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Transparence: “Le gouvernement wallon veut laver plus blanc que blanc”

Le gouvernement wallon appuie sur l’accélérateur en matière de transparence. Il vient de mettre en ligne un cadastre des subsides versés aux communes, musées, associations et autres acteurs de la vie locale.

Tout citoyen peut ainsi voir quel ministre octroie, ou n’octroie pas, de subvention à quelle association, lequel se montre particulièrement généreux envers sa circonscription. Le cadastre s’étend jusque dans les ” fonds de tiroir “, détaillant les aides de 1.000 ou 2.000 euros. Une fameuse évolution.

Dans le même esprit, le parlement wallon a adopté le décret qui balise la gouvernance au sein des intercommunales. Il prévoit, lui aussi, un cadastre. A savoir celui des mandats derrière lequel les précédents gouvernements couraient en vain. On devrait enfin savoir qui siège où et pour quelle rémunération, jusque dans les filiales d’intercommunales. Toutes seront concernées par le plafonnement des rémunérations à 245.000 euros annuels. Toutes ? Non : une exception s’est glissée en faveur des… médecins qui exercent dans une intercommunale hospitalière. Une dérogation est ici indispensable, nous dit-on, pour continuer à attirer des praticiens et maintenir la qualité des soins.

Le même exercice a été accompli à propos des outils économiques régionaux. Fini les exceptions au plafond de rémunérations pour les dirigeants de la SRIW et de la Sogepa. Ils devront accepter un coup de rabot sur leurs salaires, sous peine d’être purement et simplement ” licenciés “, a déclaré le ministre-président Willy Borsus (MR). Cela, évidemment, avec les indemnités légales et sous réserve de contestation devant les tribunaux par les intéressés.

Des experts accepteront-ils encore des mandats d’administrateurs publics s’ils doivent transmettre le détail de leurs mandats, y compris dans le privé, aux instances de contrôle du Parlement wallon ?

Le décret wallon va un cran plus loin en élargissant le dispositif à tous les gestionnaires et administrateurs publics, au sein de toutes les entreprises dans lesquelles la Région wallonne détient une participation qualifiée, c’est-à-dire une participation lui ouvrant le droit de désigner un ou plusieurs administrateurs. N’est-ce pas là un cran trop loin ? N’est-ce pas là appuyer un peu trop fort sur l’accélérateur de la bonne gouvernance ?

Plusieurs centaines d’entreprises wallonnes ont ouvert leur capital à la SRIW ou à un invest. Leurs dirigeants devront donc limiter leur rémunération à 245.000 euros. Pas sûr que tout le monde s’y plie de gaieté de coeur. Mais le plus problématique est ailleurs : les administrateurs publics sont désormais soumis aux nouvelles règles de transparence. On entend par administrateur public, toute personne désignée dans un CA par le gouvernement wallon. Or, et c’est une bonne chose, les autorités désignent régulièrement des experts externes ou des grands patrons pour muscler les compétences dans les conseils des invests et des entreprises dans lesquelles elles détiennent une participation. Ces personnes acceptent de se mouiller par souci sociétal (contribuer à l’essor de la Wallonie) bien plus que par attrait financier, ces fonctions étant généralement assez loin des standards du privé. Accepteront-elles encore de telles missions si elles doivent alors transmettre le détail de leurs mandats, y compris dans le privé, aux instances de contrôle du Parlement wallon ? La réponse risque d’être souvent négative, redoute-t-on dans les outils économiques régionaux. Conséquence : on retrouverait essentiellement dans ces CA des personnes déjà soumises à ces règles de transparence, à savoir des membres de cabinet ministériel ou des attachés parlementaires. La transparence, louable en soi, mènerait ainsi à une politisation accrue, ce qui est quasiment l’inverse du but recherché.

Le décret prévoit heureusement des exceptions pour les start-up, les sociétés en croissance ou en restructuration. Toutes les entreprises peuvent en outre introduire une demande de dérogation au gouvernement, lequel trancherait alors souverainement. Le fait du prince, est-ce vraiment une avancée en matière de gouvernance ?

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