Une liberté tarifaire retrouvée pour les hôtels face à Booking.com ?

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Jérémie Lempereur Journaliste Trends-Tendances - retail, distribution, luxe

Un projet de loi vise à mettre un terme à la clause de parité étroite qui oblige les hôtels à afficher sur leurs sites les mêmes prix que ceux présentés sur les plateformes de réservation en ligne.

Notre pays va-t-il emboîter le pas à la France, l’Allemagne ou encore l’Italie qui permettent déjà aux établissements hôteliers de proposer sur leur site web des prix inférieurs à ceux qu’ils affichent sur des plateformes de réservation comme Booking.com, Expedia ou TripAdvisor ? Ce que la clause dite de “parité étroite” interdit chez nous et que le projet de loi présenté par les ministres Kris Peeters (CD&V) et Denis Ducarme (MR) entend supprimer. ” Les hôteliers indépendants sont dans une situation de dépendance vis-à-vis de ces grandes plateformes, affirme Thierry Meyens, président de la Fédération Horeca Wallonie. Nous n’avons en quelque sorte plus les clés de notre hôtel car un établissement qui dépend trop de Booking.com perd de sa valeur. De plus, les grandes chaînes bénéficient de commissions moins élevées, ce qui leur permet de payer pour se garantir une meilleure visibilité. ”

A noter toutefois que les hôtels ont déjà la possibilité de proposer un prix inférieur aux clients lorsque ces derniers s’adressent directement à eux par mail ou par téléphone. En outre, le modèle économique de Booking.com, qui permet aux établissements hôteliers de choisir leur prix et de régler la commission une fois la chambre réservée et payée, inciterait nombre de grands groupes aux moyens considérables à se servir des plateformes comme vitrines promotionnelles en invitant ensuite leurs clients à réserver directement sur leurs sites.

Les grands hôteliers privilégiés ?

Voilà qui fait dire aux représentants des plateformes qu’une suppression de la clause de parité étroite privilégierait les grandes chaînes hôtelières. ” Elles voient bien que nous donnons du renfort aux petits hôteliers qui leur prennent des parts de marché, affirme Chrisoph Klenner, secrétaire général de la Fédération des plateformes de réservation en ligne. En nous freinant, elles veulent augmenter leur part de marché consacrée aux réservations en ligne. Mais si nos plateformes venaient à être davantage contournées, elles devraientnt modifier leur modèle et abandonner la commission pour passer à un système de pay-per-click qui serait beaucoup plus cher pour les hôteliers. ”

” Il est vrai que la suppression de la clause va, dans un premier temps, bénéficier aux grandes chaînes, reconnaît Thierry Meyens. Mais quand les indépendants comprendront que l’hôtellerie de papa a vécu et qu’ils doivent se former aux nouvelles technologies, cela leur sera aussi profitable. ” A défaut de pouvoir empêcher la suppression de la clause, Christophe Klenner axe à présent sa communication sur une solution intermédiaire qui supprimerait cette clause pour les indépendants mais la maintiendrait pour les grands groupes. ” En tout cas, tant que ceux-ci imposent des clauses similaires à leurs franchisés. ”

Le lobbying va à présent s’intensifier en coulisses jusqu’au vote en séance plénière, chacun se présentant évidemment comme le défenseur du petit hôtelier… et du consommateur.

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