Un Millesim au service des grands crus
Sacré plus beau “sommelier du millénaire” en 2000, Millesim est né de l’imagination de deux designers liégeois. Elégant, lourd et d’une classe folle, ce tire-bouchon ravira les amateurs qui trouvent ici un bel objet design à la hauteur de leurs grands crus.
Au départ, Jean-Michel Denis et Cédric Fouarge sont deux designers industriels issus de l’Institut des Beaux-Arts de Liège. Ils ont déjà une belle carrière internationale derrière eux dans le domaine de l’électroménager ou du mobilier. Passionnés par le vin, ils décident, à la veille du passage du millénaire de participer à un concours organisé dans le cadre de Saint-Vincent Tournante, une fête traditionnelle bourguignonne où, chaque année en janvier, une appellation convie les autres à venir faire la fête et célébrer le bon vin. En l’an 2000, Gevrey-Chambertin décide d’organiser le concours du sommelier du millénaire (le terme “sommelier” décrivant ici le classique tire-bouchon de bistrot). Et c’est le prototype de nos deux Liégeois, le Millesim première version, que le jury composé entre autres de feu Jean-Pierre Coffe et de Bernard Loiseau, chef tri-étoilé tristement disparu, a choisi !
” Ce fut assurément une belle surprise, explique Cédric Fouarge. Nous avons gagné un chèque de 70.000 francs belges si je me souviens bien, soit quasiment 2.000 euros. Le souci, c’est que ce n’était qu’un prototype et que suite à ce prix, les demandes ont afflué mais nous étions incapables, industriellement parlant, d’y répondre. Nous avons donc tourné la page. Temporairement, puisqu’en nous revoyant quelques années après, nous avons relancé le projet. Après tout, nous avions imaginé un très bel objet. ” Présenté dans une boîte en bois précieux, Millesim ressemble à d’autres modèles haut de gamme signés Laguiole ou Pulltap. Mais une fois en main, il n’y a plus photo. L’objet est lourd mais se déploie sans effort grâce à une ergonomie bien pensée. Par la force de deux brevets originaux, ouvrir une bouteille n’a jamais semblé aussi facile. Enfin, après utilisation, le sommelier se replie intégralement et prend une jolie forme d’oiseau ou de goutte d’eau stylisée.
Revisiter la tradition
” Notre idée de base était de revisiter la tradition, confie Jean-Michel Denis, et d’offrir un produit vraiment haut de gamme. Millesim se distingue par deux éléments inédits. La découpe de la capsule ne se fait pas avec un petit couteau mais en plaçant notre sommelier en position pince. Une double lame brevetée permet alors une découpe parfaite que vous soyez droitier ou gaucher. Soit dit en passant, cette position pince permet aussi de déboucher des bouteilles de champagne. Enfin, Millesim est doté d’un levier à double action, un autre brevet, qui lui permet de rester droit en fin de course. L’avantage de ce système est de pouvoir extraire les bouchons de façon linéaire. Pratique s’ils sont fragilisés ou très longs. ”
La dernière version de Millesim, la M’15, est disponible en trois finitions d’acier inoxydable que l’on peut combiner avec différents types d’inserts (la partie supérieure du manche ou bras) : bois d’amarante, d’ébène, de violette, cuir fin ou cuir d’iguane de chez Hermès. ” Dans les boutiques, six modèles principaux sont disponibles, raconte Cédric Fouarge. Ils différent par la finition de l’acier inoxydable (brossé, microbillé ou poli) et par le bois ou le cuir utilisé pour l’insert. Mais via notre site internet, il est possible de commander toutes les autres combinaisons. Et même, de réaliser une personnalisation quasi complète avec incrustation de pierres précieuses ou réalisation de gravures, par exemple. Nous travaillons avec des artisans qui réalisent tout à la main. Mais aussi avec des étudiants de l’école d’armurerie Léon Mignon à Liège. ”
Un produit de niche
Evidemment, qui dit produit haut de gamme suppose des matériaux en rapport et du travail bien fait. Les mèches sont réalisées sur mesure à Thiers, la capitale française de la coutellerie. Les bois précieux sont travaillés dans le Jura où ils sont polis manuellement pour préserver le relief de leurs veines. Les pièces métalliques bénéficient en Suisse de la longue tradition de l’horlogerie.
” C’est un produit 100 % européen, poursuit Jean-Michel Denis. Nous aurions aimé qu’il soit 100 % belge mais malheureusement, l’expérience n’a pas été concluante. Il y a chez nous un problème d’usinage des pièces en acier. Nous ne voulions pas transiger sur la qualité et nous nous sommes bâti un véritable réseau d’artisans ou de sociétés hautement spécialisées qui répondent parfaitement à notre cahier des charges. Et comme ils n’usinent pas beaucoup de pièces à la fois, nous avons évidemment payé l’outillage nécessaire chez nos fournisseurs. Mais chaque Millesim est assemblé dans nos ateliers de Liège. Plusieurs heures sont nécessaires pour transformer chaque pièce usinée en un véritable objet d’orfèvrerie. Je précise, quand même, que le nouveau modèle de pied, soit la partie qui coupe la capsule, est trempé en Belgique. ”
Evidemment, un tel bel objet a un prix. La collection démarre à 565 euros et peut atteindre 1.200 euros pour le modèle avec insert en cuir d’iguane. La personnalisation d’un Millesim fait, bien sûr, grimper la note finale. Jusqu’ici, le plus cher a atteint la modique somme de 12.000 euros. Evidemment aussi, ce produit de luxe s’adresse à un public de connaisseurs, de collectionneurs ou de passionnés de vins. Aujourd’hui, Millesim est disponible en Belgique dans des boutiques comme La Vinothèque à Knokke ou les deux magasins Plaisir Di Vin à Huy et à Waremme. Mais il orne aussi les étalages de deux magasins français mondialement connus par les amateurs de vin : l’Athenaeum à Beaune et Vignobles et Châteaux à Saint-Emilion. Pour autant, placer Millesim, vu son prix, n’est pas aussi simple que ça.
Retours positifs
” D’une manière générale, confie Cédric Fouarge, nous avons plus de retours positifs de coutelleries. Le coût de Millesim est plus en phase avec leurs produits. Chez les cavistes, nous ne sommes pas forcément bien accueillis. Ils ont souvent peur que notre objet fasse de l’ombre au vin. Ceci dit, nous venons d’être rejoints par un commercial indépendant qui est tombé amoureux du produit et va nous aider. Nous avons de nombreux projets en cours. Belgian Boutique nous distribuera à partir de septembre. La fameuse Coutellerie Jamart, fournisseur de la Cour à Bruxelles, présentera nos modèles avec insert bois avant la fin de l’année. Deux grandes coutelleries suisses, dont Orso à Genève, vont nous suivre à partir du mois d’octobre.Et le Bon Marché Rive Gauche à Paris dès novembre ! Cela prend bien. Cerise sur le gâteau, un grand malletier parisien, TT Trunks, va nous intégrer à la malle de luxe avec verres et carafes qu’il propose à ses clients. Ils nous ont dit que Millesim était vraiment le produit qu’il manquait ! Enfin, dans un futur proche, certains modèles seront accompagnés d’un bouchon de verre de Murano que nous avons imaginé. Un maître verrier se chargera de sa réalisation. ”
Pas mal pour une petite société liégeoise qui n’emploie que… deux personnes. Si elle n’a jusqu’ici vendu que 84 exemplaires de Millesim, elle vient néanmoins de lancer la fabrication de 200 exemplaires supplémentaires.
www.millesim.be
XAVIER BEGHIN
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