Jérôme Truyens, “Stick d’or” de la finance

En inscrivant le deuxième but des Red Lions hier soir contre l’Espagne, Jérôme Truyens, le capitaine de l’équipe nationale belge de hockey, a contribué à la qualification de son équipe pour les demi-finales des championnats d’Europe qui se déroulent en ce moment à Boom. Portrait de ce jeune leader qui concilie une carrière dans la finance avec un agenda sportif de haut niveau.

“Je m’entraîne généralement deux jours et demi par semaine. Comme une grande partie des entraînements se déroulent en soirée, j’arrive à combiner le travail et le hockey”, explique Jérôme Truyens. Si ce Bruxellois qui vient tout juste de souffler ses 26 bougies jongle avec ces deux activités le plus naturellement du monde, ce n’est pas seulement parce qu’il est bien organisé et discipliné. C’est aussi, reconnaît-il, grâce à son employeur avec lequel il a trouvé un arrangement en matière de flexibilité. “J’ai un contrat à durée indéterminée, détaille le capitaine de l’équipe nationale de hockey. Quand j’ai des compétitions importantes, je prends un congé sans solde.” Cette année est toutefois un peu exceptionnelle. “J’ai arrêté à la banque début mai et je n’y reviendrai qu’en septembre car nous nous sommes d’abord préparés en vue du tournoi qualificatif pour la Coupe du monde 2014, qui s’est déroulé en juin à Rotterdam. Et depuis le début juillet, on s’entraîne pour les Championnats d’Europe qui auront lieu à Boom (Anvers), du 17 au 25 août.”

Pour la banque privée Puilaetco Dewaay, compter dans ses rangs un pilier des Red Lions a évidemment un impact positif. “Cela donne l’image d’un employeur qui a une réelle ouverture d’esprit en matière d’aménagement du temps de travail, précise Thierry Smets, président du comité de direction de la banque privée. Nous sommes réellement convaincus que pour être un employeur de qualité aujourd’hui, il faut offrir une certaine souplesse à ses collaborateurs.” La présence de Jérôme Truyens chez Puilaetco est aussi un élément qui fédère les troupes, poursuit le responsable. “Nous nous retrouvons avec plusieurs collègues autour du terrain dans un cadre convivial. Nous suivons ses résultats qui sont affichés sur de grands écrans dans les bureaux. Cela soude les équipes et crée une fierté d’appartenance à Puilaetco.”

Grande distinction à Solvay
Même s’il se démocratise, le hockey demeure un sport plutôt pratiqué dans les milieux aisés, qui constituent un vivier de clients potentiels pour les banques. La plupart d’entre elles l’ont bien compris, elles qui sponsorisent un ou plusieurs clubs du top belge. Puilaetco est le sponsor principal du Racing, le club ucclois de Jérôme Truyens. C’est de cette manière que le capitaine des Rats est entré en contact avec les dirigeants de la banque privée quand il a terminé ses études d’ingénieur commercial. “J’ai étudié les trois premières années à la VUB, raconte-t-il, car le statut pour les sportifs y était plus avantageux. Je regroupais tous mes examens en une semaine début janvier, ce qui me permettait de partir en stage plusieurs semaines avec l’équipe nationale en janvier et en février. Mais comme j’avais toujours rêvé de faire Solvay, j’ai effectué mes deux dernières années à l’ULB.”

Diplômé avec grande distinction en juin 2010, il est engagé chez Puilaetco en novembre de la même année comme analyste financier. “J’avais envie d’apprendre ce qu’est le monde de la finance. J’ai travaillé deux ans et demi dans le département obligataire. Depuis le mois d’avril, je suis assistant manager de deux fonds d’actions.”

“Si nous avons engagé Jérôme, insiste le patron de la banque, c’est parce qu’il avait le cursus qui nous intéressait. Et en plus, il est trilingue !”

