Le réseau de Sabine Laruelle

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En charge des PME et de l’agriculture depuis huit ans, la ministre libérale n’a jamais eu besoin d’une garde rapprochée pour faire avancer ses idées. Ce qui ne l’empêche pas de disposer de “contacts privilégiés” dans ses divers domaines de compétences.

“Je n’ai pas l’impression d’avoir un réseau ou une garde rapprochée”, lâche d’entrée de jeu Sabine Laruelle, ministre fédérale “en affaires courantes” des PME, des Indépendants, de l’Agriculture et de la Politique scientifique. C’est peut-être parce qu’avant de plonger dans l’arène politique, cette quadra originaire de Huy a fait ses armes dans le monde agricole, un milieu où l’on apprend à cultiver l’ardeur au travail et le sens des réalités.

“Dans le recrutement de mes collaborateurs, j’ai toujours privilégié le niveau de compétence”, assure cet ingénieur agronome entré en politique “pour faire avancer les choses et non pour placer ses copains”. “Certains, détaille-t-elle, m’ont dit : tu dois placer tes gens. Je n’ai jamais procédé de la sorte. J’ai d’ailleurs dit à mon équipe au cabinet que je ne les replacerai pas si je n’étais plus ministre. Ceci dit, je ne suis pas naïve, quand je peux donner un petit coup de pouce à l’un de mes collaborateurs, je le fais naturellement car ils ont travaillé pour moi jour et nuit.”

La fibre agricole

Après ses études à Gembloux et un an de bénévolat dans la brousse congolaise, cette fille de négociant en grains démarre sa carrière, en 1992, au cabinet de Guy Lutgen (PSC) alors ministre wallon de l’Agriculture. Quand sept ans plus tard, ce maroquin passe sous pavillon socialiste, Sabine Laruelle prend la tête de l’Alliance agricole, qu’elle fusionne avec l’Union professionnelle agricole. Ainsi naît la Fédération wallonne de l’agriculture, un syndicat qu’elle codirige pendant deux ans avec Jean-Pierre Champagne qui deviendra un précieux relais dans sa vie de ministre.

C’est grâce à Pierre Hazette, originaire de Hesbaye comme elle, alors ministre MR de l’enseignement à la Communauté française, qu’elle entre véritablement en politique. “C’est lui qui a été le premier à donner mon nom à Louis Michel et à Didier Reynders qui m’ont mise sur leur liste aux élections législatives de 2003”, raconte-t-elle. Bonne pioche, Sabine Laruelle fait un carton. La voilà bombardée ministre fédérale des Classes moyennes et de l’Agriculture.

Malgré sa fonction, la ministre a gardé son côté “nature” et déteste toujours autant les mondanités. “En matière de représentation, avoue-t-elle, je fais le minimum syndical.” Ce qui ne l’empêche pas de disposer de “contacts privilégiés” dans ses domaines de prédilection et dans les institutions qui sont sous sa tutelle comme l’Institut des experts-comptables ou encore l’Ordre des architectes. Avec des compétences aussi diverses, le carnet d’adresses de la ministre est dès lors très large et éclaté. “Cela va de l’agriculteur, de l’artisan ou du patron de PME aux hautes sphères scientifiques et académiques en passant par les professionnels du chiffre”, résume-t-elle.

Proche des réseaux de femmes chefs d’entreprise

Dans le monde de l’entreprise, la ministre est particulièrement sensible à l’entrepreneuriat féminin et soutient les réseaux de femmes chefs d’entreprise (Diane à l’UCM, Markant à l’Unizo, etc.). Au sein du Mouvement réformateur qui a souvent été secoué par des guerres de clan, Sabine Laruelle fait partie des fidèles de Didier Reynders. Elle compte aussi des amis comme Pierre Hazette ou Pol Guillaume, le bourgmestre de Braives qu’elle a notamment consultés quand son nom a circulé pour se présenter à la présidence du MR. Estimant ne pas avoir le caractère pour ce poste, elle a préféré soutenir Daniel Bacquelaine plutôt que Charles Michel. Dans les autres partis politiques, aussi, elle a ses petites préférences. Et de citer Laurette Onkelinx pour le PS, Benoît Lutgen (cdH) et dans le camp Ecolo, Thérèse Snoy.

