Trieste ou le sens de nulle part

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Les Britanniques sont sans doute les meilleurs quand il s’agit de récit de voyages. Spécialiste des portraits de ville, la Galloise Jan Morris le démontre encore dans cette évocation sur Trieste publiée en anglais il y a plus de 15 ans et que les éditions Nevicata traduisent aujourd’hui. L’auteure entretient une relation particulière avec la ville portuaire où elle était en poste en tant que soldat pour l’armée britannique en 1945 et qu’elle a continué de fréquenter. Elle n’avait pas encore accompli sa transition sexuelle. Mais cette part d’intimité qu’elle décrit dans d’autres pages n’a que peu de lien avec son reportage historique et artistique dans les rues triestines.

Au carrefour des mondes latin, germanique et slave, Trieste fut longtemps un port impérial de premier plan sous les Habsbourg. Si Jan Morris s’étale sur les traces de cette période fastueuse, elle questionne aujourd’hui la mélancolie que transpirent les avenues au pied du karst, telle la bora, vent froid local, s’insinue dans ces artères longilignes. De centre d’un monde révolu, la cité aujourd’hui italienne a perdu son poids commercial. Romantique dans ses descriptions, Morris évoque avec délicatesse la nostalgie de ce passé glorieux à la manière d’une rêverie de promeneuse solitaire. Si le style peut paraître désuet par ses aspects ” impériaux “, la petite et la grande histoires en bord d’Adriatique fascinent. Le lecteur n’a alors qu’une seule envie : arpenter Trieste, ce livre à la main.

Jan Morris, ” Trieste ou le sens de nulle part “, éditions Nevicata, 208 pages, 19 euros.

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