Voo est-il le boulet de nethys ?

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Patience et longueur de temps Font plus que force ni que rage. (Le Lion et le Rat)

En fédérant une série d’intercommunales au sud du pays, Stéphane Moreau est parvenu à créer un câblo-opérateur actif sur la quasi-totalité du territoire wallon et une partie du territoire bruxellois (via un accord avec Brutélé). C’était une opération indispensable pour espérer concurrencer Proximus et Telenet sur un marché des télécoms marqué par la prédominance des offres triple play, mêlant TV, Internet et téléphonie fixe. Sans la coupole Voo, les petites intercommunales de télédistribution auraient éprouvé les pires difficultés à créer dans leur coin des offres de télévision numérique dignes de ce nom. Ce phénomène de rapprochement et de rachat des infrastructures câblées par de gros acteurs s’est produit un peu partout dans le monde, y compris en Flandre où Telenet s’est imposé.

Là où le bât blesse, c’est au niveau des performances de cet acteur incontournable des télécoms. Pendant des années, le câblo-opérateur a accumulé les pertes. De 2009 à 2013, Voo a annoncé un total de 360 millions d’euros de pertes. Depuis 2014, Voo ne publie plus ses résultats de façon séparée : ils sont englobés dans l’entité Nethys. Cette entité génère 103 millions d’euros de bénéfices. Mais ces bénéfices résultent essentiellement des revenus financiers venant des filiales de Nethys. Les activités propres de la société, en ce compris l’activité de Voo, ne génèrent que 13 millions d’euros de bénéfices. ” Cela représente 2,50 % de rentabilité, commente Pascal Flisch, business development manager chez Roularta Business Information. La misère est bien cachée. ”

Ce manque de transparence jette le trouble sur une activité qui s’avère par ailleurs ultra-rentable pour la plupart des câblos. Selon L’Echo, Voo aurait dégagé un premier et modeste bénéfice de 500.000 euros en 2015. Il était temps : l’actif que constitue un réseau fixe de câblodistribution est en effet un véritable trésor sur lequel les opérateurs sont capables de capitaliser afin de maximiser leurs profits. Le concurrent Telenet parvient ainsi à générer une marge Ebitda proche de 50 % ! Preuve qu’un réseau de câblodistribution vaut de l’or, le même Telenet vient de s’offrir le petit poucet SFR-Numericable (90.000 clients sur 15 communes) pour la somme de 400 millions d’euros, soit environ cinq fois le chiffre d’affaires de la société absorbée.

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