Les “bomeurs”, la nouvelle tribu des chômeurs branchés

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La zone euro a atteint la semaine passée un nouveau record en terme de chômage, à 11,6 pour cent. Dans ce contexte morose, une nouvelle tribu décomplexée voit le jour, faite de “bomeur”, un néologisme qui définit un bourgeois bohème, ou “bobo” de son petit nom, au chômage.

La zone euro a atteint la semaine dernière un nouveau record en terme de chômage, à 11,6 pour cent. Les derniers chiffres publiés par Eurostat donnent le tournis: 25,751 millions d’hommes et de femmes étaient au chômage en septembre 2012 dans l’UE. A la fin du mois d’octobre, l’Espagne comptait pas moins de 4,83 millions de demandeurs d’emploi à elle toute seule.

Dans cette ambiance morose marquée par les fermeture de nombreuses entreprises couplées à des licenciements à la pelle, une nouvelle tribu plutôt décomplexée voit le jour, elle se compose de ceux qu’on appelle désormais les “bomeurs”. Ces nouveaux chômeurs branchouilles transforment le chômage en art de vivre et en flemmardise de luxe. Le néologisme “bomeur”, contraction de “bobo” (le petit nom des bourgeois bohème) et de “chômeur” définit ainsi un “bobo” qui a perdu son emploi et qui n’y voit pas trop d’inconvénients.

Le phénomène vient en ligne directe de Paris, où il a été inventé par un jeune Français, Nathanaël Rouas. Ce dernier s’est retrouvé sans emploi après avoir travaillé plusieurs années dans la com’. Il lance alors un Tumbr sur lequel il décrit au second degré son mode de vie, rythmé par des apéros improvisés au bar du coin, des après-midis passés devant la télé ou encore des voyages dans des contrées lointaines.

Car le “bomeur” garde, malgré son inactivité professionnelle, un pouvoir d’achat assez élevé. L’auteur français du Metropolitan Blog, le décrit comme “un nouvel archétype d’après-crise“: “Cet ex-bobo, typiquement un trentenaire célibataire qui avait un job “branché”, ne pleure pas sa nouvelle situation. Il en fait un véritable mode de vie. D’abord parce qu’il a désormais le temps de glander, de faire de longues siestes et de boire des coups en plein après-midi. Il profite pleinement de la mégalo-métropole. Ensuite parce qu’il ne s’ennuie pas et reste actif. Il travaille sur des projets (dont il ne peut d’ailleurs pas parler). En fait, il glande… et il consomme. Comme il touche une allocation chômage tout à fait confortable, le bomeur garde le même train de vie.”

Le phénomène n’est pas neuf, déjà en 1996, le mouvement allemand des Glücklichen Arbeitslosen (Les chômeurs heureux), prônait un monde où le chômage est “l’occasion d’avoir enfin le temps de vivre”. Comme l’explique le quotidien Le Soir, le concept existe aussi au Japon. On y appelle freeter – fusion des mots anglais free time et allemands frei arbeiter (travailleur libre) – de jeunes adultes sans emploi ou enchaînant de petits jobs.

La marque de vêtements Benetton a saisi, de son côté, la balle au bond avec sa nouvelle campagne mettant en scène de jeunes gens sans emploi bien propres sur eux et assez représentatifs de cette nouvelle communauté.

Cette attitude désabusée est toutefois critiquée et remise en question car dans la réalité, le quotidien de bomeur glamourisé ne serait pas si rose qu’il n’y paraîtrait. En Belgique, la loi sur la dégressivité des allocations de chômage en vigueur depuis le 1er novembre, pourrait d’ailleurs briser les ambitions de procrastination rémunérée de certains…Alors, être “bomeur”, une tare ou une vraie opportunité?

Ca.L

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