S’UBÉRISER SOI-MÊME POUR NE PAS DISPARAÎTRE

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Amid Faljaoui

En mai prochain, le groupe télécom Orange lancera officiellement sa banque en France, avant de la lancer chez nous en 2018. Ce sera la première fois en Europe qu’un opérateur quittera son business traditionnel pour aller taquiner les banques sur leur propre terrain. Par ailleurs, les grandes entreprises savent aujourd’hui qu’elles ne sont plus à l’abri d’une start-up qui, à tout moment, peut leur tailler des croupières. Le groupe AccorHotels, qui regroupe des marques aussi différentes que Formule 1, Ibis, Mercure ou Sofitel, se bat chaque jour contre les Booking.com et autre Airbnb. Il le fait en rachetant des start-up prometteuses, donc en acceptant de s’ubériser lui-même plutôt que d’attendre qu’un nouvel Uber de l’hôtellerie ne lui donne le coup fatal.

Dans le même registre, toutes les banques savent qu’elles ne peuvent pas se faire ubériser du jour au lendemain. Le secteur est trop compliqué, trop réglementé et trop basé sur la confiance pour qu’une start-up surgisse de nulle part et détruise entièrement le métier. En revanche, les fintechs ont compris qu’elles pouvaient s’intercaler entre la banque et ses clients, en leur proposant de nouveaux usages à des prix concurrentiels. Bref, à défaut de prendre le business de la banque, elles peuvent prendre une partie plus ou moins juteuse de ce business bancaire.

C’est le cas du Compte-Nickel, un compte bancaire sans banque. Ouvert en France auprès de tous les buralistes, il était destiné au départ aux exclus bancaires, mais il a réussi à séduire une clientèle plus large. Au point que BNP Paribas vient de le racheter pour une somme inconnue, mais que certains estiment à 200 millions d’euros. Ce rachat démontre que des mastodontes comme BNP Paribas n’hésitent pas à acheter les compétences et les marchés qu’ils ne possèdent pas.

Au passage, félicitons les deux fondateurs de Compte-Nickel : Ryad Boulanouar et Hugues Le Bret: les voilà aujourd’hui tous les deux multimillionnaires. L’un fils d’immigrés algériens et l’autre Français de souche, mais qui a su rebondir après les déboires de l’affaire Kerviel dont il avait dû s’occuper lorsqu’il dirigeait la com’ de la Société Générale. Voilà une belle leçon de résilience et un démenti au défaitisme ambiant !

AMID FALJAOUI

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