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11 % des travailleurs se sont sentis discriminés en 2013

Depuis le 1er septembre 2014, la nouvelle législation relative aux risques psychosociaux sur le lieu du travail est d’application. À partir de cette date, les procédures relatives à l’intervention psychosociale en cas de dommage psychique sur lequel l’employeur a un impact seront élargies : elles ne s’appliqueront plus uniquement au harcèlement moral et sexuel et aux agressions sur le lieu de travail, mais porteront désormais aussi sur le stress et le burn-out. Par conséquent, la personne de confiance et le conseiller en prévention voient leur terrain de travail s’étendre.

Ce faisant, la législation relative à la santé au travail entre définitivement dans le domaine des soins de santé psychologiques et abandonne le caractère répressif. Le législateur admet donc qu’il y a un problème.

Un sujet de moins en moins tabou

Notre étude montre que 11 % des travailleurs belges se sont sentis discriminés en 2013 : 10 % se sont sentis victimes de harcèlement moral, 1,4 % de harcèlement sexuel, et pas moins de 16 % d’agressions au travail, soit plus du double comparativement à 2012 et ce, essentiellement dans le secteur tertiaire.

Il n’y a pas si longtemps, les personnes qui souffraient de stress et de burn-out étaient considérées comme faibles. Le problème était également passé sous silence dans la plupart des cas. L’avantage de la nouvelle législation est que le thème de la charge psychosociale est défini au sens large et de manière non répressive. Elle permet aux employés et aux employeurs de chercher ensemble des solutions et contribue à aborder librement un problème qui existe et qui dépasse le contexte professionnel.

Le rôle de l’employeur dans la prévention

A cette nouvelles législation, les employeurs pourraient argumenter en affirmant que la charge psychosociale n’est pas uniquement liée au travail car il y a un lien entre la vie familiale et professionnelle. Cela signifie-t-il pour autant que l’employeur ne doit prendre aucune responsabilité ?

Les entreprises ont déjà la possibilité de mettre en place des initiatives préventives telles que : des analyses de risques et des formations visant à renforcer la capacité des travailleurs à se défendre en toutes circonstances et à apprendre à détecter les problèmes de leurs collègues. Dans de nombreuses sociétés, les cadres dirigeants, les professionnels des ressources humaines, les personnes de confiance, les médecins du travail et les psychologues externes peuvent être contactés pour résoudre les problèmes éventuels, même en cas d’incidents critiques dans la sphère privée.

Nous devons aller plus loin

Je crains que la sensibilisation, la prévention et les interventions curatives ne suffisent pas pour résoudre totalement le problème. Nous devons aller plus loin. Les employeurs proposent un cadre dans lequel les gens peuvent s’épanouir, cela implique que le travail doit être une source de santé, de développement des compétences et d’engagement. Le travail contribue considérablement au bien-être et au bonheur. Il est à la base de l’employabilité durable, mais les gens ne sont pas des robots qui fonctionnent tous de la même manière.

Des solutions sur mesure

Cela implique qu’un employeur doive penser davantage à des solutions sur mesure, qui permettent aux gens de travailler plus longtemps, tout en retirant une satisfaction. Certes, l’offre d’un tel cadre de travail, avec un accompagnement adapté, ne résoudra pas le problème des clients agressifs par exemple, mais elle renforcera la capacité des gens à pouvoir les gérer. Certes, les formes de travail flexibles n’allègeront pas la pression des obligations familiales, mais elles offriront des possibilités d’amélioration. Il y a quelque chose à faire dans chaque environnement de travail. Et comme toujours, il s’agit de pouvoir prendre et donner, et de responsabilités partagées.

Objectif : continuer à travailler

Pour terminer, n’oublions pas que 14 % des Belges souffrent d’un trouble psychologique. En 2013, l’OCDE a invité notre pays à travailler sur une méthode visant à mettre ces personnes au travail et à les intégrer. Ici encore, les employeurs ont un rôle essentiel à jouer. En effet, en créant un cadre où l’on peut davantage travailler sur mesure, on évite que les gens soient malades et d’autre part, on permet aux gens qui souffrent d’un trouble psychologique de garder leur travail. Faut-il partir du principe que la société, et donc chacun de nous, doit assumer le financement d’une solidarité qui favorise la passivité ? En travaillant sur un emploi sain sur mesure, nous favorisons l’employabilité durable, mais nous contribuons également à l’amélioration de la compétitivité sur le marché du travail et de l’économie. La boucle est ainsi bouclée.

David Ducheyne

Chief People Officer Securex

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