Hergé, peintre convoité

Après les planches originales de Tintin, ce sont aujourd’hui les tableaux abstraits du dessinateur qui suscitent l’intérêt des spéculateurs.

Si la dernière vente aux enchères dédiée à Tintin ce 22 mai à Namur n’a pas explosé les records déjà atteints – ce qui est logique car aucune planche originale n’y était proposée -, l’événement a toutefois révélé une dimension inédite dans la spéculation tintinophile ambiante. Car jusqu’ici, seule l’oeuvre d’Hergé en tant que dessinateur de BD était prise en considération dans ce genre de manifestation. Or, pour la première fois depuis la mort de l’artiste en 1983, ce ne sont pas uniquement les talents du créateur de Tintin qui ont été soumis à la fièvre des collectionneurs, mais bien la sensibilité picturale de Georges Remi (dit Hergé), auteur d’une quarantaine de tableaux d’art abstrait et dont l’un a trouvé preneur ce dimanche pour la somme de 35.000 euros.

Peu de lecteurs connaissent, il est vrai, cette face “cachée” de l’oeuvre d’Hergé. Passionné d’art moderne, l’homme était non seulement un grand collectionneur de tableaux (il possédait une trentaine de peintures signées Fontana, Noland, Poliakoff, Lichtenstein ou encore Warhol), mais aussi un artiste curieux qui a osé prendre lui-même, avec ses pinceaux, le chemin de l’art abstrait. Au total, Hergé aurait ainsi signé une quarantaine d’oeuvres d’art contemporain dont les motifs naviguent, selon les experts, entre les univers de Miro et du Belge Van Lint.

Si la quasi-totalité de ces tableaux sont aujourd’hui entre les mains de sa seconde épouse Fanny Rodwell, une toute petite poignée serait toujours “dans la nature”, laissant ainsi la porte ouverte aux spéculations les plus folles. Deux oeuvres – authentifiées depuis -auraient été données par Hergé lui-même à sa gouvernante espagnole et c’est précisément l’un de ces tableaux qui a été vendu ce dimanche à Namur à un prix qui a réellement créé la surprise chez les commissaires. Le second – qui sera mis aux enchères à la fin de l’année à Paris – devrait donc à nouveau titiller les investisseurs déjà habitués au bon rendement généré par les planches originales de Tintin. Car en 15 ans, leur valeur a tout simplement décuplé. Qui dit mieux ?

Frédéric Brébant

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