Les actionnaires font pression

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Après avoir gagné 76 % l’an dernier, l’action de BHP Billiton, le premier groupe minier au monde, connaît un cru 2017 moins brillant. En cause avant tout : la forte correction du minerai de fer, passé d’un sommet à 95 dollars la tonne en février, à moins de 60 dollars. Pour des raisons de surcapacité, les stocks ont atteint leur plus haut niveau depuis 2004 en Chine, le plus grand consommateur mondial. Depuis la scission de South32 en 2015, BHP Billiton se concentre sur l’acier (minerai de fer et charbon), le cuivre et l’énergie (pétrole et gaz). De juillet à décembre 2016, la première moitié de l’exercice 2016-2017 (clos le 30/06), le minerai de fer a pris à son compte 42 % des bénéfices opérationnels sous-jacents, l’énergie 20 %, et le charbon et le cuivre 18 % chacun.

BHP est confrontée à la fronde de deux actionnaires activistes, l’Elliott Management Corp. du milliardaire Paul Singer et le fonds spéculatif Tribeca Global Natural Resources. Tous deux exigent un audit indépendant de la branche énergétique et en demandent la scission, partielle ou non. Ils espéraient un remaniement du conseil d’administration pour faire aboutir leurs revendications, et les dirigeants de BHP ont en partie répondu à leurs attentes en nommant Ken MacKenzie à la présidence du conseil. Il a entamé les pourparlers avec les différents actionnaires. Concrètement, ce sont surtout les activités liées au pétrole et au gaz de schiste qui sont critiquées. En 2011, BHP avait acheté Chesapeake Energy et Petrohawk Energy pour près de 20 milliards de dollars. Mais le moment fut mal choisi, et a posteriori, il faut constater que le groupe a payé beaucoup trop cher pour ces actifs. Elliott et Tribeca remettent en cause les actifs dans le pétrole et le gaz de schiste sur la terre ferme, bien que la situation se soit nettement améliorée depuis la baisse des coûts de production aux trimestres écoulés. Les actifs gaziers et pétroliers offshore dans le Golfe du Mexique apportent eux des cash-flows élevés. Une vente (partielle) des activités dans le gaz et le pétrole de schiste n’est certainement pas à exclure. Des discussions sont déjà en cours entre BHP et plusieurs parties intéressées par ses actifs en Arkansas et au Texas. Une vente des actifs liés au schiste pourrait rapporter 9 à 10 milliards de dollars. Elliott et Tribeca veulent qu’une partie de ce montant reflue vers les actionnaires. Mais sans pétrole et gaz, il ne resterait au groupe que l’acier et le cuivre, une diversification que la direction de BHP estime trop faible. Les actionnaires cherchent du rendement immédiat alors que la tâche du conseil d’administration consiste à développer une stratégie à long terme, a-t-elle précisé.

La direction a aussi annoncé que Billiton disparaîtra du nom de l’entreprise, dont il ne restera que BHP (pour Broken Hill Properties, le nom initial du groupe).

Conclusion

La baisse du cours du minerai de fer n’est bien entendu pas une bonne nouvelle pour l’évolution du bénéfice de BHP mais elle est en partie compensée par les autres actifs. De plus, l’action avait déjà anticipé une baisse des prix des matières premières. La situation fondamentale est actuellement troublée par les actionnaires activistes. Une vente complète de la division énergétique serait selon nous une mauvaise idée.

Conseil : digne d’achat

Risque : moyen

Rating : 1B

Paru sur initiedelabourse.be le 11 juillet

BHP n’entend pas se défaire de tous ses actifs liés au gaz et au pétrole.

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