Revirement radical

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En l’espace d’une année à peine, la situation des acteurs miniers diversifiés s’est complètement retournée : l’atterrissage difficile que l’on craignait de l’économie chinoise n’a finalement pas eu lieu. Au lieu de cela, les mesures d’encouragement publiques ont soutenu sensiblement les prix de l’acier, du charbon et du minerai de fer. Ce dernier représente encore environ 60 % du bénéfice opérationnel de Rio Tinto. Au plancher fin 2015, la tonne de minerai de fer coûtait moins de 40 dollars. L’an dernier, le prix s’est accru de plus de 80 % et au début de cette année également, la hausse de prix s’est poursuivie. Dans la mesure où Rio Tinto en produit annuellement plus de 320 millions de tonnes, l’effet de cette hausse de prix sur les cash-flows est énorme. Autre bonne surprise : une tonne de cuivre coûte actuellement 1400 dollars de plus qu’il y a un an. Les chiffres annuels de l’entreprise se sont donc révélés supérieurs aux prévisions.

Le bénéfice sous-jacent a progressé sur une base annuelle de 560 millions de dollars ou 12 %, à 5,1 milliards de dollars (consensus : 4,75 milliards). Le cash-flow opérationnel (EBITDA) s’est accru de 7 %, à 13,5 milliards de dollars. C’est le minerai de fer qui y a contribué le plus, avec une hausse de 11 %, tandis que la division Énergie a même, grâce à l’augmentation du prix du charbon, affiché une hausse de l’EBITDA de 46 %. L’aluminium est resté quelque peu en retrait, tandis que la hausse des prix du cuivre et du diamant en automne est intervenue trop tard pour compenser le repli sur l’ensemble de l’année. Il n’existe pas de consensus quant aux perspectives du minerai de fer (et du cuivre). En janvier, la Chine a importé à nouveau 92 millions de tonnes de minerai de fer. C’est près de 12 % de plus que le même mois un an plus tôt. À court terme, le potentiel de hausse ultérieure du prix semble limité. Une consolidation, voire une légère baisse de prix constitue le scénario le plus probable pour les prochains mois.

Rio Tinto utilise ses cash-flows tant pour alléger encore sa dette que gâter ses actionnaires. Sa dette nette a reculé de 13,8 à 9,6 milliards de dollars. Avec un taux d’endettement de 17 %, l’entreprise dispose de l’un des bilans les plus solides du secteur. L’an dernier, elle a également vendu pour 1,3 milliard de dollars d’actifs. Rio Tinto a toujours l’intention de se concentrer sur les activités centrales produisant les revenus les plus juteux. Elle pourrait donc céder sa participation dans le projet de minerai de fer Simandou, par exemple. Les investissements se concentreront dans les prochains mois sur les projets Oyu Tolgoi (cuivre et or), Silvergrass (minerai de fer) et Amrun (bauxite). À 1,7 dollar, le dividende est lui aussi nettement supérieur aux attentes. Au total, Rio Tinto versera 3,1 milliards de dollars de dividendes. En bonus, cette année, un rachat d’actions propres aura lieu, à concurrence de 500 millions de dollars.

Conclusion

La progression nettement plus marquée que prévu du prix du minerai de fer se traduit directement par une hausse des cash-flows. La dette a de cette façon pu être encore allégée, ce qui a procuré au groupe une latitude suffisante pour relever son dividende et racheter des actions propres. De plus, Rio Tinto affiche une décote par rapport à ses pairs.

Conseil : digne d’achat

Risque : moyen

Rating : 1B

Paru sur initiedelabourse.be le 8 mars

L’AN DERNIER, RIO TINTO A ÉTÉ AVANTAGÉE PAR UNE SÉRIE DE FACTEURS FAVORABLES.

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