“Tout le monde chez AB InBev est bien payé !”

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La politique de rémunération, qu’elle concerne les directeurs ou les administrateurs d’AB InBev, a défrayé la chronique. Entré voici 34 ans aux Brasseries Artois (Interbrew), Jo Van Biesbroeck est le dernier Belge à siéger au comité exécutif du géant brassicole. Interview exclusive.

Lisez l’intégralité de cette interview, ainsi qu’un dossier complet consacré à la rémunération des grands patrons, dans le magazine Trends-Tendances daté du 24 mai 2012.

L'”affaire Jean-Luc Dehaene” continue de rebondir. L’ex-Premier ministre a été récemment entendu par le président du Parlement européen sur les stock-options perçues lorsqu’il était administrateur d’AB InBev. Une source importante de revenus qu’il n’a pas cru bon de mentionner dans sa déclaration d’intérêts financiers… La rémunération des patrons du géant brassicole défraie régulièrement la chronique.

En exclusivité pour Trends-Tendances Jo Van Biesbroeck, chief strategy officer d’AB InBev, s’exprime sur ce sujet brûlant.

La politique de rémunération des dirigeants et des administrateurs d’AB InBev fait régulièrement des vagues dans la presse… Les bonus et stock-options versés par AB InBev ne sont-ils pas indécents en cette période d’austérité ?

Je peux comprendre que le sujet soit sensible. Mais je rappelle qu’AB InBev est une entreprise privée qui n’a jamais fait appel à l’argent des pouvoirs publics. Quand c’est le cas, le sujet est un peu plus discutable. Deuxièmement, on parle toujours des rémunérations des dirigeants de cette société mais tout le monde (de l’ouvrier au CEO) dans la société est bien payé. AB InBev paie un ouvrier en moyenne 30 % de plus que le marché. L’ancienneté du personnel dépasse d’ailleurs en moyenne les 20 ans.

Tout le personnel reçoit un salaire composé d’une partie fixe et variable. Cette dernière est liée à des critères de performances et est focalisée sur le court et le long terme. Le long terme concerne davantage les dirigeants. Les stock-options ne peuvent d’ailleurs être exercées qu’après un minimum de cinq ans. Quand les objectifs ne sont pas réalisés, on ne reçoit pas de salaire variable, comme ce fut le cas en 2008. Par ailleurs, on oublie qu’en termes de conditions salariales, pour attirer des talents, nous sommes en concurrence avec des multinationales comme Coca-Cola et Nestlé.

Vous faites partie des 40 membres du top-management à avoir bénéficié d’un paquet d’options (28,4 millions au total) en 2008, aujourd’hui valorisé à un milliard d’euros…

Cette prime était exceptionnelle. Elle n’a rien à voir avec un bonus. Nous étions dans la situation où l’entreprise s’était endettée (50 milliards de dollars) pour racheter Anheuser-Busch et elle s’était engagée à réduire rapidement ses dettes. Les actionnaires ont alors choisi de donner une partie de la valeur de leurs actions sous forme de stock-options aux 40 directeurs considérés comme essentiels pour réduire cet endettement.

Je rappelle qu’à l’époque, nous étions en pleine crise financière. Les montants cités sont encore fictifs. La première moitié des options est exerçable en 2014 et la deuxième le sera en 2019. A l’époque, l’action valait 10 euros, elle en vaut cinq fois plus aujourd’hui. C’est facile de critiquer mais la société aurait aussi pu tomber en faillite tant l’opération et le contexte étaient risqués.

Propos recueillis par Sandrine Vandendooren

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