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Même scindé en trois, Carrefour ne convainc pas

Sous la pression de ses actionnaires minoritaires, Carrefour s’apprêterait à se diviser en trois. L’idée derrière cette scission, c’est que chacune des trois parties prise séparément vaudra plus cher en Bourse qu’une seule entité homogène. Bref, une logique d’abord et avant tout financière.

Sous la pression de ses actionnaires minoritaires, Carrefour s’apprêterait à se diviser en trois. Pour ce groupe qui pèse tout de même 101 milliards d’euros de chiffres d’affaires, cette cure d’amaigrissement viserait notamment à isoler le patrimoine immobilier de Carrefour, estimé à 11 milliards d’euros.

L’idée derrière cette scission, c’est que chacune des trois parties prise séparément vaudra plus cher en Bourse qu’une seule entité homogène. Bref, une logique d’abord et avant tout financière.

L’autre raison est plus triviale encore : les actionnaires minoritaires, qui poussent à tout prix pour cette scission, sont entrés dans le capital de Carrefour à un prix de 53 euros par action. Or, l’action Carrefour a dégringolé depuis lors de 38 %, à 35 euros. Ces actionnaires veulent retrouver leur mise de départ, d’où leur volonté de faire ce qu’on appelle un “coup financier”.

Inutile de dire que ce projet de scission n’enthousiasme pas les syndicats, qui y voient surtout une logique de profit à court terme. Le pire est cependant que ce scénario d’amaigrissement n’enthousiasme pas non plus les analystes financiers, qui ne voient pas l’intérêt économique de cette scission et pensent plutôt que le groupe Carrefour navigue à vue.

Et pourtant, la direction du géant de la distribution doit faire quelque chose, car ses performances financières sont jugées décevantes par la Bourse. Carrefour a fait du surplace en termes de part de marché, et ce, depuis 10 ans ! Quant à sa marge nette, elle n’a fait que baisser : en 2001, elle était encore de 5,7 %, avant de tomber à 3 % en 2010.

Pour certains observateurs, les problèmes de Carrefour ont en réalité commencé avec la disparition de Paul-Louis Halley, l’un des actionnaires familiaux de Carrefour, qui s’était d’ailleurs établi en Belgique pour des raisons fiscales avant de décéder en avion au-dessus de la Manche.

Selon ces observateurs supposés avertis, les actionnaires avec une fibre, disons, de “commerçants” ne sont plus écoutés au sein du conseil d’administration de Carrefour, alors que les actionnaires avec un profil plus “financier”, eux, poussent de la voix. Clairement, la scission en trois de Carrefour répond à leur exigence. Reste à savoir si c’est la bonne décision à prendre. Affaire à suivre, donc.

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