Limiter les salaires des patrons ? “Le mal est plus profond !”

Le Premier ministre britannique veut donner, aux actionnaires, les moyens de limiter les salaires des grands patrons. “Les racines du mal sont nettement plus profondes”, rétorque David Barr, spécialiste des RH et connaisseur du secteur financier.

Le Premier ministre britannique a annoncé dimanche que les actionnaires auraient désormais un droit de vote sur le montant des salaires des dirigeants de grandes entreprises, qui suscitent un mécontentement croissant en pleine période d’austérité. Jusqu’à présent les actionnaires ne disposent que d’un vote consultatif concernant la rémunération des hauts dirigeants.

“Donnons du pouvoir aux actionnaires en leur permettant de voter sur les plus hauts salaires !”, a déclaré David Cameron dans une interview au Sunday Telegraph . Fustigeant le “capitalisme de petits copains”, il a appelé à la fin du système dans lequel les hauts dirigeants, qui siègent dans divers conseils d’administration, approuvent eux-mêmes leurs rémunérations réciproques.

“Nous devons nous attaquer à cela”, a annoncé le Prime Minister, déplorant que “la loi du marché ne fonctionne pas pour les plus hauts placés” et se disant “frappé de voir que, désormais, la critique des hauts salaires et des bonus bancaires émane du monde de l’entreprise”.

“Les hommes et les femmes qui dirigent des petites entreprises, travaillent dur et ne se versent pas d’énormes sommes d’argent, sont furieux du niveau de rémunération de cadres supérieurs qui ne prennent pas les mêmes risques qu’eux”.

“Le problème exige une refonte totale du management par la performance et de sa corrélation à la rémunération et aux bonus”

“Les racines du mal sont nettement plus profondes que la rémunération des hauts dirigeants, rétorque David Barr, spécialiste des ressources humaines et conseiller de grands patrons du secteur financier, dans un e-mail diffusé lundi matin. Le problème exige une refonte totale du management par la performance et de sa corrélation à la rémunération et aux bonus.”

“Les secteurs eux-mêmes doivent conduire cette réforme avec, à la clé, la nécessité, pour les chefs d’entreprise, de repenser complètement les comportements et les conséquences inattendues que recèlent les nombreux systèmes de management et de récompense actuels, continue-t-il. Il leur faudra démanteler les stratégies existantes et adopter les méthodes simples, transparentes, qui ont construit les cultures et comportements aptes à engendrer de la valeur ajoutée pour les employés, les consommateurs et les actionnaires qui, in fine, créent des activités plus stables et durables pour le futur.”

Et le spécialiste des RH de conclure : “Avec des stratégies qui placent le consommateur et la création de valeur sur le devant de la scène plutôt que le duo rémunération/bonus, nous aurons une chance de faire naître les fondations stables qui, en fin de compte, seront dans l’intérêt des actionnaires et, plus largement, de la société tout entière.”

V.D., avec Belga

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