Patria

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Le 20 octobre 2011, l’organisation armée et indépendantiste ETA annonce ” la fin définitive de son action armée “. A défaut d’indépendance, les Basques ont pu aspirer à un avenir serein. Mais si le feu des bombes s’éteint, celui de la rancoeur reste ardent. Malgré les années, Bittori pleure en silence la mort brutale de son mari, el Txato, victime d’un attentat ciblé des indépendantistes armés. La douleur est d’autant plus forte quand elle est causée par des proches. Comment Miren et sa famille ont-elles pu la trahir de la sorte ? Dans les allées du cimetière, la vieille semble bien seule à ruminer, son fils et sa fille ayant tourné la page. La femme de celui qu’on a exécuté décide de retourner au village. Son village. Reconnue et nommée à voix basse, elle brave l’orgueil des uns et cherche à retrouver l’honneur.Retentissant en Espagne, le succès de Patria s’explique par sa façon délicate de travailler une mémoire collective encore brûlante de terreur. L’armistice apaise difficilement les âmes. Les chapitres sont courts mais les souvenirs ont la dent longue, surtout quand la guerre fut fratricide. Le récit prend son temps, la vengeance se mange froide. Qualifié de ” roman national du pays basque “, le livre n’en a peut-être pas la grandiloquence romantique. Fernando Aramburu reste à hauteur d’hommes et de femmes meurtris et survivants. Leur fureur les suivra peut-être jusqu’à la tombe. Les nouvelles générations panseront les plaies.

Fernando Aramburu, ” Patria “, éditions Actes Sud, 624 pages, 25 euros.

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