Tchouk, comme on l’a surnommé dans le petit monde du hockey, est né dans une famille de sportifs. Son père et sa mère étaient de grands joueurs de tennis. “J’ai commencé à jouer au hockey au Racing à Uccle à l’âge de cinq ans, se souvient-il. Aujourd’hui toute la famille pratique ce sport : mon frère jumeau est dans l’équipe nationale en salle et mes deux soeurs ont fait partie de l’équipe nationale des moins de 21 ans.” Jérôme Truyens a rejoint l’équipe nationale de hockey le 17 juillet 2004. Il allait fêter ses 17 ans. Depuis lors, ce milieu de terrain au dossard numéro 28 est devenu un pion essentiel de l’équipe belge. Plusieurs fois, c’est lui qui a marqué le goal décisif.

Aux JO de Pékin et de Londres Sacré Stick d’or (Ndlr, l’équivalent du Soulier d’or dans le football) en 2010, il a participé aux deux dernières éditions des Jeux olympiques, à Pékin et à Londres. C’est dans la capitale anglaise qu’il a porté pour la première fois le brassard de capitaine. Un rôle qu’il a accepté comme “quelque chose de naturel”. Considéré dans le milieu du hockey comme un gentleman, Jérôme a le caractère de l’emploi. “Sur le terrain, j’essaie de montrer l’exemple, je suis positif et j’encourage mes équipiers. De ma position, j’ai une vue idéale sur le jeu. Je fais le lien entre les attaquants et les défenseurs.” Dans le match qui a opposé la Belgique à la République tchèque, ce lundi 19 août, le meneur de jeu en était à sa 250e sélection en équipe nationale. Presque un record ! En inscrivant le deuxième but des Red Lions mercredi soir contre l’Espagne, Jérôme Truyens a contribué à la qualification de son équipe pour les demi-finales des championnats d’Europe qui se déroulent en ce moment à Boom.

Souvent approché par des clubs professionnels de l’étranger, Tchouk est toujours resté fidèle à son club et à son maillot zébré, même quand le Racing évoluait dans les abysses du classement. Sans doute parce que le jeune homme caresse toujours l’espoir de remporter, avec son équipe fanion, le titre de champion de Belgique.

Le sportif n’a pas beaucoup de temps pour s’adonner à d’autres hobbies. Même pris par le hockey, le banquier tente, par ailleurs, de garder le contact avec le monde des affaires en consultant, quand il peut, ses mails professionnels. “C’est quelqu’un de très calme et pondéré, témoigne le patron de la banque. Il est bien dans sa peau. La gestion de stress qu’il acquiert dans le sport de haut niveau est une qualité qui nous intéresse pour les postes liés aux marchés financiers. Cela pourrait être un atout pour sa carrière future.”

“Le stress ne m’envahit pas, confirme l’intéressé. C’est peut-être parce que j’ai vécu de grands événements.” D’après Thierry Smets, la seule contrainte que le hockey impose actuellement à l’analyste dans sa vie de banquier, est de “ne pas pouvoir occuper un job en contact avec la clientèle car il n’est pas possible de mettre en place une organisation du travail alternative.”

Des ambitions entrepreneuriales
Comme tous les sports de haut niveau, le hockey demande pas mal de sacrifices. Aussi le jeune homme a-t-il décidé de rester dans l’équipe nationale jusqu’aux JO de Rio en 2016. “J’ai des ambitions professionnelles”, confie-t-il. Lesquelles ? “Le jour où je serai à 100 % dans mon travail, je me remettrai en question et je verrai ce que je veux faire. Je pourrais aussi monter ma propre société, lancer quelque chose de A à Z.” Sans oublier sa vie privée. “Ma petite amie me suit et me comprend mais nous avons des projets.”

Dans l’immédiat, priorité aux Championnats d’Europe. Depuis le début du mois de juillet, Jérôme Truyens s’entraîne quatre jours par semaine et suit un régime alimentaire très strict : pas de graisses ni de boissons sucrées et encore moins d’alcool. L’enjeu est de taille. “On nous attend au tournant après nos bonnes prestations de juin à Rotterdam. On vise une médaille.” Quoi qu’il en soit, cette compétition (Ndlr, la troisième en importance après les JO et la Coupe du monde) qui se déroule pour la première fois dans notre pays sera une grande fête pour le hockey belge. Et Jérôme Truyens pourra compter sur le soutien du personnel de Puilaetco. “Je reçois beaucoup de messages d’encouragements et de félicitations de mes collègues.” Come on Tchouk !

SANDRINE VANDENDOOREN

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