Une journée au coeur de la banque pour se confronter au monde des affaires

Les fondateurs de Chimprotect, Martin de Bellefroid, Rodolphe Cartuyvels et Guillaume Boulanger, écoutent avec attention Didier Beauvois. © -

Lauréats du premier prix BNP Paribas Fortis du meilleur mémoire interdisciplinaire, trois jeunes entrepreneurs ont été invités à passer une journée en compagnie de Didier Beauvois, responsable du “corporate banking” et membre du comité de direction de BNP Paribas Fortis. Une rencontre enrichissante pour les deux parties.

Tout commence fin mai 2017 quand BNP Paribas Fortis devient pour une durée de trois ans le sponsor officiel du programme en entrepreneuriat de l’UCLouvain dirigé par le professeur Frank Janssen. La banque sponsorise plus précisément deux formations : la formation interdisciplinaire en création d’entreprise CPME, dispensée en master, et la mineure ” Esprit d’Entreprendre “, destinée aux étudiants de baccalauréat. ” Ces deux formations, de même que le statut étudiant entrepreneur, donnent toutes les chances aux étudiants de pouvoir lancer leur projet d’entreprise durant leurs études “, précisait alors Frank Janssen.

Et Didier Beauvois, responsable du corporate banking de BNP Paribas Fortis, d’ajouter : ” Notre partenariat avec l’UCLouvain s’inscrit parfaitement dans la continuité des initiatives du groupe en soutien des entrepreneurs. Et ce soutien ne sera pas que financier, puisque nous avons proposé de nous impliquer concrètement en venant témoigner de nos propres expériences, qu’elles soient bonnes ou mauvaises, et en transmettant ainsi notre know-how dans un domaine où notre expertise est reconnue “.

La formation CPME se distingue depuis maintenant de nombreuses années et s’affiche comme une véritable pépinière de talents entrepreneuriaux. Elle a d’ailleurs été classée première en 2018 par l’Eduniversal Worldwide Best Masters Ranking en Europe dans la catégorie ” Master in Entrepreneurship ” et deuxième au niveau mondial derrière le Babson College à Wellesley dans le Massachusetts.

Prix en entrepreneuriat

Dans le cadre de ce sponsoring, Didier Beauvois a remis en septembre dernier pour la première fois le prix BNP Paribas Fortis au meilleur mémoire CPME. C’est le projet Chimprotect qui a décroché la palme parmi les 11 mémoires ” finalistes ” qui comptaient au total une trentaine d’entrepreneurs. Ce mémoire CPME présente la particularité de réunir des étudiants provenant de différentes facultés dont le but est de travailler sur un projet devant à terme déboucher sur la création d’une entreprise. C’est naturellement le cas avec Chimprotect qui rassemble un ingénieur électricien avec une spécialisation en télécommunications (Martin de Bellefroid), un détenteur d’un master en sciences de gestion (Guillaume Boulanger) et un titulaire d’un master en droit de l’entreprise (Rodolphe Cartuyvels). Une équipe de choc et complémentaire dont le système de détection et d’extinction de feux de cheminée a séduit le jury et remporté la première édition de ce prix. Un prix qui se traduit par trois mois de résidence offerts dans un espace de coworking (Co.Station), un an de mentoring par Benoît Mélot, area manager Wallonie pour le corporate banking, et last but not least, une journée passée en compagnie de Didier Beauvois au siège de la banque, sis rue Royale à Bruxelles.

Les jeunes entrepreneurs découvrent en compagnie de Didier Lannoy, responsable de la salle de marchés, et Didier Beauvois, le fonctionnement de la salle de marchés de BNP Paribas Fortis.
Les jeunes entrepreneurs découvrent en compagnie de Didier Lannoy, responsable de la salle de marchés, et Didier Beauvois, le fonctionnement de la salle de marchés de BNP Paribas Fortis.

Cette journée s’est déroulée au début du mois de décembre et a permis aux trois jeunes entrepreneurs de se confronter à la réalité du monde des affaires en étant plongés dans les arcanes d’une grande banque et le quotidien de l’un de ses principaux dirigeants. Ils ont ainsi découvert un lundi-type de Didier Beauvois, qui a commencé pour eux à 10h et s’est achevé à 16h. Pour sa part, Didier Beauvois était déjà sur le pont depuis longtemps et le sera encore après le départ de nos trois lauréats. Un programme à l’horaire serré, juste perturbé par une alerte-incendie, clin d’oeil aux visiteurs du jour, leur a été proposé. ” Le timing doit être scrupuleusement respecté, pointe Didier Beauvois. Si vous prenez du retard au début de la journée, vous risquez de décaler tous vos rendez-vous. ” Et les rendez-vous, le responsable du corporate banking de BNP Paribas Fortis les multiplie tout au long de la journée qu’il mène tambour battant et sans temps mort. Après une présentation du groupe et des activités de la banque dont le corporate banking qu’il dirige, il a insisté sur l’évolution du groupe en phase avec celle de la société.

