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Petite-Bretagne

“Si vous ne réussissez pas d’emblée, effacez toutes les traces prouvant que vous avez essayé.” Ce pourrait être des propos de Gordon Brown, le Premier ministre britannique sortant, figure de proue du parti de gauche, le Labour Party. Mais ils sont de David Brent, qui n’est pas son adversaire conservateur mais bien le génial et gênant comique britannique et scénariste de The Office.

Le 6 mai se tiendront des élections en Grande-Bretagne. Le pays est frappé par une crise économique profonde, secoué par des scandales et atterré par une blessure de David Beckham. Et tandis que certains relativisent ces problèmes, une comparaison avec la Grèce n’est jamais bien loin. Oh oui, Londres peut organiser les Jeux olympiques de 2012 mais c’est un privilège que les Britanniques regrettent aujourd’hui amèrement.

“Si vous ne réussissez pas d’emblée, effacez toutes les traces prouvant que vous avez essayé.” Ce pourrait être des propos de Gordon Brown, le Premier ministre britannique sortant, figure de proue du parti de gauche, le Labour Party. Mais ils sont de David Brent, qui n’est pas son adversaire conservateur mais bien le génial et gênant comique britannique et scénariste de The Office.

Plus de charges d’intérêts que de dépenses pour l’enseignement

Le Royaume-Uni traverse la crise la plus profonde qu’il ait connue depuis la Seconde Guerre mondiale. Dans un test en aveugle, on ne voit même pas de façon très nette la différence qu’il y a avec la Grèce (voir tableau). Les dépenses publiques britanniques sont beaucoup trop élevées et après 13 ans de gouvernement travailliste, les excès classiques d’une trop longue période passée au pouvoir commencent à apparaître. Chaque jour apporte son lot de nouveaux récits d’abus et de dérives. Le Labour veut cependant poursuivre une politique keynésienne et par exemple, ne pas trop toucher aux cinq millions de fonctionnaires et à leurs règlements de pension cinq étoiles. Si le Labour gagne les élections, il voudra surtout continuer à augmenter les impôts : hausse de la TVA, des taux marginaux les plus élevés, des taxes sur les bonus, des impôts sur la fortune, etc.

La politique travailliste a été désastreuse pour l’économie. Le Royaume-Uni connaît la plus importante fuite de cerveaux de tous les pays industrialisés. La City reste le principal pilier économique du pays mais subit les effets de la crise bancaire, et de la fuite des hedge funds et des banquiers en raison de la fameuse taxe sur les bonus et autres impôts.

Aujourd’hui, pour la première fois de son histoire, le pays dépense plus d’argent en charges d’intérêts sur sa dette publique croissante qu’elle n’en consacre à son enseignement. Cela signifie qu’elle paie plus pour les erreurs du passé qu’elle n’investit dans son propre avenir. Bref, ce pays est en train de régresser : il perd son “know how to create”. Sous la houlette de Gordon Brown, la livre est devenue une drachme britannique : elle a perdu 30 % par rapport à l’euro. Ce qui, hélas, n’aide pas beaucoup l’économie d’outre-Manche parce que ce qui fut jadis la fière industrie britannique ne représente plus grand-chose de nos jours. Et c’est aussi sur ce point que le Royaume-Uni ressemble fort à la Grèce : son économie a très peu de consistance.

Le spectre de Thatcher

Ce sera un test important pour d’autres pays que de voir si le Royaume-Uni est prêt pour le changement. Le pays est aux prises avec le passé et surtout avec l’image d’un pouvoir thatchérien. C’est pourquoi les conservateurs doivent soigneusement équilibrer leur programme de “moins d’Etat” avec une politique d’allocations élevées et d’amélioration des services sociaux.

Nous pouvons être franchement heureux que les Britanniques eux-mêmes aient toujours été opposés à une entrée de leur monnaie dans l’euro. Avec le parti conservateur, cela ne devrait pas changer. Une raison de plus pour laquelle David Cameron (parti conservateur des Tories) peut gagner les élections. Le Royaume-Uni pèse huit fois plus que la Grèce. Un autre parallèle avec le pays méditerranéen en question est que Londres peut organiser – désormais, à son grand regret – les Jeux olympiques de 2012. D’ici là, le pays risque d’avoir beaucoup plus souvent la visite du FMI que celle du COI.

Réactions : trends@econopolis.be

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