Le réseau du nouveau patron de la FEB

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Peu de nos compatriotes ont eu l’occasion d’accomplir une carrière comme celle de Pierre-Alain De Smedt et donc de créer un réseau comme le sien. Voici les principaux relais du nouveau président de la FEB.

Ses mentors

Outre Ferdinand Piech à qui Pierre-Alain De Smedt reste reconnaissant d’avoir cru en lui au point de lui confier les rênes de l’Amérique du Sud, le nouveau président de la FEB reste admiratif des visions géopolitiques de Karl Hahn. “Il avait vu clair par rapport au devenir de la Chine et de l’Est de l’Europe. Il a anticipé l’avenir et visé juste. VW récolte aujourd’hui les dividendes des décisions prises par ce visionnaire”, explique-t-il.

A la Febiac

La Febiac est aussi un lieu de rencontres pour tous ceux qui gravitent autour du monde de l’automobile. Vu le temps que va lui prendre la présidence de la FEB, il a cependant dû se résoudre à quitter la présidence de la Febiac…

Dans les milieux automobiles

Il a relevé avec Carlos Ghosn un défi passionnant : la maximalisation des synergies avec Nissan. Il a découvert le Japon – qu’il adore – mais sa grande frustration restera sans doute de n’avoir jamais pu trouver du temps pour apprendre le japonais en sus du français, du néerlandais, de l’allemand, de l’anglais, du portugais, de l’espagnol et même, dans une moindre mesure, du catalan !

Les patrons belges

Albert Frère a remarqué Pierre-Alain De Smedt à l’époque où ce dernier était aux commandes de Tractebel. A son retour du Brésil, il a voulu l’avoir dans son CA. Et il y a mis le prix : au-delà des traditionnels émoluments d’administrateur, le jet privé d’Albert Frère a souvent fait la navette entre Charleroi et Barcelone…

Ses appuis pour Europalia Brésil

Il sait qu’il n’a qu’à décrocher son téléphone pour joindre l’ancien président brésilien. Aux côtés de Piet Van Waeyenberge (vice-président) et Kristine De Mulder (directrice générale), Georges Jacobs (président) a trouvé en Pierre-Alain De Smedt “the right man at the right place” pour assumer la charge de commissaire général d’Europalia Brésil 2011.

Alternance linguistique oblige, c’est à présent à un francophone d’occuper le strapontin de la présidence de la FEB et, comme d’accoutumée, ce sont les past-presidents de l’institution qui ont réfléchi au profil du successeur de Thomas Leysen (Umicore). Leur choix s’est assez vite porté sur un Pierre-Alain De Smedt, l’ancien bras droit de Louis Schweitzer à la tête du groupe Renault-Nissan. Revenu en Belgique début 2005, cet Ostendais préside aujourd’hui le conseil d’administration de Deceuninck, est administrateur de quelques sociétés d’importance et est commissaire général d’Europalia Brésil.

La voiture comme fil conducteur

Alors n°1 de l’usine VW à Forest et après une parenthèse comme administrateur délégué de Tractebel (il y travaillait avec Philippe Bodson), Pierre-Alain De Smedt est “prié” par Ferdinand Piech de prendre la direction du Brésil et la tête de ce qui était alors la plus grande usine VW hors d’Allemagne mais aussi la plus imposante usine (tous secteurs confondus) d’Amérique du Sud. Une telle stature ouvre évidemment des portes et crée indubitablement des liens. Parmi les plus connus, citons déjà Luiz Inácio Lula da Silva, devenu par la suite président du Brésil. Ses deux ex-bras droits à la tête de l’usine ont également poursuivi une belle carrière. Miguel Jeorge fut jusqu’en décembre dernier ministre de l’Industrie, du commerce et du développement. Et Fernando Perez était encore voici peu le n° 2 d’Itau, la deuxième banque brésilienne. Revenu en Europe, Pierre-Alain De Smedt met le cap sur l’Espagne et prend les commandes de Seat. Avec l’accord de sa hiérarchie, il accepte de rejoindre en parallèle le conseil d’administration de la CNP à la demande expresse d’ Albert Frère.

En 1999, il est approché par Louis Schweitzer qui cherche un successeur à Carlos Ghosn, ce dernier ayant mis le cap sur le Japon. Après six mois d’hésitation, il finit par accepter la proposition. Entre des perspectives à Wolfsburg et à Paris, il fait le choix de la Ville lumière et devient donc COO du groupe Renault. Pierre-Alain De Smedt ajoute alors à son carnet d’adresses des noms comme Robert Peugeot (PSA) et Toshiyuki Shiga (Nissan) à ceux de Karl Hahn (VW), Martin Winterkorn (VW) et Iñaki Lopez (VW). Du beau monde, qu’il continue à côtoyer encore régulièrement, notamment dans le cadre des salons automobiles à travers le monde.

Et des sollicitations tous azimuts

Au-delà de ces contacts au plus haut niveau du secteur automobile, les compétences et la personnalité de Pierre-Alain De Smedt en ont fait un candidat administrateur idéal. Ainsi, Philippe Delaunois (ex-Cockerill) a pensé à lui pour rejoindre Alcopa (Famille Moorkens). Et Jean-Albert Moorkens le vit bien pour lui succéder également à la Febiac. De son côté, Jan Coene (Picanol), suggéra son nom pour rejoindre le board de Belgacom. Il y retrouva ainsi des formats tels que Theo Dilissen ou Lutgart Van den Berghe.

Chez Belgacom justement, dans le cadre d’un lunch précédant un CA, Georges Jacobs l’approche, le sonde puis finit par le convaincre d’accepter le commissariat général d’Europalia Brésil 2011. De son côté, Roland D’Ieteren fait appel à lui pour rejoindre le CA d’Avis Europe basé à Londres. Last but not least, il accepte de présider le CA de Deceuninck, à la demande de la famille. “Présider un conseil d’administration implique un engagement plus conséquent que celui d’administrateur. Il faut veiller à ne pas empiéter sur les compétences de ceux qui sont à l’opérationnel”, précise-t-il. Cette religion personnelle sera évidemment aussi de mise à la FEB.

Nombreux sont les politiques à compter Pierre-Alain De Smedt dans leur carnet d’adresses : Yves Leterme et Kris Peeters avec qui il a beaucoup travaillé dans les coulisses des dossiers de VW Forest et d’Opel Anvers, Elio Di Rupo qu’il rencontre régulièrement. Herman De Croo et Didier Reynders aussi.

Une fois installé dans ses nouvelles fonctions à la FEB, ses missions de représentation vont peser lourd dans son agenda. Elles seront aussi l’occasion d’enrichir encore un peu plus un carnet d’adresses au demeurant déjà bien rempli. Mais s’il est un endroit où le risque est faible qu’il fasse de nouvelles connaissances, c’est bien dans le train ! Son “virus automobile” est en effet incurable !

Jean-Marc Damry

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