Prospérité durable

” Nous avons intégré la durabilité à notre stratégie commerciale, explique Didier Beauvois. Les contraintes seront de plus en plus présentes. Nous n’avons pas le choix. Si nous le faisons pas, nous ne pourrons pas être le bon partenaire de nos clients. ” Le groupe a ainsi notamment annoncé en 2017 qu’il cessait ses relations avec les acteurs dont l’activité principale est l’exploration, la production, la distribution, le marketing ou le trading de gaz et de pétrole de schiste et/ou de pétrole issu des sables bitumineux. Il continuera à soutenir activement les clients du secteur de l’énergie engagés dans la transition énergétique. Pour jouer ce rôle de facilitateur et d’accélérateur de la transition, BNP Paribas Fortis a choisi de résumer les objectifs de développement durable de l’Onu en quatre thèmes : la décarbonisation, l’économie circulaire, le capital humain et les smart cities. Traduction dans les actes avec un nouveau centre de compétences, le Sustainable Business Competence Centre (SBCC), opérationnel depuis septembre dernier. Le SBCC est destiné à accompagner les entreprises et institutions publiques en leur prodiguant des conseils personnalisés en matière de développement durable. Plus globalement, le groupe BNP Paribas Fortis consacre aujourd’hui 10 milliards d’euros d’encours à la finance durable. ” Nous proposons des sustainable ateliers sur l’ensemble du territoire aux PME et entrepreneurs, ajoute Didier Beauvois. Il est important que cela percole dans les entreprises. Celles qui n’intègrent pas cette évolution aujourd’hui prennent le risque d’être dépassées dans l’avenir. ” Une approche ” verte ” qui a surpris notre trio qui ne s’attendait pas à ce qu’une banque s’implique ainsi dans la durabilité.

Après un passage par la salle de marchés de la banque dirigée par Didier Lannoy qui leur a expliqué l’évolution et le rôle de cette dernière, les trois fondateurs de Chimprotect ont participé au management team meeting qui se déroule chaque lundi sur le coup de 12h30. Une heure et demie bien fournie où entre une soupe et un sandwich sont évoqués les projets en cours au sein du corporate banking. L’occasion de faire le point et pour Didier Beauvois d’indiquer des pistes de réflexions et d’actions. Au menu du jour, l’engagement dans la durabilité qui doit être davantage mis en avant auprès des clients ainsi que la digitalisation. Lors de ces réunions, chaque intervenant est amené à présenter l’avancement d’un projet et a intérêt à être succinct. ” Le slide empêche le débat, a coutume de répéter Didier Beauvois. Il faut savoir aller à l’essentiel et bien gérer les personnes. Je ne dirige pas 1.500 personnes, ce n’est pas possible, je délègue et fais confiance. Il faut rester serein et ne pas se prendre la tête. Et surtout garder les pieds sur terre et ne jamais oublier qu’il n’y a pas loin du Capitole à la Roche tarpéienne . ”

Visite d’une ferme urbaine

La journée s’est poursuivie à 14h30 avec la visite de la ferme aquaponique implantée aux Abattoirs d’Anderlecht. Il s’agit de la plus grande d’Europe qui s’étend sur 4.000 m2 – 2.000 m2 de serre horticole avec pisciculture couplée et 2.000 de potager.

A la Ferme Abattoir, visite de la pisciculture où sont élevés les bars rayés dont les déjections fourniront une eau naturellement riche en engrais utilisée aussi bien pour l'hydroculture que pour les jardins extérieurs, ainsi qu'à d'autres fins.
A la Ferme Abattoir, visite de la pisciculture où sont élevés les bars rayés dont les déjections fourniront une eau naturellement riche en engrais utilisée aussi bien pour l’hydroculture que pour les jardins extérieurs, ainsi qu’à d’autres fins.

