” WoWo : mot compte triple ! “

" Force est de constater que, dans les hautes sphères, dans les fonctions de cadres supérieurs, ce sont les hommes qui sont largement présents. " Brigitte Chanoine, recteur de l'Ichec Brussels Management School © pg

Elles sont 30 à se raconter dans un nouveau livre. Elles, ce sont les WoWo, entendez les “WonderFul Women “. Ce réseau féminin compte aujourd’hui près de 40.000 affiliées en Belgique. Et parce qu’il leur faut parfois en faire trois fois plus que les hommes pour se réaliser pleinement professionnellement, ces entrepreneusesont décidé de livrer leur expérience de vie et leurs conseils d’épanouissement dans un ouvrage qu’elles espèrent inspirant pour les femmes mais aussi… pour les hommes !

Qu’ont en commun la pilote de course Sarah Bovy, la journaliste d’RTL-TVI Alix Battard, la styliste Alexia Mossay, la jeune écrivaine Pauline Nissen ou encore la réalisatrice Kadja Leclere : elles sont toutes devenues des femmes influentes et reconnues dans leur secteur d’activité. WoWo chacune à leur façon, elles ont accepté d’être présentes dans ce livre. ” Les femmes sont encore aujourd’hui trop peu visibles “, nous dit d’emblée Florence Blaimont, CEO de la Wonder Women Community (WoWo) et à la tête de ce projet d’écriture, réalisée avec la journaliste Clémence Mouton. Et pour citer les premières lignes de cet ouvrage : ” 60 % des femmes présentes dans les campagnes publicitaires sont représentées comme des femmes au foyer et les débats politiques, sportifs et économiques sont dédiés à 90 % aux hommes. ” Le ton est donné ! ” Attention, nous ne sommes pas là pour castrer les hommes !, tempère- t-elle en souriant. Mais de nombreuses études continuent de montrer les inégalités actuelles entre les genres que ce soit au niveau du salaire, de la représentativité et, d’une manière générale, de l’accès des femmes à des fonctions de haut niveau. ”

En guise d’introduction, le livre cite d’ailleurs les résultats 2016 de ” l’Amway Global Entrepreneurship Report “, un rapport mondial sur les questions liées au désir d’entreprendre. Même si ce chiffre est en augmentation avec les années, il montre que seulement 32 % des femmes belges s’imaginent lancer leur propre entreprise. Principal frein à ce grand saut : le manque de confiance en soi. ” C’est précisément pour cela que notre projet d’écriture a du sens, poursuit Florence Blaimont. Le manque d’audace est souvent quelque chose que j’entends quand une femme refuse de se lancer dans un nouveau défi professionnel alors que les hommes présentent nettement moins cet état d’âme. Et ce qui me tient le plus à coeur dans cet engagement féminin que je porte, c’est l’autonomie financière et émotionnelle à atteindre pour chaque femme. Tous les portraits que nous avons réunis dans ce livre témoignent de cette autonomie obtenue. Pour moi, c’est la base de l’épanouissement, c’est cette liberté à gagner. Et si ce livre peut transmettre aux lectrices un élan d’audace, aussi petit soit-il, je serai comblée. ”

La conciliation des temps

Parmi les 30 femmes qui ont accepté de se livrer, il y a notamment la ministre bruxelloise cdH Céline Fremault, très active sur les questions de genre dans la sphère politique. ” J’ai été baignée rapidement dans ma vie dans cet élan de solidarité et d’engagement au féminin. J’ai eu une grand-mère exceptionnelle qui est une des premières à avoir fait l’université. Mon chemin de vie, privé et professionnel, a toujours été jalonné de rencontres avec des femmes fortes, qui étaient très investies. Mon engagement parlementaire a tout de suite été lié à ces questions d’égalité entres les hommes et les femmes. C’est tout naturellement donc que j’ai été amenée à collaborer à ce projet. ” Une priorité du moment quand on évoque cette question du genre ? ” Sans hésiter, la question de la conciliation des temps entre vie privée et professionnelle à l’heure de l’éclatement du modèle familial traditionnel. Nous devons faire face aujourd’hui à une gestion du temps de plus en plus complexe, qui plus est quand on est une femme. Réfléchir donc à des modèles qui permettent aux femmes, très engagées dans leur cocon familial, de concilier cette énergie avec un épanouissement professionnel, est une des priorités du moment. L’écart salarial aussi, évidemment. Il y a encore des femmes qui n’osent pas aborder cette question financière au moment de l’entretien parce qu’elles ont peur de déplaire. Et sur toutes ces questions, on ne gagne rien à exclure les hommes. J’insiste donc pour rappeler que cette démarche ne se nourrit pas d’une dynamique des uns contre les autres. Bien au contraire. ”

Des référents féminins

Brigitte Chanoine, recteur de l’Ichec Brussels Management School, est la première et seule femme aujourd’hui à occuper ce type de poste chez nous. Pour elle, il est important d’offrir aux jeunes générations des modèles de référence féminins. ” La jeunesse a en effet besoin au début de sa carrière de s’identifier à des personnes marquantes. Et force est de constater que, dans les hautes sphères, dans les fonctions de cadres supérieurs, ce sont les hommes qui sont largement présents. Les comités de direction doivent aujourd’hui être conscients de cela et équilibrer les choses. Fort heureusement, les mentalités évoluent et la vigilance est de plus en plus présente. C’est aussi une question d’éducation. Les jeunes garçons doivent comprendre que notre société évolue, et que cet équilibre est important. Quant à la question des réseaux féminins, je suis assez prudente et distante par rapport à cela et pense aussi que c’est en incluant les hommes que nous arriverons à cet épanouissement collectif. ”

” Je suis ravie de partager l’affiche avec des femmes d’autres horizons “, nous dit pour sa part Nathalie Erdmanis, director strategic marketing & branding au sein de AG Insurance. ” On y voit des réussites aux tonalités différentes, et le fait de partager les compétences développées par chacune d’entre nous dans notre sphère d’activité est assez unique. Ce projet va donc au-delà de simples portraits. La part coaching est une vraie valeur ajoutée. Une récente étude du Crédit Suisse est venue confirmer le fait que les entreprises sont plus performantes quand les deux styles, féminin et masculin, sont présents au sein du management. On a donc besoin de ces femmes. Osez ! ”

Osez aussi la diversité. C’est la touche apportée en conclusion par Dominique Leroy, CEO de Proximus. ” Une entreprise moderne se doit d’être le reflet de la société où elle opère. L’équilibre hommes – femmes est une chose, mais l’ouverture aux cultures étrangères, à la diversité ethnique, est un des grands enjeux du moment. Le livre fait en partie écho à cette diversité et je suis très fière de faire partie de l’aventure. ”

Fabrice Lambert

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content