Voyages aux quatre coins du monde

Pour ce Bruxellois de 39 ans, bourlingueur et passionné de photos, éditer son premier livre aux éditions Hachette constitue l’accomplissement d’un rêve. Pourtant, Pascal Mannaerts n’avait pas pour objectif de devenir photographe ni auteur. Sorti du collège Saint-Michel d’Etterbeek et son diplôme de droit en poche, c’est en tant que juriste dans le domaine de l’asile qu’il démarre sa carrière. La photo, il la découvre véritablement en 2000, lors d’un voyage de plusieurs mois en Inde. ” Après un séjour assez court en Inde, je m’étais promis d’y revenir et c’est alors que je suis tombé amoureux de ce pays, se souvient Pascal Mannaerts. J’avais emmené un reflex que j’ai appris à manipuler sur place. ”

Depuis lors, cet autodidacte de la photo parcourt les chemins du monde, les chemins d’ailleurs, son appareil de photo à la main. Durant ses premières années autour du monde, l’homme fait des ” photos de voyage “. ” C’est-à-dire que je partais à la rencontre des cultures et des gens, à la recherche de l’insaisissable : un regard, un moment, une ambiance, explique-t-il. Je n’ai jamais fait des photos de monuments, ou très peu. Ce n’est pas mon truc. ” Ce qui le motive ? Les ” face à face avec les gens, insiste-il. C’est ce qui donne du sens au voyage et aux images “. Le point commun entre ses différents clichés réside dans la rencontre. Celle des pays et de leurs régions reculées, des cultures… mais surtout des autres. Depuis tout petit, Pascal Mannaerts a toujours eu cette facilité de contact, cette envie d’aller à la rencontre de l’autre. Il place l’humain au centre de sa recherche. ” Je ne suis pas du genre à voyager dans ma bulle, glisse-t-il. Je voyage toujours avec les modes de transport locaux : jamais je ne prends de véhicule privé… d’ailleurs, je n’ai toujours pas le permis “, éclate-t-il de rire. Cela explique pourquoi c’est sur ” la rencontre ” que s’ouvre ce beau livre de 208 pages et presque autant de photographies. Des visages d’hommes, de femmes et d’enfants s’affichent sur papier glacé, témoignant de toute la diversité de l’humanité, de Cuba au Japon, de la Chine au Tadjikistan.

Après quelques années de ” photos de voyage ” à immortaliser des instants suspendus au gré de ses pérégrinations, Pascal Mannaerts est allé un pas plus loin, emmenant son appareil sur les routes, de manière plus thématique et, surtout, plus engagée. Il part ainsi à la rencontre des veuves de Vrindavan, en Inde, ces femmes abandonnées par leur famille après la mort de leur mari. Pascal Mannaerts a aussi ramené des photos inspirées des nomades Qashqai (Iran), des fantômes de la mer d’Aral, des Tibétains en exil… Autant de témoignages en images qui parsèment les pages de Parchemins d’ailleurs, le livre du photographe qui porte le même nom que son blog. Plus qu’une invitation au voyage, ce gros livre vous déplace de l’Inde au Brésil et vous transporte d’un sentiment à un autre. Vous serez tantôt attendri par ces deux jeunes Cambodgiens au sourire ravageur, tantôt interrogé par ce regard de ce vieux Chinois qui semble vouloir tout connaître de votre vie.

Mais même s’il affiche une multitude de visages, l’ouvrage de Pascal Mannaerts fait également la part belle aux moments de vie (le chapitre ” Instants “) et au sacré. Quelques paysages irréels (le lac Bulunkul au Tadjikistan ou le cimetière des trains en Bolivie) illustrent aussi ce livre résolument plein de couleurs, de joie et de vie.

Pascal Mannaerts, ” Parchemins d’ailleurs “, éditions Hachette, 208 pages, 30 euros.

CHRISTOPHE CHARLOT

” Les face à face avec les gens, c’est ce qui donne du sens au voyage et aux images. ”

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