Pourquoi les riches Américains sont si généreux

© Reuters

Un milliardaire américain sur dix s’est publiquement engagé à verser la moitié de sa fortune à la charité. De quoi mettre la pression sur ceux qui sont encore réticents à répondre à l’appel de générosité lancé par Bill Gates et Warren Buffett.

115 milliards de dollars. Voilà ce que vaut la promesse de dons des 40 milliardaires américains qui ont répondu à l’appel de Bill Gates et Warren Buffett. Et ce n’est que le début. Les Etats-Unis comptent 400 milliardaires et les deux philanthropes comptent bien les solliciter. L’objectif est d’atteindre 600 milliards de dollars.

La “révolution du philanthrocapitalisme” a commencé en 2006 quand Gates et Buffett, qui disposent de respectivement à 53 et 47 milliards de dollars, se sont publiquement engagés à léguer 95% de leur richesse à de bonnes oeuvres.

Le mouvement a fait des émules : Bono, Angelina Jolie et Brad Pitt sont parmi les plus connus. Il faut dire que l’exaltation américaine du self-made-man s’y prête. Ceux qui ont construit leur puissance tout seul considèrent souvent l’héritage comme un frein à la création de nouvelles richesses.

Le “peer pressure”, une arme redoutable

En juin, les philanthropes décident de passer à la vitesse supérieure avec l’initiative “Giving Pledge”. L’idée est simple : ils demandant directement à leur pairs de les imiter et de s’engager à verser au moins la moitié de leur fortune à une oeuvre caritative, de leur vivant ou après leur mort.

Le “peer pressure” joue à fond. Car en publiant la liste de ceux qui acceptent, ils mettent les autres dans une position pour le moins inconfortable. Michael Corkery, le blogueur du Wall Street Journal, ne s’est d’ailleurs pas privé de citer quelques uns des riches récalcitrants, en se concentrant surtout sur le secteur financier.

Il fait ainsi remarquer que George Soros, dont la fortune est estimée à 11 milliards de dollars, ne figure pas dans la liste. John Paulson, le célèbre gérant du hedge fund qui a su tirer profit de la crise des subprimes et de l’effondrement de l’immobilier, non plus. Le gérant de hedge fund David Tepper qui attribue en partie sa réussite à ses testicules en cuivre porte-bonheur, fait aussi partie des grands absents, tout comme son concurrent Paul Tudor Jones. L’autre nom connu qui brille par son absence est celui de Maurice Greenberg, l’ancien PDG d’AIG.

Les milliardaires veulent améliorer leur image

Le problème avec cette “liste noire”, c’est que ce n’est pas parce qu’ils ne se sont pas engagés auprès de Gates et Buffett qu’ils n’ont pas été généreux. Paul Tudor Jones, par exemple, a quand même fondé le Robin Hood Foundation qui s’applique à lutter contre la pauvreté à New York.

En tout cas, l’approche a le mérite d’être efficace. En à peine un mois et demi, près de 40 milliardaires se sont engagés. Parmi eux, le fondateur de CNN Ted Turner, le maire de New York Michael Bloomberg, le co-fondateur d’Oracle Larry Ellison ou encore le réalisateur George Lucas.

“Depuis la récession, les Américain riches sont à la recherche de nouveaux symboles de prestige, explique le blogueur Robert Franck du Wealth Report. Les yachts, jets privés et villas au bord de la mer sont tellement 2007. Etre assez riche et généreux pour avoir son nom dans la liste “Giving Pledge” pourrait rapidement devenir l’ultime badge de prestige”.

Au-delà de cet aspect lié à l’image, les dons pourraient se traduire par des rentrées de fonds colossales pour les organismes caritatifs. A en croire un éditorial du Guardian, “si les milliardaires se mettent à suivre l’exemple de Bill Gates, leurs dons pourraient changer le monde”.

Laura Raim

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