Un projet qui illustre à merveille l’économie circulaire que BNP Paribas Fortis a financé en partie. Après la théorie le matin, la pratique l’après-midi. Rien ne vaut une visite sur le terrain pour voir la concrétisation d’une idée qui a d’abord été élaborée sur papier et évaluée sur base d’un business plan. Le banquier et ses trois invités du jour ont pu constater de visu que la ferme tourne. Fondée en 2015 par Steven Beckers, architecte accrédité cradle to cradle (du berceau au berceau) et fondateur du bureau de consultance Lateral Thinking Factory, la Ferme Abattoir a été inaugurée officiellement au printemps dernier. Elle atteint doucement sa vitesse de croisière avec la mise en vente de ses premiers produits garantis sans OGM, sans antibiotiques, sans pesticides et sans produits chimiques. En l’occurrence des tomates, des herbes aromatiques et du bar rayé. Une première ferme aquaponique dont le modèle pourra, à terme, être reproduit dans d’autres villes belges.

Didier Beauvois dans l'unité de production d'herbes aromatiques de la Ferme Abattoir d'Anderlecht.
Didier Beauvois dans l’unité de production d’herbes aromatiques de la Ferme Abattoir d’Anderlecht.

La journée s’est clôturée par une petite visite du siège de BNP Paribas Fortis et de ses salles de prestige dont la Salle des Rois où sont affichés les portraits des souverains successifs de nos régions depuis Guillaume 1er, fondateur en 1822 de la Société générale. A l’issue de celle-ci, les entrepreneurs nous livrent leurs premières impressions. ” C’est une journée intense, note Martin de Bellefroid. C’est vraiment instructif de se retrouver de l’autre côté de la barrière et de constater comment un dirigeant doit gérer toute une série de problématiques. Par ailleurs, on voit des projets se réaliser et se matérialiser et on a découvert un univers que l’on ne connaissait pas. ” Ainsi qu’une facette environnementale de la banque qu’ils ne soupçonnaient pas avant de franchir les murs de la rue Royale et de visiter la ferme urbaine. ” C’est vrai que l’on avait peut-être l’image d’une banque à l’ancienne, déconnectée de la réalité, confirme Rodolphe Cartuyvels. Or, ce n’est pas le cas. On voit qu’ils travaillent sur la durabilité mais également sur l’innovation et la digitalisation. ” Ils ont également observé aux premières loges un dirigeant en action et la manière dont il jouait son rôle. ” C’est un chef d’orchestre, pointe Guillaume Boulanger. Il écoute son interlocuteur, digère les informations et tranche en se focalisant sur les choses importantes. Ce qui m’a marqué, c’est sa capacité d’analyse, d’écoute et de valorisation de ses collaborateurs. ”

Chimprotect, Prévention du feu de cheminée

Réunis dans le cadre de la formation CPME, Guillaume Boulanger, Martin de Bellefroid et Rodolphe Cartuyvels ont réalisé leur mémoire sur le projet Chimprotect. Ce dernier comprend la mise au point de deux produits : un système de détection et un système d’extinction automatique de feux de cheminée.

Les cofondateurs de Chimprotect présentent leur projet lors du
Les cofondateurs de Chimprotect présentent leur projet lors du ” management team meeting “.

“Ce projet nécessite beaucoup de développement et le passage de différentes certifications, expliquent-ils. Du fait des délais importants que cela implique, nous avons mis en place une plateforme facilitant la mise en relation de ramoneurs qualifiés avec le particulier. Toute personne étant à la recherche d’un ramoneur peut facilement y déposer sa demande avant d’être recontacté avec une offre de prix et de propositions de rendez-vous. Cette recherche est totalement gratuite pour le particulier et la plateforme se rémunère grâce à une commission prise sur chaque ramonage. En plus des légers revenus que cela génère, cela nous permet d’être en contact direct avec le marché et les futurs clients et distributeurs.”

L’idée de ce projet est née d’un des membres de l’équipe qui composent Chimprotect, Guillaume Boulanger. Ce dernier est sapeur-pompier volontaire et c’est ainsi qu’il a été sensibilisé à la problématique des feux de cheminée. Celle-ci est bien plus importante qu’on ne l’imagine. Ainsi, sur 10.000 incendies domestiques par an en Belgique, au moins 3.000 sont des feux de cheminée. En moyenne, un dixième de ceux-ci se propage à l’habitation. “Le nombre d’habitations concernées et l’absence de solutions entièrement fiables et efficaces font de cette problématique une opportunité à exploiter, observent-ils. En termes de marché, cela représente pas moins de 2 millions d’appareils de chauffage à bois en Belgique et 60 millions en Europe.” Depuis son lancement en 2016, le projet a bien progressé et a été récompensé à de nombreux concours tels que The Choice (2016), l’Innovation Cup (2017), Mind&Market (2017), le Markers Challenge (2018) ou encore la bourse BIJ (2018) et, last but not least, le prix du meilleur mémoire de la dernière promotion CPME.

Guy Van den Noortgate

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