Tim Cook, l’image opposée de Steve Jobs

© Image Globe / MONICA M. DAVEY

Steve Jobs démissionne de son poste de PDG d’Apple. Il est remplacé par Tim Cook, un “cost killer” impitoyable…

De six ans le cadet de Steve Jobs, Tim Cook en est pratiquement l’image opposée. L’un est aussi austère que l’autre est flamboyant. Le chief operating officer d’Apple est aussi à l’aise avec les contraintes de la gestion d’une chaîne d’approvisionnement que Steve Jobs les déteste… Goûtant peu le contact avec la presse, Tim Cook n’est pas non plus très à l’aise dans les présentations publiques des dernières innovations maison. Jamais l’absence de Steve Jobs ne se fait autant sentir que dans ce genre de show.

C’est peut-être grâce à ces différences que Tim Cook est devenu le bras droit de Steve Jobs. Lorsqu’il reprend les rênes d’Apple, en 1997, Steve Jobs doit faire vite : la société est proche de la faillite. Avant même de pouvoir lancer un nouvel ordinateur qui redonnerait du lustre à sa firme, Jobs doit résoudre un problème sérieux : l’incurie qui règne dans la gestion de l’outil industriel. Tim Cook va s’en charger. A cette époque, Apple gère mal ses usines. Sa chaîne logistique laisse à désirer. Ainsi, par exemple, ses ordinateurs portables sont assemblés en Irlande avec des pièces essentiellement importées d’Asie. Puis ils sont renvoyés vers les différents marchés. Si le groupe perd plus de 1 milliard de dollars en 1997, c’est donc en grande partie à cause de ses coûts de production. Le nouveau responsable des opérations va alors obliger les principaux fournisseurs d’Apple à se rapprocher des usines du constructeur, avec le double avantage de réduire les délais de livraison et de laisser à la charge de ses sous-traitants l’essentiel des coûts liés à la gestion des stocks.

Formé à l’école industrielle d’IBM et de Compaq, Tim Cook ferme les usines déficitaires, les entrepôts mal gérés et restructure sans états d’âme. Gagnant au passage ses galons de cost killer impitoyable… En peu d’années, il a en tout cas réussi à mettre en place l’une des plus efficaces structures de production de l’industrie informatique, qui permet de vendre les produits estampillés du logo à la pomme avec une marge inégalée dans ce milieu. C’est donc autant grâce à lui qu’à Steve Jobs qu’Apple est aujourd’hui assis sur une trésorerie de plusieurs dizaines de milliards de dollars. Malgré cette réussite, Steve Jobs a fait patienter son plus proche collaborateur avant de lui accorder la consécration. Successivement patron des opérations, puis de l’outil industriel et enfin des ventes mondiales, Tim Cook a dû attendre un peu plus de sept ans – jusqu’en 2005 – avant d’être officiellement nommé n°2.

Il commence ses journées à 4 h 30 du matin

Concentré et attentif aux moindres détails lorsqu’il s’agit de surveiller les opérations d’Apple, l’homme offre à ses équipes une image austère. Parlant peu lors des réunions, il s’exprime toujours de façon très posée et il est difficile de lui faire perdre son calme. Doué d’une mémoire, paraît-il, prodigieuse, il est évidemment aussi un travailleur infatigable, qui commence ses journées dès 4 h 30 du matin par de copieux exercices physiques. Célibataire, il consacre presque tout son temps à Apple. Il n’en attend pas moins des autres, n’hésitant pas à convoquer des réunions avec ses collaborateurs le dimanche soir pour mieux préparer la semaine…

“Il y a beaucoup d’estime pour lui, aussi bien dans l’entreprise qu’à l’extérieur, car il a prouvé qu’il savait diriger une entreprise”, commente Carolina Milanesi, analyste de Gartner. La compétence de Cook n’a pas échappé aux concurrents d’Apple. Motorola a tenté d’en faire son PDG et Dell, avant le retour de son fondateur Michael Dell, aurait tenté de faire de même. S’il a refusé ces opportunités – et probablement beaucoup d’autres – c’est sans doute que Tim Cook voit loin. Apple devrait réaliser un chiffre d’affaires de 100 milliards de dollars cette année, vendre plus de 20 millions de tablettes numériques et restera certainement la première valeur technologique au monde. Prendre la tête d’Apple est d’autant plus tentant que ses plus belles pages sont peut-être encore à écrire…

Trends avec Michel Ktitareff

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