Dexia : notre Top 5 des “petites phrases qui tuent”

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Pierre Mariani, CEO de Dexia, persiste et signe : les abysses financiers d’aujourd’hui ont été creusés par les patrons d’hier. Ce n’est pas la première fois qu’il “charge” ainsi ses prédécesseurs… qui en ont autant pour lui. L’occasion d’un Top 5 des “petites phrases” du dossier Dexia, sous forme de quizz.

1. Qui a dit : “Nous avons payé et nous continuons à payer les conséquences des excès du passé” ?

Réponse : Pierre Mariani, actuel CEO de Dexia

Les résultats du groupe Dexia sont la facture du passé, a commenté jeudi Pierre Mariani, CEO du groupe franco-belge. “Nous avons payé et nous continuons à payer les conséquences des excès du passé”, a asséné Pierre Mariani en évoquant la présence de Dexia aux Etats-Unis (via notamment l’ancienne filiale FSA), les “déséquilibres du bilan et les besoins de financement à court terme” ou encore “les activités purement financières et spéculatives” auxquelles le groupe s’était livré jusqu’à l’automne 2008.

Le CEO a de nouveau défendu la manière dont le groupe a été géré après la crise financière de 2008. Entre fin 2008 et juin 2011, Dexia était notamment parvenu à réduire de 47 %, soit 121 milliards d’euros, ses actifs financiers non stratégiques.

“Dexia a fait tout ce qu’il était possible de faire pour réduire le risque systémique : nous avons pris toutes nos responsabilités !”, a encore déclaré le CEO, selon qui “les clients du groupe ont continué à être servis au cours de ces trois dernières années”.

La crise de la dette souveraine a frappé Dexia de plein fouet, à l’été 2011. Le groupe, dans le collimateur des agences de notation, a alors fait face à de sévères tensions sur sa liquidité et n’a finalement pu éviter, en octobre 2011, de procéder à une “restructuration ordonnée”, toujours en cours.

2. Qui a dit : “Ces résultats portent en eux le coût de développements hasardeux et mal financés” ?

Réponse : toujours Pierre Mariani… mais en 2009

Le 26 février 2009, un jeudi. Dexia chutait de quasiment 5 % à la Bourse de Bruxelles vers 9 h 35, après avoir dévoilé une perte nette de 3,326 milliards d’euros, supérieure aux estimations initiales, pour l’année 2008.

Un air de déjà-entendu ? Pierre Mariani attribuait alors les problèmes de Dexia aux erreurs et errances de la précédente direction : “Les résultats de l’exercice 2008 témoignent de l’ampleur d’une crise tout à fait exceptionnelle et de fragilités structurelles accumulées par Dexia au cours des dernières années. Ils portent en eux le coût de développements hasardeux, mal financés et tentés loin des bases et des métiers qui ont fait la force historique de la société.”

3. Qui a dit : “Je ne comprends pas comment Axel Miller peut encore être actif dans le secteur bancaire” ?

Réponse : l’économiste Koen Schoors

Le professeur d’économie Koen Schoors (RUG) estimait mi-décembre 2011, devant une commission du Parlement flamand, que la “responsabilité écrasante” de la situation catastrophique de Dexia incombait à l’ancien management du groupe, à savoir Axel Miller et Pierre Richard.

De plus, outre sa construction sous forme de fonds spéculatif, le holding avait acquis des actifs pour plus de 200 milliards d’euros sans aucun lien avec son coeur de métier, ce que l’économiste a qualifié d'”incroyable”. Celui-ci a également dit ne pas comprendre comment Axel Miller pouvait encore être actif aujourd’hui dans le secteur bancaire…

4. Qui a dit : “Mégalomane ? Peut-être…”, mais au moins “ambitieux” ?

Réponse : Pierre Richard, ex-président de Dexia

Pierre Richard a réfuté toute idée de “mégalomanie” de sa part, lorsqu’il était CEO de Dexia entre 2000 et 2006 puis président jusqu’en 2008 – accusation portée par Pierre Mariani et Jean-Luc Dehaene, actuels CEO et président. “Notre stratégie était peut-être trop ambitieuse mais elle a toujours été affichée, affirmait-il au début de décembre 2011 lors d’une audition devant la commission spéciale de la Chambre. Aucune objection n’a jamais été formulée par une quelconque autorité et le conseil d’administration l’a toujours approuvée.”

Devant les députés, Pierre Richard a rappelé que durant cette période, marquée par une consolidation généralisée dans le milieu bancaire, Dexia était restée en 20e position du classement des grandes banques mondiales. “Nous avons donc fortement grandi, mais les autres aussi !” Façon, aussi, de comparer une stratégie “ambitieuse” et une banque “grandie” à la stratégie de ses successeurs ?

5. Qui a dit : “Il y a eu Louis XVI, Napoléon et… Pierre Mariani” ?

Réponse : François Narmon, ex-président de Dexia

Détail piquant : l’accusation de mégalomanie semble à double tranchant, puisque François Narmon comparait, mi-octobre dernier, Pierre Mariani à Louis XVI et Napoléon, rien de moin : “Il y a eu Louis XVI, Napoléon et… Mariani. La façon dont il a géré la banque est une catastrophe. La seule chose que l’Etat doit faire, c’est rappeler Decraene. Il (Mariani) décide de tout avec une meute d’experts et de consultants. C’est typiquement français. Il n’est pas un homme de terrain.”

Le même François Narmon qui assurait, auditionné devant la commission Dexia à la mi-décembre, que le conseil d’administration de Dexia s’était toujours “activement préoccupé” de la gestion des risques au sein du groupe franco-belge, période durant laquelle il n’a toutefois reçu “aucun signal d’alarme”.

V.D.

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