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Marchés boursiers : la valeur du dernier indicateur

Les indicateurs macroéconomiques sont importants et constituent les seuls repères dont disposent les analystes, mais aussi les économistes, pour comprendre comment “tournent” les économies dans leur ensemble.

Chaque jour, un ou plusieurs indicateurs macro-économiques donne(nt) des informations sur la santé des différentes “grandes”économies mondiales. Les chroniques boursières y font d’ailleurs référence, et il n’est pas rare d’entendre ou de lire que “les marchés américains ont terminé la séance en hausse suite à la publication de l’indice X au-dessus des attentes”.

Et de fait, ces indicateurs macroéconomiques sont importants et constituent les seuls repères dont disposent les analystes, mais aussi les économistes, pour comprendre comment “tournent” les économies dans leur ensemble. De nombreux travaux ont en effet montré les liens qui existent entre ceux-ci et le cycle réel des économies. Ce sont donc des repères fiables. Les informations d’entreprises peuvent aussi être utiles dans certains cas, mais elles reflètent la performance relative d’une entreprise par rapport à ses concurrents ou son secteur. Ce type d’informations est donc, pour l’analyse conjoncturelle, plus difficile à interpréter.

Le matériel que constituent les indicateurs macroéconomiques est donc précieux, encore faut-il bien l’interpréter. On a vu souvent les marchés se retourner en cours de séance suite à la publication d’une statistique macroéconomique décevante. Et pour rappel, ladite statistique ne doit même pas être décevante dans l’absolu, car seule compte la différence entre la valeur de l’indicateur et la prévision qu’en avaient fait les marchés (le fameux consensus).

Réaction légitime…

Une telle réaction des marchés est-elle légitime ? A priori, oui. On peut même se réjouir que les marchés réagissent encore à des données macroéconomiques fondamentales. Cela exprime le lien qui unit (quoique, de manière très variable) l’économie réelle et l’économie financière. Cependant, dans certains cas, assez nombreux pour le moment, l’impact de la publication d’un indicateur prend des proportions démesurées.

Par exemple, au début de l’été, la publication de mauvaises statistiques au sujet du marché immobilier américain a fait plonger les indices boursiers, mais a aussi modifié les perspectives de nombreux analystes au sujet de l’économie américaine. Derrière les mauvaises statistiques du marché immobilier américain, se cachait en fait toute la question de la rechute en récession de l’économie américaine et elle semblait soudain trouver une réponse pessimiste.

… ou excessive ?

Cet exemple parmi d’autres laisserait penser que l’on peut faire porter à un seul indicateur (le dernier en date) tout le poids d’une prévision économique, au point que sa publication modifie entièrement un scénario de prévision. C’est un peu comme si face à un malade, un médecin ne retenait que son dernier relevé de température pour modifier du tout au tout son diagnostic. Certes, cela peut se comprendre dans certaines circonstances, mais dans la plupart des cas il s’agit là d’une réaction excessive. En effet, économiquement, un tel raisonnement n’a pas beaucoup de sens. Le but de l’analyse conjoncturelle est d’avoir une vision globale de l’économie. Cela sous-entend de regarder tous les indicateurs, et de les examiner dans le temps, d’en comprendre l’évolution. Le dernier indicateur en date ajoute de l’information, mais ne constitue pas l’unique information.

Alors pourquoi de telles réactions des marchés ? Sans doute est-ce caractéristique d’un trop-plein d’incertitude. Dans une période marquée par de nombreux doutes sur la capacité des économies “avancées”à encore générer de la croissance, la prévision économique devient particulièrement difficile, et ce d’autant plus que les indicateurs macroéconomiques envoient des signaux contraires. Une bonne ou une mauvaise nouvelle, la dernière en date, va alors focaliser toute l’attention et diriger l’avis de nombreux analystes qui sont en fait déboussolés et ne savent pas vraiment où va l’économie. La sur-réaction des marchés est donc un bon indicateur de ses doutes, et aussi longtemps que de telles réactions seront observées, il faudra considérer qu’en fait, les marchés sont encore perdus dans le brouillard d’une reprise lente.

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