Un partenariat discret et efficace

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Basé à Mons, le groupe IMBC est devenu en un peu moins de 30 ans un acteur incontournable du développement économique dans le Borinage et la région du Centre. Il est le fruit d’un partenariat privé-public grâce auquel 850 entreprises ont été financées et plus de 6.000 emplois créés.

L’Invest Mons Borinage Centre a été fondé en février 1989. Il est aujourd’hui la maison mère d’un groupe qui comprend une série de filiales de financement spécifique ainsi qu’une série de filiales européennes. Au fil du temps, la société s’est imposée comme un acteur de premier plan dans sa zone d’influence avec un accent particulier mis sur le développement des PME. ” Nous nous caractérisons par un réel partenariat privé-public, souligne Jean-Sébastien Belle, son président. C’est incontestablement l’une des clés de notre réussite. Le capital, le conseil d’administration et les organes de gestion se composent majoritairement d’entreprises privées, pour la plupart des PME. Elles sont naturellement conscientes des difficultés que rencontrent les entrepreneurs. Cette participation d’acteurs du terrain est un gage d’efficacité. ” Son actionnariat se répartit à raison de 45,45 % pour la Sowalfin et 54,55 % pour le secteur privé (26 entreprises).

Avec 31 millions d’euros, 2017 est une année-record en termes de financement pour l’IMBC.

Levier à l’emploi

” Le partenariat privé-public est un système très intelligent qui constitue un levier à l’emploi extraordinaire, intervient Bruno Colmant, membre du comité de direction de la banque Degroof Petercam et administrateur de l’IMBC. C’est un bel exemple de l’efficacité tangible des invests qui ont une bonne connaissance locale. Grâce à un très bon réseautage, ils sont courts sur la balle et peuvent agir rapidement. Ce qui prime d’abord, c’est la qualité des projets et l’approche privée permet d’aider à la création d’emplois en toute indépendance. ” Il est vrai que l’IMBC peut à l’aube de ses 30 ans présenter un beau bilan quant aux résultats obtenus, notamment et ce n’est pas le moindre, sur le terrain de l’emploi. On recense ainsi depuis 1989 1.560 financements avec des montants investis s’élevant à plus de 360 millions d’euros. Ils ont concerné 850 entreprises locales et permis de créer 6.000 emplois et d’en soutenir le double. Dernier chiffre intéressant à noter : 1 euro investi par le groupe IMBC dans une PME est égal à 6 euros investis par la PME dans l’économie locale. Et l’ invest hainuyer affiche une excellente forme puisque le dernier exercice l’a vu battre des records en termes de montants accordés aux PME. En 2017, les financements se sont montés à 31 millions d’euros, soit une croissance de l’ordre de 10 % par rapport aux meilleurs exercices passés. Au total, 68 sociétés ont été financées dont 19 nouvelles entreprises en portefeuille.

Le groupe IMBC se compose de six filiales créées au fil des années. Trois sont des filiales de financement spécifique. La plus récente Digital Attraxion a été créée en 2016 avec les deux autres invests hainnuyers (Sambrinvest et WapInvest). C’est un accélérateur de start-up numériques et plus largement de la nouvelle économie. On recense également comme autres filiales spécifiques, d’une part, IMBC Immo Lease, lancée en 2004 en partenariat avec l’IDEA, qui a pour vocation de financer des projets de plus grande envergure à fort potentiel de croissance. Elle est, par exemple, intervenue à hauteur de 2 millions d’euros dans le financement de l’implantation à Seneffe de l’unité d’exploitation en Europe continentale du groupe d’origine irlandaise Xtratherm devant à terme occuper plus de 100 emplois. Et d’autre part, le fonds spécifique de financement de spin-off, spin-out et sociétés de haute technologie qui a été également créé en 2004 en partenariat avec l’UMons et la SRIW, IMBC Spinnova. Ce fonds est intervenu en 15 ans dans le financement d’une quarantaine de sociétés de haute technologie. Trois sont des filiales qui s’inscrivent dans le cadre de programmes européens : IMBC Capital Risque (fondée en 1994), IMBC Convergence (2009) et IMBC 2020 (2016).

