Xavier Niel : de pape du Minitel rose en roi du “Monde”

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Xavier Niel, fondateur du groupe Iliad, poil à gratter des télécoms, et qui a investi dans plusieurs centaines d’entreprises, entame un nouveau défi en entrant au capital du “Monde”, le quotidien français “de référence”. Portrait.

Le conseil de surveillance du groupe Le Monde s’est prononcé lundi, par 11 voix sur 20, en faveur de l’offre déposée par le trio Bergé/Niel/Pigasse. Une nouvelle aventure pour Xavier Niel, fondateur du fournisseur d’accès Internet Free. Un homme d’affaires visionnaire et atypique qui n’a cessé d’investir dans les entreprises les plus diverses.

Né le 25 août 1967 à Créteil dans le Val-de-Marne, ce patron pas comme les autres, qui agace l’establishment des télécoms, est aujourd’hui à la tête d’une fortune évaluée à plus de 2,4 milliards d’euros. Plus à l’aise en jeans et baskets qu’en costume-cravate, peu adepte des conférences ou des dîners mondains, Xavier Niel commence sa carrière à 16 ans en concevant des services pour le Minitel, et notamment pour le Minitel rose. En 1991, il rachète une petite entreprise du secteur, Fermic Multimédia, qu’il rebaptise Iliad et diversifie. Parmi ses innovations : 3617 Annu, le premier annuaire inversé, permettant de retrouver le nom d’un abonné via son numéro de téléphone.

Deux ans plus tard, cet autodidacte lance le premier fournisseur d’accès Internet, WorldNet, qu’il revend pour 40 millions d’euros en 2000. En 2002, trois ans après avoir créé Free, Xavier Niel a l’idée de la fameuse offre Freebox : Internet haut débit, téléphone, télévision sur ADSL… le tout pour 29,99 euros. L’innovation bouscule le secteur et ses concurrents sont contraints de l’imiter. Iliad (Alice et Free), dont Niel détient 65,5 % du capital, pèse aujourd’hui 3,7 milliards d’euros. Le groupe, qui compte 5.000 employés, est la 62e entreprise française en termes de capitalisation boursière, selon Nyse Euronext.

Toujours à la recherche de nouveaux projets, Xavier Niel se lancera en 2012 dans le mobile, avec l’intention là aussi de créer une révolution : il a promis de diviser par deux la facture d’un foyer français moyen.

“Boîte à idées du groupe”, selon un proche, Xavier Niel revendique son profil de trublion. Au cours de sa vie, il a investi dans quelque 800 entreprises et il est aujourd’hui présent notamment au capital des sites de presse en ligne Bakchich.info et Mediapart, et du site de musique Deezer.

Son côté touche-à-tout lui a valu quelques ennuis. En 2004, alors qu’il a investi dans des sex-shops, il est soupçonné de “proxénétisme” et d'”abus de bien sociaux”. Mis en examen, il passe un mois en détention. Finalement lavé du premier chef, il est condamné en octobre 2006 à deux ans de prison avec sursis et 250.000 euros d’amende pour le second.

A pied d’oeuvre une quinzaine d’heures par jour, Xavier Niel, connecté quasi en permanence, gère tout par e-mail. “Lorsqu’il est vacances, c’est comme s’il était là”, note l’une de ses collaboratrices. Père de deux enfants, il a gardé sa simplicité. Comme tous les employés de Free, il partage son bureau. Très attaché à la communauté des “Freenautes”, ces aficionados de Free, il en rencontre toutes les semaines une trentaine. Histoire de garder le contact avec sa base et de ne pas oublier que l’innovation est le coeur de son succès.

L’Expansion.com

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