Dexia Banque : pourquoi a-t-on tant traîné ?

© Image Globe/Dirk Waem

Plusieurs mois après le second sauvetage de Dexia Banque, le gouvernement vient – enfin – de s’accorder sur les noms des membres de son nouveau conseil d’administration. Ces longues semaines d’attente s’expliquent par des motifs politiques.

Le comité ministériel restreint a tranché mercredi matin le point relatif à la constitution du conseil d’administration de Dexia Banque Belgique. Ledit CA se compose de 10 membres.

Côté francophone : outre le président Alfred Bouckaert (déjà désigné en novembre dernier), le gouvernement a retenu Guy Quaden (ancien gouverneur de la Banque nationale de Belgique), Martine Durez (Bpost, Belgacom et membre du conseil de régence de la BNB), Serge Wibaut (BNP Paribas Fortis) et Pierre Francotte (Euroclear).

Côté néerlandophone : Marie Dequae (ex-Bekaert), Chris Sunt (avocat d’affaires), Lutgart Van den Berghe (Vlerick School, administratrice de Belgacom), Rudi Vander Vennet (professeur de l’Université de Gand) et Wouter Devriendt (ABN Amro).

Pour assumer ces nouvelles fonctions, Martine Durez devra démissionner du conseil de régence de la BNB et Serge Wibaut devra quitter BNP Paribas Fortis. Le gouvernement devra également demander au conseil de régence de la BNB une dérogation au délai de viduité pour Guy Quaden, c’est-à-dire le délai pendant lequel l’ancien gouverneur ne peut exercer une nouvelle fonction dans le secteur bancaire.

Ces 10 personnes constitueront les membres non exécutifs du conseil d’administration de DBB, qui compte également les neuf membres du comité de direction de la banque. Le président Alfred Bouckaert est en effet considéré comme non exécutif, ce qui permet de respecter la loi qui prévoit qu’il faut un administrateur non exécutif de plus que les membres exécutifs.

Dexia Banque : Laurette Onkelinx prend la mouche

Drôle d’histoire que celle des nouveaux administrateurs de Dexia Banque… Au départ, tout devait aller vite. Dès le mois d’octobre, juste après le deuxième sauvetage de la banque, Didier Reynders, alors ministre des Finances, avait mandaté le chasseur de têtes Egon Zehnder pour établir une liste de futurs administrateurs non exécutifs. Rapidement, le nom de Freddy Bouckaert (ex-Axa) a émergé pour assurer les fonctions de président de ce nouveau conseil. Le reste de l’équipe devait normalement être connu pour Noël.

Mais voilà. Jusqu’à mercredi, pas de fumée blanche. Le problème ? La short list des candidats dressée par Egon Zehnder. Elle ne contenait “que” neuf noms (pour neuf sièges), parmi lesquels on retrouvait notamment ceux de Martine Durez, Bruno Colmant (Roland Berger, ex-Ageas) ou encore Serge Wibaut (BNP Paribas Fortis).

Inacceptable pour Laurette Onkelinx : le gouvernement ne doit pas être mis devant le fait accompli. Pas question pour la vice-Première socialiste de se contenter de ratifier une liste établie par Freddy Bouckaert après en avoir discuté avec le chasseur de têtes. Celle-ci doit être élargie à d’autres noms pour tenir compte, notamment, des équilibres linguistiques. Bref, on était repartis pour un tour.

Voici peu, plusieurs sources indiquaient par ailleurs que le Parti socialiste exigeait de modifier la liste dressée par Egon Zehnder en concertation avec Alfred Bouckaert. Le PS voulait ainsi réintégrer une personne retenue dans la liste de 25 noms mais qui a été “sortie” de la liste finale de neuf noms. Une exigence qui avait le don d’irriter d’autres partis du gouvernement… et qui expliqueraient aussi le retard mis à aboutir à un accord.

Dommage pour la banque qui, quatre mois après avoir été rachetée par l’Etat, ne disposait toujours pas d’une équipe pour fixer le cap. Des décisions importantes devaient pourtant être prises. Décisions qui relèvent du conseil d’administration. A commencer, bien sûr, par le choix d’un nouveau nom, censé redorer le blason de la banque et lui insuffler une nouvelle dynamique commerciale.

Trends.be, avec Sébastien Buron et Belga

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