Manager de l’Année 2017 – Portrait 9/10: François Blondel, l’homme qui a remis l’entonnoir à l’endroit

© Christophe Ketels/Belgaimage

Entre la belle innovation et la réussite économique, il faut parfois l’intervention d’un solide manager. Comme celle du ” serial entrepreneur ” François Blondel chez KitoZyme. Sera-t-il élu Manager de l’Année ? Vous pouvez voter ici.

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Rien ne prédestinait François Blondel à s’intéresser aux biotechnologies. Diplômé en droit et en économie, il débute chez Petrofina, où il aurait pu suivre une confortable carrière internationale. Il a préféré quitter le groupe après neuf ans pour participer à ” l’aventure exceptionnelle ” d’Ibt (start-up médicale de traitement du cancer). Mais là aussi, quand il eut fait le tour du sujet, François Blondel a revendu ses parts et décidé d’investir dans des entreprises wallonnes. ” Cette troisième vie, comme on la qualifie parfois, est liée à ma passion pour le secteur de la santé et pour l’esprit d’entreprise “, résume-t-il.

François Blondel a rejoint KitoZyme en 2013. La spin-off de l’université de Liège, lancée en 2000, a mis au point une technique inédite de production de chitosan, à partir de fibres végétales (et non animales). Cela a élargi le spectre des applications possibles de cet ingrédient utilisé en matière de santé. La firme a alors lancé des recherches tous azimuts, trop sans doute au point de perdre de 4 à 6 millions d’euros chaque année. Heureusement, un gestionnaire est venu épauler les scientifiques. ” Je n’ai rien fait de très original, j’ai simplement remis l’entonnoir à l’endroit, explique François Blondel. Nous avons défini un coeur de métier et abandonné d’autres activités “. Parfois, elles ont été transférées dans une nouvelle société : ainsi est née KiOmed Pharma, une société innovante dans le traitement de l’arthrose.

En 2018, KitoZyme lancera la vente de produits sous sa propre marque.”

Parallèlement, KitoZyme a avancé dans l’élaboration de produits finis, plutôt que de rester un fournisseur d’ingrédients. Elle a inversé le processus : c’est elle qui cherche des ingrédients avec lesquels associer son chitosan. ” Cela nous a permis d’aller plus loin dans la chaîne de valeur et d’élargir notre gamme “, résume le CEO. KitoZyme trace sa voie dans la santé digestive et cardio-vasculaire, ainsi que le contrôle du poids. Ses produits sont également utilisés pour éliminer des bactéries dans le processus de vinification. Cette année, une centaine de millions de bouteilles de vin rouge ont reçu ce traitement. D’autres applications non médicales pourraient être développées à l’avenir. François Blondel reste toutefois discret sur ces évolutions, comme il reste prudent pour l’avenir de Kitozyme. ” J’ai vu trop d’entreprises souffrir d’avoir trop fait rêver, dit-il. Je ne tire pas de plan sur la comète mais me réjouis de voir que, chaque semestre, nos résultats dépassent nos prévisions. ” KitoZyme emploie 50 personnes à Herstal. Elle réalise un chiffre d’affaires de près de 5 millions d’euros, dont 15 à 25 % sont réinvestis en recherche et développement.

Pourquoi le jury l’a choisi

François Blondel a professionnalisé la gestion de KitoZyme, évitant que cette biotech wallonne ne disparaisse. Aujourd’hui, de jolies perspectives mondiales s’offrent à elle. Le jury a également été sensible au profil de “serial entrepreneur” de François Blondel, présent dans une dizaine de sociétés.

Le fait marquant de 2017

“Nous avons réussi une percée significative à la grande exportation, notamment vers la Chine et plusieurs pays du Golfe. C’est extrêmement important pour une petite entreprise comme la nôtre.”

La réalisation dont il est le plus fier

“C’est d’avoir réussi à redresser une situation qui semblait désespérée. Quand je suis arrivé en 2013, KitoZyme avait perdu près de 40 millions en cinq ans. Depuis, nous avons chaque fois amélioré les résultats et nous serons à l’équilibre en 2017.”

Le défi qui l’attend en 2018

“L’an prochain, ce sera l’étape suivante dans la création de valeur pour KitoZyme : nous lancerons la vente de produits sous notre propre marque, via l’e-commerce.”

Un bon manager, selon lui

“Une attitude d’abord. Un bon manager, c’est celui qui voit un défi dans une difficulté ou une opportunité dans une crise, et qui sait qu’à tout problème il existe une solution. Une conscience ensuite, celle de toujours bien avoir à l’esprit que de toutes les ressources dont il dispose, le capital humain est la plus importante. Sans connexion avec les hommes et les femmes de son entreprise, un manager n’est rien. Enfin, une conviction responsable, c’est-à-dire être porteur d’une vision sociétale, de défendre des opinions, de donner une image positive du monde des entreprises.”

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