Pourquoi Arnaud inquiète Lagardère

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La vidéo surréaliste d’Arnaud Lagardère avec sa compagne n’est que l’écume d’une vague de contestation qui touche le groupe. Inventaire.

Une vidéo qui suscite railleries et critiques

La mise en scène de son amour pour le mannequin Jade Forêt a suscité de nombreuses réactions en interne. Dans La Tribune, qui consacre ce lundi un dossier à Lagardère, un membre de l’état-major du groupe se lâche : “On dit que c’est Liliane Bettencourt qu’il faut mettre sous contrôle. Et Arnaud Lagardère? Au moins L’Oréal, c’est géré”. Un autre cadre interrogé par La Tribune déplore: “Depuis six mois, le groupe est à l’arrêt. Arnaud décale ou annule tous ses rendez-vous”.

Dans Libération, des salariés d’EADS s’en donnent aussi à coeur joie : “Ce qui est triste, c’est qu’il a l’air d’un bébé sur cette vidéo”. Et un autre d’assurer : “Ça en dit long sur lui, comme s’il n’avait pas fini de grandir”. Le Monde est allé chercher la réaction de Guy Wyser-Pratte, le financier qui, l’année dernière, avait tenté de casser la structure en commandite du groupe. Là aussi, pas piqué des vers : “Il réalise une ‘performance’ au sens américain du terme, avec un mannequin qui fait une tête de plus que lui. Il se ridiculise… Il n’est pas à la hauteur. Il se comporte comme un bouffon!”

Une personnalité fantasque

A la mort de son père, Arnaud Lagardère a hérité d’un empire dont la gestion est de plus en plus contestée. Lui semble s’en moquer. Soupçonné dans l’affaire des délits d’initiés chez EADS, il avait finalement été blanchi, quitte à justifier sa méconnaissance du retard pris dans la conception de l’A-380 de façon pour le moins naïve: “J’ai le choix de passer pour quelqu’un de malhonnête ou d’incompétent, qui ne sait pas ce qui se passe dans ses usines. J’assume cette deuxième version”. Arnaud Lagardère a aussi pour habitude de ne pas honorer ses rendez-vous, sans prévenir. La Tribune raconte comment il a zappé le départ en retraite de Jean-Louis Nachury, ancien président d’Hachette-Distribution. Il part régulièrement en Floride, loin du centre de commandes du groupe, ce qui alimente les agacements sur ses absences et sa désinvolture. Dans une enquête qu’il lui consacrait en avril 2010, Renaud Revel, de L’Express, écrivait ainsi : “L’esquive : une habitude aussi déconcertante qu’inédite chez cette insaisissable figure du CAC 40”.

Une stratégie floue

Le groupe Lagardère est présent dans les médias, l’édition, la distribution, l’aéronautique civile et l’armement… Mais toutes ces activités n’intéressent pas Arnaud Lagardère, loin de là, qui a entrepris depuis son arrivée à la tête du groupe une stratégie d’élagage, celle-là même que contestait Guy Wyser-Pratte mais qui avait finalement été confortée par les actionnaires. Il s’est retiré du capital du Monde, a vendu une licence TNT à Bolloré, ses magazines internationaux à l’américain Hearst, et cherche à se débarrasser des parts minoritaires qu’il détient dans les groupes Amaury, Marie-Claire et Canal+. Lagardère est toujours présent dans EADS, même si Arnaud a vendu la moitié de ses parts en 2006 et qu’il a toujours dit qu’il souhaitait sortir du groupe aéronautique. Mais pas à n’importe quel prix. Le cours de l’action, aux alentours de 28 euros ce lundi, est jugé trop bas pour le moment. Quoi qu’il en soit, ce qui intéresse vraiment Arnaud Lagardère, c’est le sport, promu nouveau moteur de croissance du groupe. C’est un domaine où il possède de nombreux réseaux et qui l’a vu investir 1 milliard d’euros dans sa filiale Lagardère Unlimited, qui gère l’image de quelques 350 sportifs. Mais pour la rentabilité, on repassera. La filiale a accusé une perte nette de 96 millions d’euros, pour 396 millions de chiffre d’affaires en 2010.

Trends.be avec L’Expansion.com

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