime-t-on.

En matière de mobilité, principale priorité des entreprises bruxelloises et considérée comme un frein à leur activité par 55% d’entre elles, Beci relève que l’offre est aujourd’hui saturée et qu’une hausse des déplacements de 22% est prévue d’ici 2030. La Région de Bruxelles-Capitale est 28% plus engorgée que d’autres villes européennes comparables, avec 87,7 heures perdues par usager et par an, pour 50,3 à Hambourg ou 27,8 à Barcelone, regrette-t-on. Le Belge roule en moyenne 23% de plus qu’un Néerlandais et 19% de plus qu’un Français. Les bouchons et la pollution génèrent un coût sociétal évalué à 511 millions d’euros, soit environ 0,75% du PIB bruxellois.

Le RER ne peut attendre 2025, selon Beci, qui recommande de déjà mettre en route les lignes terminées vers Malines, Louvain et Hal. Un Réseau Express Bruxellois (REB) pourrait par ailleurs apporter une solution compétitive pour de nombreuses zones peu desservies par les trams et métros, estime-t-on.

En ce qui concerne l’environnement, dont les obligations sont la première charge administrative des entreprises, Beci recommande davantage de maîtrise des coûts de l’énergie et d’encouragement des entreprises à pratiquer une économie circulaire, tout en assurant la sécurité juridique en évitant de bouleverser les obligations légales sans coordination entre les Régions.

Enfin, en matière de gouvernance, le président de Beci Thierry Willemarck souligne que “la 6e réforme de l’Etat change définitivement la donne à Bruxelles. La Région doit se réorganiser rapidement, viser les économies d’échelles pour ne pas alourdir ses coûts de fonctionnement, et impérativement coordonner ses actions avec les deux autres Régions, notamment au sein de la Communauté urbaine”.

Le mémorandum a été réalisé à l’issue d’une consultation de plus de 1.500 experts, cadres et dirigeants d’entreprises, indépendants et professions libérales.

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