Pourquoi le journal “L’Avenir” est toujours sous tension

© BELGA/Eric Lalmand

Dans le débat parlementaire qui se cristallise autour du futur de “L’Avenir”, le CEO du groupe Rossel a plutôt évoqué son intérêt pour l’opérateur Voo même si, rappelle-t-il, ces deux sociétés du groupe Nethys ne sont pas à vendre. Du moins pas encore…

Si un accord est finalement intervenu entre les syndicats et la direction des Editions de l’Avenir concernant le plan de restructuration du journal (45 emplois sacrifiés sur un effectif de 280 travailleurs), le futur reste toujours incertain au sein du quotidien. Dans les prochains jours, le conseil d’administration de Publifin devenu Enodia devrait se réunir pour définir la nouvelle stratégie de sa filiale Nethys et décider de son éventuel désinvestissement dans le pôle médias. Depuis le scandale Publifin, la société dirigée par Stéphane Moreau est en effet sur la sellette et le Parlement wallon a d’ailleurs voté, à l’unanimité, une motion demandant la sortie des Editions de l’Avenir de Nethys.

Si ce scénario se profile, L’Avenir pourrait être alors racheté par un groupe de presse concurrent ou faire l’objet d’un portage temporaire par la Région wallonne avant une revente ultérieure. Aux aguets, le groupe IPM – propriétaire des journaux La Libre et La Dernière Heure/Les Sports – a déjà fait une offre de quelque 10 millions d’euros, mais le groupe Rossel ( Le Soir, Sudpresse) n’entend pas se laisser déborder. C’est du moins ce qu’a laissé sous-entendre son administrateur délégué Bernard Marchant il y a quelques jours à peine, lors de son audition en commission conjointe du Parlement wallon et du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles sur la situation de la presse en Belgique francophone. Certes, le patron de Rossel a d’emblée coupé court à toute spéculation – ” On ne lance pas d’offre sur une entreprise qui n’est pas à vendre et, à ce que je sache, les Editions de l’Avenir ne sont pas à vendre ” ( sic) – mais il a toutefois manifesté un certain intérêt, provoquant même l’étonnement dans l’assemblée : ” Si je devais choisir, je préférerais racheter Voo ( l’opérateur télécom est également la propriété de Nethys, Ndlr) plutôt que les Editions de l’Avenir, a-t-il ainsi déclaré. Si Voo était à vendre, Rossel serait candidat. Mais si L’Avenir était à vendre, on regarderait aussi “.

Bernard Marchant, CEO de Rossel.
Bernard Marchant, CEO de Rossel.© BELGAIMAGE

Coups de griffe

Pointant l’importance des synergies possibles entre un opérateur télécom et un groupe de presse (à l’instar de Nethys avec Voo et les Editions de l’Avenir), Bernard Marchant a rappelé que les journaux devaient aujourd’hui affronter la concurrence des Gafa (Google, Amazon, Facebook et Apple), mais aussi celle de la RTBF dont il a déploré l’occupation réelle sur le terrain publicitaire dans un marché étriqué et, par ricochet, les ” questions de pluralisme ” ( sic) que cela soulevait.

Nous avons tenté de joindre le patron de Rossel pour qu’il nous précise sa pensée. En vain. Directement visé, l’administrateur général de RTBF a quant à lui accepté de répondre à nos questions et il se montre aujourd’hui quelque peu agacé. Jean-Paul Philippot lance ainsi : ” Quand Bernard Marchant s’exprime de cette façon, qui parle exactement ? L’administrateur délégué de Rossel, l’administrateur de RTL Belgique ou l’administrateur de Radio H, la société qui chapeaute les radios du groupe RTL ? Il y a là une solide ambiguïté. Quand on tient des propos aussi importants sur le pluralisme, la première chose à faire, c’est de jouer la carte de la transparence. ” Ambiance…

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