Le prochain patron d’EADS ?

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Thomas Enders ne s’est pas fait que des amis à Berlin, où il n’a guère ménagé le gouvernement sur le dossier de l’A400M. A Paris, où on le voit peu, il n’a pas pris le temps de cultiver un réseau. Mais s’il réussit à redresser Airbus, Tom aura de sérieux arguments pour gagner les clefs de Montmorency, siège parisien d’EADS.

Il déboule en bras de chemise, malgré la présence du photographe. Sur son bureau, un pavé de Lapierre et Collins, Freedom at Midnight. Au pied, un sac à dos rouge dans lequel il promène ses chaussures de jogging.

A bientôt 52 ans, Thomas Enders, patron d’Airbus, sportif accompli, trouve le temps de courir trois fois par semaine, malgré ses déplacements à l’étranger (Chine et Inde en septembre) et ses allers-retours hebdomadaires entre Toulouse, sa ville d’adoption, et Munich, où vit sa famille.

Manager à l’américaine – il est passionné par les Etats-Unis – Enders est arrivé dans la Ville rose précédé d’un surnom à la rigidité toute germanique : “Major Tom”. Engagé à 19 ans chez les paras de la Bundeswehr, ce fils de berger a commencé sa carrière dans les cabinets ministériels et les think tanks, avant de rejoindre Dasa, filiale aéronautique de Daimler-Benz, en 1991, puis de diriger le pôle défense et sécurité d’EADS.

Nommé coprésident du groupe en 2005 avec Noël Forgeard, il entre en guerre contre le Français, rêvant d’être seul aux manettes. Raté : il atterrit à Airbus deux ans plus tard, au lendemain de l’accord de 2007 entre Angela Merkel et Nicolas Sarkozy sur la gouvernance du leader européen de l’aérospatiale.

En 2012, un Allemand devrait succéder à Louis Gallois, actuel président exécutif d’EADS, tandis qu’un Français prendrait la tête du conseil d’administration, aujourd’hui coiffé par Bodo Uebber, directeur financier de Daimler-Benz. Enders est le candidat naturel au poste de Gallois mais, d’ici là, tout peut arriver : le report d’un an de l’échéance pour ne pas avoir à trancher la délicate question de la succession en pleine campagne présidentielle, ou l’émergence d’autres prétendants, comme… Bodo Uebber.

Car Enders ne s’est pas fait que des amis à Berlin, où il n’a guère ménagé le gouvernement sur le dossier de l’A400M. A Paris, où on le voit peu, il n’a pas pris le temps de cultiver un réseau. Mais s’il réussit à redresser Airbus et à lancer dans les temps l’A350 XWB, Tom aura de sérieux arguments pour gagner les clefs de Montmorency, siège parisien d’EADS.

L’Express.fr

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