Tenant à préserver sa vie privée, Sabine Laruelle ne mélange pas son cercle personnel avec ses relations professionnelles. Quand elle a du temps libre, elle préfère le passer avec sa famille et ses six filleuls plutôt que de faire de la politique. “Je n’ai pas de permanence politique”, pointe-t-elle. Et quand le nouveau gouvernement sera enfin formé ? “Je n’ai pas de plan de carrière”, assure-t-elle. D’aucuns la verraient bien bourgmestre de Gembloux, où elle est actuellement conseillère communale. Mais elle ne pipera mot sur ses intentions…

Ses amis au sein du MR

Pierre Hazette, chez lequel la ministre Laruelle a passé des vacances au Sénégal quand il était délégué général de la Communauté française Wallonie-Bruxelles à Dakar, fait partie de ses mentors. Tout comme Didier Reynders, qu’elle a toujours soutenu ou Louis Michel, qui l’a aidée à constituer son premier cabinet. Pol Guillaume, le bourgmestre de Braives est un de ses amis de longue date. Autres proches dans la famille libérale : François Belot, Daniel Bacquelaine et Willy Borsus.

Dans les autres partis

Parmi ses rivaux politiques, elle s’entend bien, dit-elle, avec Laurette Onkelinx (PS) avec laquelle elle partage certaines compétences mais aussi avec Benoît Lutgen (cdH), le ministre wallon de l’Agriculture et Thérèse Snoy, la députée Ecolo, avec laquelle, elle a “des débats constructifs à la Chambre”. Enfin, dans le nord du pays, elle apprécie Yves Leterme (CD&V) “car il a une sensibilité PME très proche de la mienne” et Guy Verhofstadt (Open VLD), qui était Premier ministre quand elle a fait ses débuts dans le gouvernement.

Dans les milieux agricoles

Son passage à la tête du syndicat wallon des agriculteurs lui a permis de garder de précieux contacts dans ce milieu. Avec Jean-Pierre Champagne, l’ancien secrétaire général de la Fédération wallonne de l’agriculture – “C’est quelqu’un qui m’a marquée, il devenu un ami” – et Yvan Hayez, son successeur. Elle est aussi en contact avec Piet Vanthemsche, l’ancien patron de l’AFSCA (Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire) qui préside le Boerenbond. Sans oublier Natacha Perat, la directrice de la Foire de Libramont avec laquelle elle “kokotait” à Gembloux.

Dans le monde scientifique et académique

Depuis qu’elle a ajouté la politique scientifique à ses compétences, Sabine Laruelle fréquente le gratin du monde spatial comme Jean-Jacques Dordain, le patron de l’Agence spatiale européenne (ESA), l’astronaute Frank De Winne ou encore l’explorateur Alain Hubert. Dans le monde universitaire, elle a gardé des contacts privilégiés avec la Faculté des Sciences agronomiques de Gembloux, dont elle est proche de son vice-recteur Eric Haubruge.

Ses relais auprès des entrepreneurs

Dans le monde des PME où elle s’est battue pour obtenir une revalorisation du statut social des indépendants, ses principaux relais sont Marie-Anne Belfroid-Ronveaux et Christophe Wambersie, respectivement présidente et secrétaire général de l’UCM ainsi que Karel Van Eetvelt, patron de l’Unizo. Attachée à la promotion de l’entreprenariat féminin, elle est proche des différents réseaux féminins du pays dont celui de Catherine Henry, responsable de l’Association Femmes Chefs d’Entreprises pour les provinces de Namur et Luxembourg.

Sandrine Vandendooren

CV Express

45 ans

Ingénieur agronome (Faculté des Sciences agronomiques de Gembloux).

1992-1999 : attachée et chef de cabinet-adjointe au cabinet du ministre wallon de l’Agriculture.

2000 : directrice générale de l’Alliance agricole belge.

2001-2003 : directrice générale de la Fédération wallonne de l’agriculture.

Juillet 2003 : ministre fédérale des Classes moyennes et de l’Agriculture.

Depuis mars 2008 : ministre des PME, des Indépendants, de l’Agriculture et de la Politique scientifique.

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