Brider les salaires du secteur public : l’exemple français

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Le Premier ministre français a précisé mardi, dans un entretien à nos confrères de L’Express, que la réduction de l’écart salarial dans les entreprises publiques s’appliquerait aux “contrats en cours”, contrairement à ce qui avait été annoncé dans un premier temps. Reste maintenant à savoir si les cadres seront aussi concernés…

La réduction des écarts de salaires dans les entreprises publiques était prévue dans le programme du nouveau président français, François Hollande. Le gouvernement compte bien s’atteler rapidement à ce dossier dont les contours se précisent.

Salaires du secteur public : les contrats en cours seront concernés…

Dans un entretien à L’Express mardi, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a annoncé que la réduction de l’écart salarial à une fourchette de 1 à 20 dans les entreprises publiques serait appliquée aux “contrats en cours” : “Je crois au patriotisme des dirigeants, qui peuvent comprendre que la crise suppose l’exemplarité des élites politiques et économiques.”

Durant la campagne présidentielle, Michel Sapin, alors chargé du programme présidentiel, avait au contraire affirmé que ces contrats ne seraient pas concernés. “C’est rare, comme ça, en cours de contrat, de baisser les salaires des uns et des autres, on est humains”, déclarait-il le 9 mai dernier.

Entre-temps, le gouvernement a donc révisé sa position. “Les Français ont voté le 6 mai et les chefs d’entreprise sont respectueux du suffrage universel”, affirme ainsi Jean-Marc Ayrault, qui rappelle que les rémunérations du président de la République, du Premier ministre et des membres du gouvernement ont été baissées de 30 % par rapport au gouvernement sortant.

… Mais des inconnues demeurent

On ignore pour l’instant quelle part de la rémunération des patrons sera prise en compte par la mesure de plafonnement. D’après Les Echos, l’ensemble des revenus, fixe et variable, devrait être concernée.

Sachant que les salaires les plus bas dans la plupart des entreprises publiques sont à peu près 20 % plus élevés que le Smic, le plafond se situerait aux alentours de 400.000 euros. Le quotidien économique estime que Jean-Paul Bailly (La Poste), Luc Oursel (Areva) et Pierre Graff (Aéroports de Paris) seraient notamment concernés.

Brider les salaires dans le public : les patrons seuls concernés ?

Reste à savoir si les salaires des patrons seront les seuls concernés par la mesure. Bien souvent, ils ne sont pas les seuls à dépasser les 400.000 euros. Les cadres dont les revenus excèdent ce plafond seront-ils aussi concernés ? Si un décret de 1953 permet au ministre français de l’Economie de fixer les salaire des dirigeants des entreprises publiques, rien ne l’autorise à réduire les rémunérations des autres salariés.

Interrogé sur l’antenne d’Europe 1, Louis Gallois, patron d’EADS (dont le mandat s’achève le 31 mai), estime qu'”on arrive à vivre avec des salaires qui représentent 20 fois ceux du minimum”. En l’occurrence 600.000 euros chez EADS. Mais “à partir du moment où le salaire du PDG est baissé, il va y avoir un problème s’il a le 30e salaire de l’entreprise”, précise-t-il. Pour lui, “il faut laisser le soin aux entreprises de fixer les salaires”.

Précisons que Louis Gallois a empoché 2,63 millions d’euros en 2010.

Trends.be, avec L’Expansion.com

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