Dis-moi ce que tu “likes” sur Facebook, je te dirai qui tu es

Une étude publiée par des chercheurs de l’Université de Cambridge dévoile la facilité avec laquelle il est possible de retirer de grandes quantités d’informations à partir de l’analyse des mentions “J’aime” sur le réseau social.

Les chercheurs Michal Kosinski, de l’Université de Cambridge, et David Stillwell de l’Université de Nottingham, ont publié les conclusions de leur étude sur les liens entre les “J’aime” de Facebook et l’identité des utilisateurs.

Ces “J’aime” qui nous trahissent

Leur travail a consisté à analyser les mentions “J’aime” de 58.000 internautes américains afin de mettre au point un algorithme capable de déterminer, avec plus ou moins de réussite, l’âge, le sexe, les croyances, l’orientation sexuelle, l’intelligence et même la consommation éventuelle de drogue des sujets d’étude. “Nous avons sélectionné des traits et des attributs qui révèlent à quel point est précis, et potentiellement intrusif, un tel modèle prédictif”, écrivent-ils.

Les chercheurs ont par exemple réussi à deviner avec plus de 93% de réussite l’origine et le sexe des interrogés. D’après eux, cela signifie que “les types de comportements en ligne, à travers les ‘Like’, diffèrent de façon significative entre ces groupes, permettant une classification quasi parfaite”. Parmi les autres thèmes analysés, l’étude a dévoilé l’orientation sexuelle avec 88% de réussite chez les hommes et 75% chez les femmes. Elle va même jusqu’à deviner si les internautes sont en couple ou pas avec 67% de chances. Et les pourcentages de réussites concernant l’alcool (70%), le tabac (73%) et même les drogues (65%) sont eux aussi respectables.

Toutefois, l’algorithme montre ses limites et certaines connexions se révèlent absconses ou dues à des bizarreries mathématiques voire simplement à nos constructions sociales. Ainsi, vous serez sans doute ravis d’apprendre que les personnes qui aiment “Le Seigneur des Anneaux”, “Le Parrain”, Mozart ou les “curly fries” ont en moyenne un QI plus élevé. Mais si vous “likez” les pages Facebook de Harley Davidson, Sephora ou “J’adore être maman”, alors votre QI a des chances d’être plus faible…

Une étude qui dévoile un malaise plus profond

Blague à part, ces résultats ont malgré tout de quoi inquiéter à l’heure où la protection des données personnelles devient un véritable problème de société et angoisse la plupart des internautes mal informés face aux dangers. L’étude montre donc que ces “J’aime” innofensifs, au même titre que nos courriels, nos préférences musicales ou nos recherches sur internet, sont autant de bribes de nos vies privées qui font la joie des entreprises de marketing. Le modèle économique de Facebook lui-même est basé sur la récolte et l’analyse de ces “fuites” qui profitent aux annonceurs afin de cibler avec précision les futurs destinataires de leurs campagnes publicitaires.

Le rapport alerte ainsi sur la possibilité d’utiliser à mauvais escient toutes ces données si elles venaient à tomber entre les mains d’individus mal intentionnés. Pour paraître plus convaincant sur le pouvoir de leur algorithme, les chercheurs ont créé le site youarewhatyoulike afin que chacun puisse voir ce que révèlent les mentions “J’aime” de leur propre compte Facebook.

Samuel Baudoui, L’Expansion.com

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