Damien de Dorlodot, administrateur délégué du groupe Decube et administrateur de l'IMBC
Damien de Dorlodot, administrateur délégué du groupe Decube et administrateur de l’IMBC ” Par ses interventions, l’invest joue un rôle de levier auprès des autres organismes de financement et permet ainsi d’accélérer les choses. “© PG

Partenaire des PME

Les interventions du groupe IMBC épousent le terrain sur lequel il est actif et qui est composé pour l’essentiel de PME. ” Nous nous adressons aux PME petites et grandes, aux sociétés innovantes, spin-off ainsi qu’aux artisans et indépendants, explique Sylvie Creteur, administrateur délégué. Notre spectre est très large et nous aidons également les TPE. Nous proposons des solutions de financement adaptées aux besoins des entreprises en consolidant leur structure financière à toutes les étapes de leur vie : création, croissance, développement et transmission. L’objectif n’est ni de prendre le contrôle d’une entreprise, ni de la financer à fonds perdus, mais bien d’être un élément catalyseur de la création ou du développement d’une PME dans le respect de l’initiative privée. Nous visons toujours l’intérêt à long terme des PME. ” Le groupe IMBC entend se positionner vis-à-vis des entreprises locales comme un partenaire durable et fiable. Il entend également jouer un rôle dans la mise en relation des PME avec les autres acteurs socio-économiques.

” Nous sommes spécialisés dans le financement haut de bilan ou mezzanine finance dont tous les spécialistes et études conviennent qu’il s’agit d’un facteur important de réussite et de pérennité des PME, précise Jean-Sébastien Belle. La théorie et la pratique démontrent en effet que la sous-capitalisation des PME est un facteur majeur d’échec et constitue un frein à leur développement. L’ invest constitue une source de financement complémentaire à tout autre acteur sans aucune exclusive et intervient en partenariat avec l’entreprise avec tout type de financier. Nous ne sommes pas concurrents de la banque, du venture capitalist, du business angel ou de tout autre acteur ou outil de financement. ” Le groupe IMBC s’inscrit pleinement dans la stratégie des gouvernements wallons successifs qui fondent le développement économique de la Wallonie sur la multiplication et l’essor des PME. Son action ne se limite pas seulement au financement mais s’étend également à l’accompagnement des sociétés et de projets plus structurants comme, entre autres, les deux centres de recherche de la région, Multitel et Materia Nova, le Microsoft Innovation Center de Mons, l’Hippodrome de Wallonie ou encore la Maison de l’Entreprise. Last but not least, mentionnons également son implication dans l’économie sociale. Bref, l’IMBC brasse large et couvre les secteurs les plus divers.

Diversité sectorielle

On l’oublie souvent mais la plus grande province agricole du pays est le Hainaut. Il n’est donc pas surprenant à l’aune de ce petit rappel de constater que dans le Borinage et le Centre, le premier secteur en termes de financement est l’agroalimentaire (20%), devant l’environnement et l’écologie (16%), la chimie, biotechnologie, TIC et autres activités de haute technologie (14,5%), les services et bureaux d’études (13%) et les activités culturelles et touristiques (10%). Le solde se répartissant dans les secteurs du transport, de l’industrie, des entreprises générales, du commerce de gros et de la fabrication de machines et biens d’équipement. ” Le secteur agroalimentaire occupe la première place dans notre portefeuille depuis plus de 20 ans, précise Sylvie Creteur. Par ailleurs, les projets à caractère durable prennent de plus en plus de place année après année. ” Le financement intervient à différentes phases de la vie de l’entreprise. La croissance des entreprises représente 50 % des interventions, la transmission 10 % et, proportion loin d’être négligeable, 40 % sont consacrés aux entreprises en création ou récemment créées.

Depuis plus de 20 ans, le secteur agroalimentaire occupe la première place du portefeuille de l’IMBC.

Le groupe IMBC s’adresse à tous les secteurs et dans le même temps a une conception large de son métier. Ainsi, il finance autant des entreprises actives seulement sur le plan local que des championnes à l’exportation. Et il accompagne à la fois des sociétés familiales ancrées dans le terroir depuis plusieurs générations et le développement d’entreprises exogènes. ” Nous soutenons également des commerces de qualité qui disposent d’un savoir-faire, ajoute Sylvie Creteur. De la même manière, nous intensifions nos financements des professions libérales. Par ailleurs, nous sommes actifs auprès des exploitations agricoles. Répondre à la problématique des achats de terres agricoles constitue l’un de nos axes de développement dans le futur comme l’investissement dans segment de l’horeca de qualité. ” Les financements se repartissent à parts égales entre activités traditionnelles et activités de niche (spin-out, spin-off, entreprises innovantes, etc.) avec une forte présence de petites entreprises.

