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“Peuple” contre “pouvoir” : un clivage en trompe-l’½il !

Le vrai clivage s’opérera entre les générations. Que ce soit en Grèce, au Portugal, en Espagne ou, dans une moindre mesure, dans d’autres pays d’Europe, les moins de 25 ans sont littéralement pris dans une sorte de piège historique…

Les mesures d’austérité prises par la Grèce, le Portugal, l’Espagne ont souvent pour effet de mettre le peuple en colère. D’où ces manifestations régulières où vous voyez au coude-à-coude des salariés du privé, des fonctionnaires, des pensionnés, des chômeurs et des étudiants. Ce coude-à-coude est normal puisque les mesures d’austérité frappent à peu près tout le monde, d’où ce sentiment de clivage entre le “peuple” d’un côté et le “pouvoir” de l’autre.

En réalité, ce clivage est un trompe-l’oeil, nous dit le journal économique français Les Echos. Le vrai clivage s’opérera entre les générations. Que ce soit en Grèce, au Portugal, en Espagne ou, dans une moindre mesure, dans d’autres pays d’Europe, les moins de 25 ans sont littéralement pris dans une sorte de piège historique. Un piège dressé, collectivement et inconsciemment, par leurs aînés… ceux avec lesquels ils manifestent au coude-à-coude !

L’histoire le montre : après chaque récession, les nouveaux arrivants sur le marché de l’emploi – les jeunes, donc – sont toujours défavorisés par rapport aux adultes, que ce soit pour trouver un emploi ou en termes de salaires. L’écart des taux de chômage entre ceux qui ont moins de 25 ans et les adultes n’a jamais été aussi fort. Een Espagne, le taux de chômage des jeunes est de 44 %, contre 20 % pour les adultes. En Grèce, le taux de chômage des jeunes est de 36 %, contre 12 % pour les adultes !

Quand Les Echos nous disent que ce sont les aînés qui ont armé les deux ressorts du piège, ils visent en réalité les dettes publiques accumulées pendant des décennies pour l’unique confort des générations au pouvoir, ainsi que la croissance future, hypothéquée en raison de la mauvaise gestion des générations précédentes. En Grèce, la fonction publique est pléthorique et inefficace ; au Portugal, l’investissement éducatif est déficient ; en Espagne, la folie du privé pour l’immobilier est à l’origine d’une bulle sans précédent et d’un chômage colossal.

Ce piège anti-jeunes a, hélas, été bouclé par un double cadenas : par un marché de l’emploi qui surprotège ceux qui ont déjà un emploi au détriment de ceux qui postulent. Autrement dit, la rigidité du marché de l’emploi surprotège les adultes et défavorise les jeunes. Quand, dans un sondage, un tiers des jeunes grecs affirment qu’ils veulent quitter leur pays pour tenter leur chance ailleurs, on comprend mieux pourquoi.

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