Pourquoi la croissance de l’économie belge se tasse

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Si l’économie ralentit, elle continue néanmoins à créer les emplois attendus, grâce notamment à la baisse du coût du travail.

Le Bureau du Plan vient de revoir légèrement à la baisse ses prévisions de croissance pour l’économie belge. En soi, ce n’est pas très grave. Juste un recul de 1,6 à 1,5 %. Sauf que, au début de l’été, le Bureau du Plan avait déjà rectifié le chiffre à la baisse et que l’un dans l’autre, cela nous donne un écart de trois dixièmes de points. Ça commence à devenir significatif.

Ces données pourraient compliquer encore la trajectoire budgétaire de la Belgique. L’exercice 2018 a en effet été bâti sur une perspective de croissance de 1,8 %. A l’époque, déjà, le Bureau du Plan invitait à la prudence en avançant plutôt un chiffre de 1,6 %. Rien que ce petit différentiel avait permis au gouvernement de dégager, selon ses propres calculs, une marge de 368 millions d’euros. Cette marge est-elle aujourd’hui totalement perdue ? Peut-être pas, grâce à la relative bonne santé du marché du travail qui permet d’augmenter les recettes fiscales et parafiscales, tout en réduisant les dépenses de chômage. ” L’intensité en création d’emplois de la croissance s’est améliorée, analyse le commissaire au Plan Philippe Donnay. Les mesures de réduction du coût du travail, prises par le gouvernement, ont ici un effet indéniable, même si on peut les juger insuffisantes ou pas totalement financées. ” Traduction chiffrée : le Plan table sur la création de 57.600 emplois en 2018, soit un peu… plus que le chiffre qu’il avançait en février avec alors une perspective de croissance supérieure à 1,8 %.

Cette progression devrait se poursuivre les années suivantes, mais à un rythme plus modéré en raison de l’évolution à la hausse des salaires (indexation). L’an prochain, on retomberait ainsi à 43.000 emplois créés. Elément intéressant : l’érosion de l’emploi manufacturier ralentirait d’ici 2023, ce qui tend à montrer que l’on arrive au bout d’un processus de reconversion industrielle.

Ces relativement bons chiffres de l’emploi alliés aux allégements fiscaux poussent à la hausse le revenu disponible réel des ménages (+ 1,8 % cette année et + 1,9 % l’an prochain). Et dans le même temps, les investissements des entreprises progressent de plus de 3 % tant en 2018 qu’en 2019. Tous ces paramètres devraient, en bonne logique, doper la croissance. Pourquoi dès lors ce tassement ? Pour Philippe Donnay, il faut d’une part constater que la croissance potentielle de l’économie belge tourne désormais autour de 1,5 % plutôt que des 2 % d’autrefois et s’habituer donc à des chiffres plus modestes. La concrétisation du pacte national pour les investissements stratégiques est toutefois susceptible de pousser cette croissance potentielle vers le haut.

D’autre part, il y a le contexte international. Que l’on parle Brexit, commerce international, prix du pétrole ou impacts des dérèglements climatiques, il n’y a pas beaucoup d’éléments pour inciter à l’optimisme. Les exportations ne progresseraient que de 3,1 % cette année et 3,5 % l’an prochain, contre 7,5 et 4,9 % les deux années précédentes. Pour une économie ouverte comme la nôtre, la différence n’est pas sans conséquence, même si les importations suivent une courbe similaire.

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