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Même le Japon et les Etats-Unis…

L’année avait fort mal débuté, pour la dette souveraine européenne comme pour les banques les plus fragiles. Rien d’étonnant en ce qui concerne ces dernières…

L’année avait fort mal débuté, pour la dette souveraine européenne comme pour les banques les plus fragiles. Rien d’étonnant en ce qui concerne ces dernières, la Commission ayant annoncé que les détenteurs de leurs obligations pourraient partager l’ardoise avec les Etats en cas de nouvelle défaillance. Ce fut un fameux coup de sang sur les marchés ! Les Etats eux-mêmes étaient alors promis aux tourments les plus cruels, le Portugal étant, à bref délai, supposé suivre la Grèce et l’Irlande au ban d’infamie.

Un mois plus tard, la situation s’est apaisée à un degré que personne n’imaginait alors. Et pas seulement parce que l’Afrique du Nord a détourné l’attention des amateurs de frissons. Dans un premier temps, les obligations émises par les pays “fragiles” se sont fort bien placées. A des taux élevés, c’est vrai, en particulier pour l’Espagne. Mais certains craignaient des taux plus sévères encore, tandis que d’autres n’osaient pas jurer du succès. En dépit des promesses d’achat faites par les autorités chinoises.

Vint ensuite, le 25 janvier, l’émission-phare du Fonds européen de stabilité financière (FESF), dont les 5 milliards d’euros suscitèrent une demande neuf fois supérieure, en un quart d’heure à peine ! Une belle victoire pour l’Europe ? Le contraire eût été étonnant : après tout, comment snober du papier garanti (notamment) par l’Allemagne, mais offrant une rémunération supérieure de presque un quart ? Janvier, c’est le mois des soldes… On ne boudera pas son plaisir pour autant, fût-ce parce que c’est toujours bon à prendre pour l’image du Vieux Continent.

Le plus significatif s’est produit du côté des taux d’intérêt. Alors que les taux des obligations à 10 ans passaient de 3,30 %à 3,60 % pour les Etats-Unis et de 2,90 %à 3,25 % pour l’Allemagne, ils se sont stabilisés pour l’Irlande et le Portugal, et ont fléchi d’un bon dixième pour la Grèce. Détente aussi pour l’Espagne et pour la Belgique. L’écart de taux entre notre pays et son puissant voisin de l’Est est ainsi retombé à 0,90 % en début de semaine, venant d’un sommet de 1,40 % moins d’un mois plus tôt.

Belle détente donc pour les maillons faibles et assimilés… peut-être favorisée par quelques diversions venant d’outre-mer. Le 27 janvier, l’agence Standard & Poor’s dégradait en effet la note du Japon de AA à AA-. On croyait le pays au-dessus de tout soupçon, en dépit d’un endettement public atteignant 200 % du PIB, soit le double de la Belgique. L’agence américaine s’inquiète toutefois du fait que le gouvernement n’aborde pas cette situation de front. Les mêmes causes provoquant les mêmes inquiétudes, à défaut des mêmes effets, Moody’s a de son côté signalé que la note des Etats-Unis pourrait être revue à la baisse.

Ainsi qu’elle l’avait signalé à l’époque, c’est la prolongation des abattements fiscaux naguère instaurés par l’administration Bush qui a fait déborder le vase. Le rating de Washington demeure au sommet, mais il pourrait être abaissé plus tôt que prévu, avertit l’agence. Qui n’en est pas à son coup d’essai il est vrai : elle avait déjà lancé un tel avertissement voici exactement un an, ainsi qu’en janvier 2008. L’agence chinoise Dagong a, elle, franchi le pas. En juillet 2010, elle n’avait déjà attribué que le niveau AA aux Etats-Unis, ainsi exclus du Top 10 de la qualité souveraine. En novembre dernier, elle a été plus loin, avec un A+. On n’ira pas jusqu’à soutenir que le malheur des uns… Il n’est pas interdit, par contre, d’éprouver un certain soulagement à n’être pas seul montré du doigt !

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