Dexia : Dehaene démissionne… et contre-attaque

© Image Globe/Julien Warnand

Jean-Luc Dehaene avait perdu toute crédibilité depuis l’opération de sauvetage express de Dexia. Le président, qui vient de démissionner de Dexia Banque Belgique avec effet immédiat, s’est avéré “un très mauvais choix” pour certains. Olivier Maingain réclame déjà une commission d’enquête parlementaire… tandis que Dehaene contre-attaque en ciblant les Etats.

Melchior Wathelet, secrétaire d’Etat fédéral au Budget, a assuré lundi que les futurs dirigeants de la nouvelle banque Dexia ne toucheront pas de bonus, critiquant au passage l’attitude de l’administrateur délégué actuel du groupe, Pierre Mariani. “Quand on voit que Mariani s’est octroyé un bonus pour sa bonne gestion (600.000 euros en avril dernier), cela pose un vrai problème d’ordre éthique, d’ordre moral”, a-t-il déclaré lundi au micro de Bel RTL.

“On ne peut pas demander la garantie de l’Etat et puis s’octroyer des bonus”, a-t-il ajouté, estimant que les dirigeants doivent faire preuve d’un “minimum d’éthique”. Interrogé pour savoir si les futurs patrons de Dexia Banque Belgique seraient dès lors privés à l’avenir de bonus, Melchior Wathelet a répondu : “Bien sûr, c’est très clair !”

Dehaene, un “très mauvais choix” pour la présidence de Dexia ?

Pour le secrétaire d’Etat, la responsabilité de la déroute de Dexia repose sur le conseil d’administration. “Il y a eu de très mauvais choix”, a-t-il jugé.

Interrogé par la Première (RTBF) sur le rôle de Jean-Luc Dehaene, président du conseil d’administration de Dexia, dans l’affaire, le ministre des Finances Didier Reynders a estimé de son côté que celui-ci n’avait pas eu une tâche aisée, celle de concilier les intérêts parfois très divergents des différents actionnaires.

Malgré cela, le ministre libéral a clairement laissé entendre la fin du parcours du plombier de Vilvorde. “Je ne pense pas que Jean-Luc Dehaene reprendra la présidence de la nouvelle banque”, a indiqué Didier Reynders, précisant vouloir à présent confier la nouvelles banque à “de vrais professionnels”, sélectionnés à l’aide de bureaux spécialisés. Jean-Luc Dehaene ne fera, lui, plus partie de la nouvelle banque, a indiqué Didier Reynders.

Dexia : Olivier Maingain réclame une commission d’enquête parlementaire

Olivier Maingain,président des Fédéralistes Démocrates Francophones (FDF), a réclamé lundi la mise sur pied d’une commission d’enquête parlementaire afin de tirer au clair les responsabilités dans la déroute de Dexia, dont les communes du pays sont les grandes perdantes, selon lui.

“C’est, pour un certain nombre de communes, une perte sèche de rentrées de dividendes”, a-t-il commenté lundi matin au micro de Twizz Radio, rappelant que le naufrage de Fortis, en 2008, avait également donné lieu à une commission d’enquête.

“Vu la nature de l’actionnariat de Dexia, une commission d’enquête parlementaire se justifie”, a ajouté Olivier Maingain, pour qui on n’a pas retenu les leçons de 2008 : “C’est le propre souvent de la politique en Belgique : il faut avoir le couteau un peu sous la gorge pour que les décisions se prennent.”

Mariani et Dehaene contre-attaquent et présentent Dexia en “victime d’une crise imprévisible”

Les deux patrons du groupe Dexia, le CEO Pierre Mariani et le président du conseil d’administration Jean-Luc Dehaene, ont défendu lundi matin leur action devant la presse, présentant le groupe aujourd’hui scindé comme une victime d’une crise de l’euro “imprévisible”.

“Nous aurions sans doute réussi” à redresser le groupe franco-belge s’il n’y avait pas eu la crise de la dette souveraine, a affirmé l’ancien Premier ministre belge, rappelant qu’il avait été appelé par le gouvernement belge à la présidence du CA de Dexia lors de la recapitalisation de 2008, sans qu’il ne l’ait lui-même souhaité.

“Cette recapitalisation était une réponse inappropriée aux besoins réels de liquidités” de Dexia, a affirmé pour sa part le Français Pierre Mariani. La solvabilité du groupe, qu’assurait cette recapitalisation, n’était en effet pas menacée, comme l’ont confirmé les tests de résistance, a-t-il ajouté.

Défendant son action – “notre portefeuille obligataire est passé de 220 milliards à 125 milliards d’euros en trois ans” – Pierre Mariani a critiqué les gouvernements qui avaient appelé les banques à ne pas se défaire de leurs obligations afin d’éviter d’aggraver le cas grec : “Peut-être notre naïveté a-t-elle été d’être trop obéissants vis-à-vis de ces recommandations gouvernementales, venant notamment d’une personne qui est aujourd’hui à la tête du FMI”, a-t-il ajouté, visant sa compatriote Christine Lagarde.

Assurant n’avoir aucune ambition dans Dexia Banque Belgique, il a officiellement démissionné lundi matin, avec effet immédiat, tout en demeurant président du conseil d’administration du groupe Dexia. “Si le gouvernement pense qu’il faut une autre personne, mon successeur recevra des fleurs de la part de ma femme !”, avait plaisanté le septuagénaire un peu plus tôt, mettant au défi “certains donneurs de leçons” de faire eux-mêmes “leur examen de conscience”.

Trends.be, avec Belga

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content