L’offensive à un milliard d’euros de Netflix sur les contenus européens

Les droits de diffusion de "La Trêve", série produite par la RTBF, ont été rachetés par Netflix. © PG

Pour séduire de nouveaux clients, Netflix déploie une redoutable stratégie multi-locale.

Le numéro un mondial du streaming vidéo investit en Europe. Cette année, Netflix déboursera un milliard de dollars pour produire des films, des séries et des documentaires sur le continent européen. C’est une fameuse accélération : la plateforme américaine avait précédemment dépensé deux milliards de dollars… sur cinq ans.

Parmi ces investissements, on retrouve la prolongation de séries à succès comme La Casa de Papel (Espagne) et Dark (Allemagne). De nouvelles productions britanniques, allemandes, italiennes, néerlandaises, françaises sont également au programme. Au total, plus de 100 projets européens seront proposés cette année par Netflix. C’est deux fois plus qu’en 2017.

Critiquée à son arrivée en Belgique pour la faiblesse de son catalogue et pour son contenu très américano-centré, la plateforme, qui compte désormais 125 millions d’abonnés, a réagi et réorienté sa stratégie. D’une part, les films et séries de ” fond de catalogue “, déjà diffusés en salles ou à la télévision, ont été supplantés par les productions propres, disponibles en exclusivité sur Netflix. En 2018, le géant du Net compte investir 8 milliards de dollars dans ces projets. L’objectif étant que son catalogue soit composé à plus de 50 % de contenu maison.

D’autre part, la firme américaine a décidé d’investir massivement dans des productions locales afin de séduire un public avide de contenu de proximité… et qui est aujourd’hui majoritairement (à 55 %) situé en dehors des Etats-Unis. Ces investissements se manifestent soit par des créations originales (Netflix emploie 700 personnes dans le monde rien que pour cette activité de ” studio “) soit par l’achat de droits de diffusion, comme pour la série La Trêve, produite par la RTBF.

Cette stratégie multi-locale porte visiblement ses fruits. Non seulement les productions locales fonctionnent très bien dans leur pays d’origine. Mais celles-ci connaissent aussi un beau succès dans d’autres contrées. La série allemande Dark, par exemple, est regardée à plus de 90 % hors Allemagne.

Cette volonté d’investir dans les contenus locaux séduit même les plus hautes instances européennes : ” Netflix contribue à créer un espace de contenus paneuropéen en investissant dans le multilinguisme et en amenant des histoires européennes des producteurs locaux vers des audiences globales “, s’est réjoui sur Twitter Andrus Ansip, commissaire européen à l’Agenda digital.

D’autres se montrent plus sceptiques, comme Jean-Paul Philippot, le patron de la RTBF, qui dirige également l’Union européenne de radio-télévision (UER), rassemblant les médias de service public. Dans La Libre, il glisse que les membres de l’UER investissent 15 milliards d’euros dans des contenus audiovisuels originaux, quand Netflix promet à peine un milliard de dollars d’investissements. Le patron de la RTBF plaide pour l’émergence d’une forme de ” Netflix à l’européenne ” qui permettrait de proposer ces contenus inédits à une audience européenne.

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