Tropique de la violence

Mayotte, perle de l’océan Indien, un territoire d’outre-mer où les touristes viennent chercher l’exotisme des tropiques, de sublimes spots de plongée le temps de quelques jours de vacances. Pourtant, la carte postale dissimule un quotidien bien moins idyllique. Infirmière originaire de la métropole, Marie adopte Moïse, abandonné par sa mère. Leur relation chargée d’inquiétude et de secret aurait pu ne pas connaître d’obstacle, si l’adolescent n’avait pas croisé Bruce et son gang. En ayant dit ça, on ne révèle quasiment rien d’un roman qui aime étirer le temps. Polyphonique – chaque chapitre a son point de vue -, cette histoire multi-récompensée met le doigt sur les inégalités qui minent les territoires français oubliés, où la précarité engendre la délinquance, où être élevé par une blanche vous catalogue comme un muzungu, un ” étranger ” aux yeux de la population locale. Frappante dès ces premières pages, Nathacha Appanah singularise la voix de chacun des personnages, leur conférant une poésie propre à leurs blessures et à leur destin. Marie dit : ” De là où je vous parle, ce pays ressemble à une poussière incandescente et je sais qu’il suffira d’un rien pour qu’il s’embrase “. Une phrase qui résonne comme un avertissement avant un chaos violent.

Nathacha Appanah, ” Tropique de la violence “, éditions Folio n° 6481, 192 pages, 6,60 euros.

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