La Nouvelle-Zélande, refuge pour milliardaires en cas d’apocalypse ?

La Nouvelle-Zélande, destination idéale pour les voyageurs solitaires © iStockphoto

Le Premier ministre néo-zélandais Bill English est monté au créneau pour affirmer que les passeports de son pays n’étaient pas à vendre, même si le magnat américain Peter Thiel en a reçu un sans remplir les conditions requises.

La controverse relative au cofondateur de la société de paiements en ligne PayPal est apparue au moment où des médias américains affirment que l’archipel est de plus en plus perçu comme un refuge pour de richissimes Américains redoutant l’apocalypse politique, économique ou environnemental de l’autre côté du Pacifique.

Wellington a confirmé cette semaine que Peter Thiel avait obtenu la nationalité néo-zélandaise en juin 2011, deux mois après avoir fait un don de un million de dollars néo-zélandais (677.000 euros) aux victimes du séisme de Christchurch.

M. English a reconnu que l’homme d’affaires né en Allemagne n’avait pas satisfait à toutes les conditions présidant à l’obtention de la nationalité, comme le fait d’avoir passé 70% des cinq précédentes années en Nouvelle-Zélande.

Mais le Premier ministre a dit que la citoyenneté lui avait été accordée à titre exceptionnel, sans donner d’explication.

“La Nouvelle-Zélande est un endroit bien meilleur depuis que M. Thiel en est citoyen”, a-t-il dit aux journalistes, en qualifiant de “ridicule” les insinuations selon lesquelles son pays aurait “vendu” un passeport au milliardaire.

“Les riches ne passent pas devant les autres”, a-t-il soutenu. “Il s’agit de déceler les talents particuliers, les contributions particulières qui ne rentrent pas forcément dans les critères”, a-t-il poursuivi, évasif.

‘Marque de succès’

L’affaire a suscité l’indignation de l’opposition: “Je ne crois pas qu’elle soit tellement en phase avec les valeurs égalitaires de la Nouvelle-Zélande”, a déclaré Iain Lees-Galloway, porte-parole du Parti travailliste sur les questions d’immigration.

Peter Thiel, un investisseur de la première heure dans Facebook, s’est signalé ces derniers temps pour avoir apporté très tôt, et presque seul contre tous, son soutien à Donald Trump.

Le financier de 49 ans n’a pas seulement donné 1,25 million de dollars pour la campagne de Trump, il est également devenu le premier intervenant ouvertement homosexuel à s’exprimer lors d’une convention républicaine.

M. Thiel a beau être un partisan de Donald Trump, qui articule comme promis sa politique autour de la philosophie de “l’Amérique d’abord”, il semble selon le New York Times qu’il ait eu besoin d’une stratégie de repli, dans le cas où le vent tournerait.

“Peut-être que l’intérêt de M. Thiel pour la Nouvelle-Zélande est une façon de prendre les devants en cas de catastrophe biologique ou d’effondrement économique”, écrivait le quotidien.

Dans une longue enquête, le New Yorker rapportait cette semaine que de nombreuses fortunes américaines considéraient la Nouvelle-Zélande comme une terre d’asile potentielle.

Les services néo-zélandais de l’immigration ont du reste confirmé une recrudescence des demandes étrangères de renseignements depuis le référendum sur le Brexit et depuis l’élection présidentielle américaine.

M. English s’est réjoui de ce que son pays puisse passer pour un refuge en période de turbulences planétaires.

“Partout dans le monde, il y a de l’angoisse générée par l’incertitude en Europe, en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis”, a-t-il dit.

“Je m’attends à ce que davantage de personnes demandent à émigrer en Nouvelle-Zélande. C’est aussi la marque de notre succès.”

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