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Mille milliards pour l’euro… et beaucoup plus encore !

Rarement accord aura-t-il suscité autant d’enthousiasme que celui conclu la semaine dernière à Bruxelles, en réponse à la crise grecque.

Rarement accord aura-t-il suscité autant d’enthousiasme que celui conclu la semaine dernière à Bruxelles, en réponse à la crise grecque. Les Bourses, et plus particulièrement les valeurs financières, ont commencé à se replier dès le surlendemain ? C’est vrai, mais elles avaient avant cela signé des flambées historiques. Car si plusieurs ténors bancaires ont vu leur titre gagner 15 % sur la seule journée de jeudi, avec un record de 22,5 % pour la française Société Générale, ceci ne peut occulter la forte hausse qui avait déjà précédé. Au point que, depuis leur tréfonds du moins précédent, le rebond atteignait ou dépassait 60 % pour des BNP Paribas, SocGen et autres Deutsche Bank. Les marchés se sont donc montrés euphoriques, alors même qu’ils anticipaient déjà de bonnes nouvelles, un doublé suffisamment rare pour être souligné.

En quoi ce sommet du 26 octobre fut-il à ce point marquant ? Même s’il n’a pas révélé de véritable surprise, au moins a-t-il répondu aux attentes au niveau des mesures et des chiffres. Et même au-delà sur le plan de la volonté exprimée par les chefs d’Etat. Premier point : les moyens d’action du Fonds européen de stabilité financière (FESF) devraient bondir à 1.000 milliards, par le biais d’un véhicule spécial (SPV) réunissant plusieurs grosses tirelires. La Chine y contribuera-t-elle ? Et de quelle manière l’Europe va-t-elle amplifier sa cagnotte pour obtenir l’effet de levier de 4 à 5 évoqué notamment par le président français ? Ces questions restent en suspens, comme plusieurs autres, au point qu’on a parfois perdu de vue la participation déterminante du FMI à ce pot commun salvateur. Il y aura donc là de quoi soutenir très activement le marché des obligations souveraines, y compris de l’Italie et de l’Espagne. Et si ces deux poids lourds arrivent, grâce à cela, à se financer sans trop de mal à l’avenir, leurs obligations existantes pourraient retrouver des couleurs. Au grand soulagement de leurs créanciers, banques en tête.

Second point : les chefs d’Etat européens se sont montrés franchement résolus et cela a plu aux investisseurs ! Ce n’est pas nouveau; c’est même une constante : les marchés n’avaient pas massacré l’Irlande l’an dernier, alors que le pays était confronté à une situation économique désastreuse et à la faillite virtuelle de ses banques. Pourquoi ? Parce que Dublin avait saisi le taureau par les cornes. C’est toute la différence avec l’Italie aujourd’hui. Le pays présente d’importantes faiblesses, sans être au 36e dessous pour autant, mais Rome n’affiche pas la fermeté souhaitée pour redresser la barre.

La mâle détermination affichée à Bruxelles dépasse par ailleurs ces 1.000 milliards et autres mesures techniques. Dans la foulée, il fut aussi question d’une plus grande convergence à venir au niveau des politiques fiscales : un premier rapport sur le sujet est attendu avant la fin de l’année et une étude plus complète en mars prochain. Par ailleurs, les mauvais élèves de la classe budgétaire ne seront dorénavant plus seulement montrés du doigt. Ils pourraient quasiment être mis sous tutelle, à l’instar d’une milliardaire prodigue. S’il reste une foule de points à préciser, ces promesses d’avancée européenne ont incontestablement fait bonne impression.

Voilà qui tombe à pic, alors que l’Europe commence à patiner sur le plan économique. Les indicateurs avancés publiés en zone euro pour le mois d’octobre font en effet craindre une légère contraction pour la fin 2011 et le début 2012, la croissance de l’an prochain s’annonçant globalement insignifiante. C’était vraiment le moment de resserrer les rangs !

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