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Mythes et réalités sur la dette

On ne peut y échapper, la crise politique est au centre de toutes les discussions. Elle a même réussi à attirer l’attention des observateurs étrangers, au risque d’entacher la réputation de la dette belge. Essayons ici d’y voir un peu plus clair en écornant au passage quelques mythes liés à la dette de notre pays.

On ne peut y échapper, la crise politique est au centre de toutes les discussions. Elle a même réussi à attirer l’attention des observateurs étrangers, au risque d’entacher la réputation de la dette belge. Essayons ici d’y voir un peu plus clair en écornant au passage quelques mythes liés à la dette de notre pays.

La situation est encore maîtrisée…

Tout d’abord, le niveau du taux d’intérêt sur la dette en OLO reste faible, malgré les tensions dans la zone euro, et malgré la crise politique belge. On est donc encore loin des taux exigés au Portugal, à l’Irlande ou même à l’Espagne. Il est même encore inférieur au taux moyen payé sur l’ensemble de la dette belge, ce qui, en d’autres termes, signifie qu’en refinançant la dette contractée dans le passé au taux actuel, la charge d’intérêt totale diminue.

Pourtant, les montants en jeu sont à ce point importants qu’il ne faut pas se contenter d’un taux faible dans l’absolu, mais qu’il faut viser le taux d’intérêt le plus bas possible. Pour rappel, une différence d’un point de base sur l’ensemble de la dette représente une charge d’intérêt supplémentaire de 35 millions d’euros. A l’heure de l’austérité, ce n’est pas négligeable. A ce titre, il est essentiel de maintenir la prime de risque payée par la Belgique, c’est-à-dire l’écart ou spread entre l’OLO belge et le taux des Bund allemands (le taux dit sans risque), au niveau le plus faible possible.

Cela dit, il est normal que le spread s’élargisse en période de tensions dans la zone euro. Pareille situation a déjà été rencontrée durant les pires heures de la crise financière, ou durant l’épisode irlandais. Considérant que la qualité de la Belgique en tant “qu’émettrice de dette” se situe entre la France et l’Italie, un rapide calcul permet de déduire que la valeur “de référence” du spread belge devrait se situer aux environs de la moyenne du spread de ces deux pays. Tout écart par rapport à cette valeur de référence serait alors imputable à des phénomènes belgo-belges, en ce compris la crise politique. Or, même lorsque celle-ci ne laissait plus vraiment entrevoir de solution, le spread belge n’a jamais dépassé sa valeur de référence que d’une vingtaine de points de base. L’impact de la crise politique est donc resté limité… jusqu’à présent.

… mais pourrait nous échapper très vite !

Les alertes émises par les chefs d’entreprise et les économistes sont-elles donc exagérées ? Assurément non ! Car, compte tenu des fondamentaux macroéconomiques de la Belgique, notre spread devrait en fait se situer pour le moment en dessous de sa valeur de référence.

En effet, le déficit public belge est inférieur à celui de l’Italie ET de la France, la croissance a été robuste en 2010 et le surplus du compte courant nous garantit un financement suffisant. C’est donc bien la crise politique qui a malheureusement fait glisser la Belgique du groupe des leaders vers le groupe des pays à qui on ne pardonne rien. Le coût réel de la crise est donc plus important qu’il n’y paraît. De plus, avoir attiré le feu des projecteurs sur nous en période de forte nervosité des marchés représente un risque important.

En conclusion, on pourra toujours reprocher aux marchés financiers d’être excessifs dans leurs réactions et d’être impatients vis-à-vis des Etats. Mais les doutes qu’ils émettent ne sont pas infondés. S’agissant de la Belgique, malgré des bases économiques solides, il est clair qu’un fonctionnement plus efficient des institutions en charge de la politique économique et sociale est indispensable pour faire face aux défis futurs. L’enlisement des négociations compromet la capacité du pays à réaliser cette mutation. De surcroît, l’efficience économique n’a pas vraiment été le critère utilisé jusqu’ici dans les discussions institutionnelles. La stratégie du “less is more” pourrait un peu changer la donne, quoique…

Mais une chose est certaine : il est plus qu’urgent d’aboutir, car un nouvel enlisement se traduira par une défiance très dommageable, non seulement des marchés financiers vis-à-vis de la dette belge, mais aussi de la population vis-à-vis de la classe politique.

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