Sans lendemain

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Billie Dixon voulait devenir scénariste à Hollywood, elle se retrouve à tenter de refourguer des films de série B aux cinémas de bourgades reculées dans le Midwest des années 1940. Voilà le ” doux ” rêve californien de cette jeune femme ” préférant le pantalon à la jupe “, débarquant dans un patelin de l’Arkansas où, comble de malchance, le pasteur intégriste interdit à ses pieuses ouailles de se rendre dans les salles obscures, lieu de propagande de la perversion. Mais Billie n’en démord pas et affronte le prêcheur, zieutant même sur sa séduisante épouse. La passion devient une spirale infernale jusqu’au point de non-retour. Pour Sans lendemain, l’Américain Jake Hinkson s’amuse à appuyer sur ce qui a fait les belles heures du roman noir hard-boiled. L’auteur de L’enfer de Church Street en connaît les rouages et plonge ici dans sa propre enfance de fils de prêcheur baptiste de l’Arkansas. Mais en convoquant la narration à la première personne et l’ironie le sourire en coin, il ne singe pas seulement ses illustres prédécesseurs (Spillett, Hammett, Chandler, etc.). Avec une pointe gentiment sulfureuse d’amour lesbien, il va jusqu’à croiser un procès contemporain des sorcières de Salem avec un dénouement à la Thelma & Louise, tous les premiers rôles de ce drame à suspense étant féminins. Ce livre, disponible désormais en poche, mérite amplement son Grand Prix de littérature policière 2018.

Jake Hinkson, ” Sans lendemain “, éditions Gallmeister (coll. Totem), 224 pages, 8,40 euros.

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