Bruno Colmant, membre du comité de direction de la banque Degroof Petercam et administrateur de l'IMBC
Bruno Colmant, membre du comité de direction de la banque Degroof Petercam et administrateur de l’IMBC ” La bonne connaissance du terrain local et l’approche privée qui prévalent au sein de l’IMBC permettent d’aider à la création d’emplois en toute indépendance. “© BELGAIMAGE

50 % de TPE

Les entreprises employant moins de 10 personnes représentent 50 % des sociétés financées contre 5 % pour celles qui comptent plus d’une centaine de collaborateurs. Parmi ces dernières figure le groupe Decube, actif dans la peinture industrielle et qui emploie 400 personnes, dont l’administrateur délégué Damien de Dorlodot, souligne la relation de confiance qu’il a construite dans la durée avec l’IMBC, dont il est aujourd’hui administrateur : ” Sans le soutien de l’IMBC, mon groupe n’aurait certainement pas enregistré la croissance qu’il a connue ces dernières années. Par ses interventions, il a joué un rôle de levier auprès des autres organismes de financement. Ce qui est important à souligner également dans leur approche, c’est la temporalité. On écoute les besoins de l’entrepreneur et la réponse ne tarde pas. Si la demande est acceptée, cela va très vite. Cette rapidité facilite naturellement nos rapports avec les autres acteurs qui financent le projet. ” En l’espace de 30 ans, les réussites ne manquent pas au bilan de l’IMBC. Car derrière les chiffres bruts, il y a des entreprises et des hommes. Comme, par exemple, Les Tartes de Françoise dont la belle croissance – la société a été ambassadeur Gazelles pour les petites entreprises en 2014 – a été soutenue par l’ invest montois. Il a également accompagné la société en 2016 quand son fondateur Olivier Laffut décide de la transmettre en privilégiant un rachat interne. ” Nous avons tout de suite senti que nous pouvions compter sur leur soutien et leurs conseils à l’approche de cette étape aussi cruciale que complexe. Ils nous ont aidés à monter l’opération et participent aujourd’hui activement au développement de l’entreprise “, explique Jean Baisier, administrateur délégué qui a repris les Tartes de Françoise avec Ludovic Hernould, directeur financier et administratif via un LMBO ( leverage management buy-out) et le soutien de l’IMBC ainsi que de la SIAW (Société d’investissement agricole de Wallonie).

Dans un autre registre, pointons la société D-tek. Régionale de l’étape, par excellence, cette société montoise fondée en 1995 est spécialisée dans le développement et la production de kits de diagnostic pour les maladies auto-immunes et réalise plus de 90 % de son CA à l’exportation. ” L’IMBC nous a accordé sa confiance, alors que les financiers ‘purs et durs’ n’entendent pas toujours notre métier de manière approfondie, explique Alain Vigneron fondateur et administrateur délégué. Nous avons établi une collaboration rapprochée qui tient plus du partenariat que de la stricte relation financière. ” Les belles histoires abondent dans les niches les plus diverses. Si les sociétés de haute technologie sont bien et de plus en plus représentées, les secteurs plus traditionnels font mieux que se défendre. Comme les Carrières de la Pierre Bleue Belge qui sont un partenaire de longue date de l’IMBC puisque leur collaboration remonte à la création même de l’ invest, lorsqu’il ne comptait que deux personnes, ses actuels président et administrateur délégué – il emploie aujourd’hui une dizaine de personnes. A plusieurs reprises, cette société d’extraction et de façonnage de la pierre, dont les origines remontent au 17e siècle, a fait appel à cette dernière en vue de réaliser des investissements importants tels que l’achat de matériel roulant, machines d’extraction, outillages lourds, ainsi que pour participer au financement de la création d’une nouvelle carrière ouverte en 2008 au lieu-dit Tellier des Près, à l’intersection des communes de Braine-le-Comte, Ecaussinnes et Soignies. ” Nous nous rencontrons environ une fois par an afin de discuter de notre évolution, ce qui permet de pointer les opportunités et facilite la préparation des dossiers d’intervention “, souligne Julie Abraham, administrateur délégué.

Dynamique entrepreneuriale

S’il convient de ne pas verser dans un optimisme béat, force est toutefois de reconnaître que la situation s’améliore d’année en année dans le Borinage et le Centre. Les projets se multiplient dans les domaines les plus divers. Le montant des investissements de l’IMBC qui n’a jamais été aussi élevé (31 millions d’euros) en 2017 après 2016 qui était déjà une année record (28 millions) confirme la dynamique entrepreneuriale à l’oeuvre dans la région. Elle n’est pas nécessairement perceptible car nombre d’entreprises locales brillent surtout par leur modestie et leur discrétion. Un peu à l’image de l’ invest montois. ” C’est vrai que le groupe IMBC a depuis toujours suivi une politique de communication extrêmement réservée dans les médias, ayant privilégié une communication basée essentiellement sur le bouche à oreille et une présence physique de l’équipe dans des événements locaux, économiques, culturels et sportifs, reconnaît Jean-Sébastien Belle. Nous privilégions un mode de développement dynamique mais sobre. “

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